Premier épisode de la série de Konami sur support CD, Castlevania : Rondo of Blood reste pour de nombreux fans un épisode mythique. Sorti exclusivement au Japon en 1993 sur PC Engine, il a longtemps été inaccessible pour la plupart des joueurs, du moins avant que Konami ait la bonne idée d'en faire un (excellent) remake sur PSP en 2006. Voyons donc ce qui rend cet épisode si particulier.
L'action se déroule en 1792, et vous incarnez Richter Belmont, l'un des descendants du fameux Clan Belmont dont la seule et unique destinée n'est autre que de combattre le comte Dracula, lequel prend un malin plaisir à renaître régulièrement de ses cendres pour semer la pagaille. Cette fois, la cinématique du début du jeu (et oui, support CD oblige, le joueur a droit à une superbe cinématique, très typée manga, en guise d'introduction) nous apprend que c'est grâce au sacrifice d'une jeune fille que le comte est parvenu à ressusciter. Pour asseoir son emprise sur l'humanité, l'une de ses premières actions est de kidnapper la compagne de Richter, Annette, ainsi que la sœur de celle-ci, la bien nommée Maria. Autant de bonnes raisons qui vont inciter Richter à reprendre le fouet familial pour aller délivrer ses proches et renvoyer Dracula dans son cercueil.
A première vue, le jeu se déroule dans la plus pure tradition des premiers Castlevania. Equipé de votre fouet, vous devez traverser des niveaux d'action/plates-formes truffés de pièges et d'ennemis en tout genre. Pour vous aider, vous disposez, en plus de votre fouet, de tout un panel d'armes secondaires (eau bénite, croix, couteau…) qui vous pouvez utiliser soit normalement, soit avec une attaque spéciale très efficace, mais très gourmande en cœurs. L'une des premières nouveautés est la présence d'une carte du monde, qui vous permettra, grâce à un système de sauvegarde, de revenir en arrière lorsque vous aurez suffisamment avancé dans le jeu. Les mondes traversés par Richter sont dans le plus pur style Castlevania : châteaux, chapelles, forêts, cavernes, sans oublier la fameuse horloge, tous les stages respectent à la lettre l'univers si délicieusement gothique de la série.
L'une des autres nouveautés de cet épisode est de proposer des itinéraires bis. En effet, dans chacun des niveaux se cachent des passages secrets qui donnent accès à des zones inédites, disposant de boss, inédits eux aussi. Cela rajoute un aspect recherche extrêmement bienvenu, d'autant que certains de ces passages sont assez difficiles à trouver. Enfin la dernière nouveauté majeure est de proposer non pas un, mais deux personnages jouables car, une fois que vous l'aurez trouvée et délivrée, Maria se joindra à la quête de Richter et pourra être sélectionnée dans le menu de la carte du monde. C'est une première dans la série (Konami retentera l'expérience un an plus tard avec l'épisode "The New Generation" sur Megadrive, comportant lui aussi deux héros jouables) et cela rallonge franchement la durée de vie car Maria ne se dirige pas du tout comme Richter. Elle utilise pour se battre des animaux (son coup de base est le lancer d'oiseaux) et en devient presque plus maniable que Richter car elle a la possibilité de toucher les ennemis en avançant. Certains passages s'en trouvent donc un peu facilités, même si Richter et son fouet restent plus puissants. Dès lors, à vous de voir quel personnage est le plus adéquat pour chaque niveau. La maniabilité des personnages n'est cependant pas d'une grande souplesse, et elle se situe dans la droite lignée des épisodes NES. Les non initiés à la série pesteront sans doute contre ces héros raides, aux sauts si peu maniables, mais les habitués retrouveront quant à eux rapidement leurs marques.
Techniquement, le jeu s'en tire avec les honneurs. Les décors sont assez fouillés dans l'ensemble, et, même si certains niveaux pâtissent d'arrière-plans assez vides, le tout est extrêmement varié. Rien à dire sur le design et l'animation des personnages et du bestiaire, tout est parfaitement fluide. Mention spéciale à certains boss (la Mort et Shaft notamment) qui sont très impressionnants. Du côté de l'environnement sonore, le format CD est très bien exploité et les musiques sont franchement superbes. Magnifiquement orchestrés, certains thèmes phares de la série sont repris et arrangés d'une manière plus dynamique. Vraiment du très grand art !
Enfin, en ce qui concerne la durée de vie, on est, pour toutes les raisons évoquées plus haut, face à un des épisodes les plus exhaustifs de la saga : deux héros jouables, des embranchements différents selon les niveaux, une difficulté assez élevée. Bref, il y a de quoi s'en donner à cœur joie. Ajoutez à cela la possibilité de revenir dans les niveaux pour gagner de l'argent et ainsi débloquer dans la boutique les techniques pour battre les boss, et vous comprendrez qu'il faut du temps avant de finir le jeu à 100%. En définitive, on voit donc que ce Rondo of Blood ne manque pas d'atouts et on comprend facilement son statut d'épisode culte. Original mais respectant quand même l'univers gothique de la saga, cet opus est un incontournable pour tous les fans de la série Castlevania.
- Graphismes15/20
Une réalisation très convaincante, surtout compte tenu du nombre de niveaux et de leur variété. L'aspect gothique des décors fait merveille, et seuls certains arrière-plans, un peu vides, viennent ternir le tableau. Rien à dire en revanche du côté de l'animation, tout est impeccable. Notons aussi la superbe cinématique d'introduction, ce qui n'était pas courant à l'époque.
- Jouabilité14/20
La jouabilité reprend celle des premiers épisodes et les habitués de la série n'auront pas de surprises. Les héros sont donc assez raides, et l'inertie lors des sauts peut parfois poser des problèmes. On a dans l'ensemble affaire à une maniabilité bien moins souple que celle des opus Megadrive et Super Nintendo.
- Durée de vie17/20
Deux personnages jouables, plus d'une quinzaine de niveaux, des boss particulièrement vicieux et une difficulté certaine : vous n'êtes pas près d'atteindre les 100 %. A noter pour la première fois l'apparition d'un système de sauvegarde, très pratique.
- Bande son18/20
Le support CD est magnifiquement exploité, et les remix de thèmes très connus de la saga (Bloody Tears, Vampire Killer) font merveille. La plupart des thèmes originaux sont également très réussis et collent parfaitement au style Castlevania. Mention spéciale aux bruitages, tout simplement excellents, et aux voix en allemand, qui mettent bien dans l'ambiance.
- Scénario16/20
Vous incarnez une fois de plus un membre du Clan Belmont chargé d'affronter le comte Dracula avec l'aide du Vampire Killer, le fameux fouet légendaire. A noter l'importance de cet opus dans la genèse de la série, puisqu'il s'agit de l'épisode situé juste avant le mythique Symphony of the Night, ce dernier ayant même pour première séquence la bataille finale entre Richter et Dracula.
Castlevania : Rondo Of Blood est définitivement un des meilleurs opus de la série. Complet, difficile, doté d'une excellente bande-son, il bénéficie en plus d'une excellente réalisation et apporte des innovations franchement bienvenues, tout en respectant à la lettre les codes qui ont fait l'originalité de la série. Une franche réussite donc, pour ce qui constitue l'un des meilleurs jeux d'action sur PC Engine.