Chapeauté par le créateur de Sonic, Yuji Naka, le jeu qui nous intéresse se présente donc sous les meilleurs auspices en alliant un gameplay simple et efficace à une réalisation mignonne et attendrissante. On nous y raconte l'histoire très simple d'Ivy, un petit kiwi (le volatile, pas le fruit) à peine sorti de sa coquille, et pourtant déjà en proie au doute et au malheur. Dans un monde hostile et incapable de voler, il fera tout pour retrouver sa véritable mère, trottant avec un reste de coquille sur la tête en traversant des environnements aux teints sépia. Il faut dire que tout cela se déroule sous la forme d'un vieux livre d'illustrations aux pages vieillies et jaunies, donnant un aspect très particulier aux graphismes. Loin d'être impressionnants, l'atmosphère qui s'en dégage séduit pourtant immédiatement, et le charme opère donc sans problème. Les couleurs employées, douces et pastel, donnent une véritable unité visuelle à Ivy The Kiwi ?, même si on pourrait justement regretter que les décors ne soient pas plus variés. Pourtant, la version Wii nous offre des arrière-plans bien plus remarquables que sur DS, le terrain de jeu se démarquant également davantage, pour plus de visibilité. Mais de toute façon, autant le préciser d'