Après deux premiers épisodes innovants et des plus prometteurs, la série des Final Fantasy s'enorgueillit d'un troisième opus en 1990. Malgré les limites techniques imposées par la NES, Square parvient tout de même à apporter son petit lot de nouveautés, avec en tête de liste le fameux système d'invocation désormais inhérent à la série. Petit à petit, l'oiseau fait son nid…
Selon les Gulgans, un peuple aveugle de naissance mais qui possède la faculté de voir le futur, le monde serait prochainement en proie à un déséquilibre entre le pouvoir des ténèbres et celui de la lumière, ce dernier étant caractérisé par quatre cristaux. La destruction du monde est donc proche, et le tremblement de terre qui est survenu récemment en est le précurseur. Les cristaux ont pour ainsi dire disparu, et la brèche créée par le séisme a libéré les monstres sur la surface de la terre. Mais un espoir subsiste, car la venue de quatre âmes au cœur pur serait à même d'éradiquer la source de ce mal. Vous incarnez ainsi ces quatre héros, et vous allez bien entendu devoir sauver le monde du chaos qui se prépare. Un scénario donc très classique et qui, d'ailleurs, semble bien familier pour les habitués de la série.
Pour Final Fantasy III, c'est en effet un retour aux sources qui s'opère. Malgré un précédent épisode marqué par différentes idées toutes aussi innovantes qu'originales, ce troisième volet repart pour ainsi dire de zéro. Tout du moins, il recommence à partir des bases du premier volet et revoit en profondeur ses principaux éléments. Le système de jobs fait donc son grand retour, avec un nombre conséquent de nouvelles classes à tester tout au long du jeu. Il en va de même au niveau de l'histoire puisque, comme vous pouvez le voir, elle sera encore une fois axée sur les cristaux et les chevaliers de la lumière. Mais Squaresoft n'est pas du genre à se contenter de l'évolution de quelques idées reprises ça et là. A l'image des joueurs, il lui faut de la nouveauté et du concret.
Avant de nous attarder plus longuement sur ces nouveautés, penchons-nous tout d'abord sur la grande diversité de classes présentes dans ce volet. Dans le premier opus, le joueur avait 6 jobs à sa disposition pour chaque membre de son équipe. Une fois attribué, le choix d'un job était par la suite irrévocable. A terme, ces classes évoluaient après une rencontre auprès de Bahamut. Ici, ce ne sont pas moins de 23 classes qui sont à votre disposition, et que vous pouvez de plus changer à n'importe quel moment de l'aventure. Certaines permettent en outre d'utiliser des capacités qui leur sont propres, à l'instar des sauts du Dragon ou bien du crochetage du Voleur. Bien entendu, la majorité de ces classes se débloque au fur et à mesure de votre avancée, et chaque changement en cours de jeu coûte un certain nombre de points de capacité. Ces derniers se gagnent en fin de chaque combat, au même titre que l'expérience et l'argent. Un système plutôt bien pensé donc, mais qui manque néanmoins d'équilibre. En effet beaucoup de ces classes sont plutôt faibles face à d'autres qui offrent à peu près les mêmes possibilités de gameplay, ce qui poussera au final le joueur à délaisser très rapidement certains jobs.
Ce lot de classes amène en parallèle une nouvelle panoplie d'armes en plus de celles de base, à l'effigie des livres ou bien de la harpe par exemple. Le tout s'achète comme toujours dans les magasins, tout comme les fameuses magies blanches et noires. D'ailleurs de leur côté, ces dernières reprennent elles aussi le modèle du premier Final Fantasy, avec notamment la possibilité d'apprendre 3 sorts pour chacun des 8 niveaux de magies disponibles. Vous n'aurez donc plus à vous soucier de faire évoluer une magie comme dans le précédent volet, puisque leur niveau est de nouveau fixe. Il en va de même pour les MP, qui disparaissent momentanément de la série pour revenir à un système plus sommaire, où chaque sort lancé diminue une réserve correspondant à son niveau. Notez qu'il est désormais possible d'échanger les magies entre les personnages.
Mais ce qui fait réellement le charme de ce troisième opus, et qui le place à part malgré cette impression de déjà vu, est l'apparition du système d'invocation. Vous avez toujours rêvez de combattre aux côtés de Bahamut ou de Leviathan ? C'est désormais possible ! Le système en est encore à ses débuts, mais peut néanmoins se targuer d'apporter un peu de fraîcheur au gameplay. Et accessoirement, d'aboutir enfin sur quelques quêtes annexes. Le système d'invocations reste tout de même assez similaire aux magies puisque vous achetez vos invocations auprès de marchands, mis à part pour les plus puissantes que vous devrez affronter au préalable. Dans la même veine, vos invocations sont répertoriées en 8 niveaux et diminuent aussi vos réserves magiques à chaque utilisation. Cependant, seules deux classes peuvent y faire appel, à savoir le Conjureur et l'Invoqueur. La principale différence entre les deux réside dans l'attaque que lancera la créature invoquée. Deux attaques sont ainsi réservées au Conjureur et une troisième à l'Invoqueur.
Un système donc plutôt élaboré et surtout majeur pour la série. Au-delà, on note d'autres petites nouveautés assez intéressantes, comme la présence d'alliés temporaires qui viennent vous épauler à divers moments de la progression. Outre leur intervention aléatoire en plein combat, ils possèdent également un rôle de choix à l'intérieur même du scénario. D'ailleurs, même si vos héros sont de nouveau sans personnalités propres, l'histoire n'en demeure pas vide pour autant. A l'inverse des deux premiers opus, Final Fantasy III peut se targuer de ne pas être cousu de fils blancs de bout en bout. Durant une grande partie du jeu, le joueur sera même laissé dans un certain flou et assistera à quelques rebondissements et explications assez inattendus. Ainsi, loin de se reposer sur ses acquis, ce troisième volet approfondit une nouvelle fois les bases de la série et nous propose un jeu riche en surprises. Surement le meilleur Final Fantasy de la NES.
- Graphismes17/20
Seul un œil attentif remarquera les minuscules changements visuels qui s'opèrent depuis le premier épisode de la série. Le titre exploite donc encore un peu plus les capacités de la NES, et devient plus coloré et agréable à parcourir. Pour preuve, l'interface de combat, où les modifications restent les plus importantes. Au-delà, certains boss et monstres sont de toute beauté.
- Jouabilité16/20
Les 23 classes présentes dans le jeu offrent plusieurs approches intéressantes au niveau du gameplay, même si dans le fond beaucoup restent bien trop faibles face à d'autres. Le même reproche peut aussi se faire dans l'autre sens, puisque quelques classes surpassent largement les autres en tout point. Pour le reste, les combats au tour par tour sont toujours d'actualité, on leur reprochera juste de manquer d'une pointe de dynamisme.
- Durée de vie16/20
La difficulté reste toujours aussi présente, et a de quoi rendre complètement fou par moment. Le tout résidera dans la maîtrise de votre équipe et surtout des classes qui la composent, même si un facteur chance reste très important entre chaque rencontre. A côté, on nous octroie enfin la possibilité de remplir quelques quêtes annexes afin de récupérer de nouvelles invocations.
- Bande son17/20
Le compositeur Nobuo Uematsu ne cesse d'étonner, encore et toujours. Des thèmes prenants, immersifs, maîtrisés d'un bout à l'autre… que dire de plus ?
- Scénario15/20
Ce que l'on retient de ce scénario, ce sont ses nombreuses surprises et ses rebondissements que nous nous garderons bien de divulguer. Pour la première fois dans un Final Fantasy, l'aventure n'est pas connue d'avance. Le scénario possède de nombreuses zones obscures que le joueur sera amené à découvrir par la suite. Mais dans le fond, rien de vraiment transcendant. L'histoire demeure en fin de compte toujours aussi classique.
Ultime épisode à voir le jour sur la console 8bits de Nintendo, Final Fantasy III possède déjà tout d'un grand. En l'espace de seulement trois volets, Squaresoft est parvenu à poser la quasi-totalité des bases de sa mythique série. Cependant, le chemin reste encore long vers l'excellence, et l'avenir de la saga se tourne désormais vers la Super NES.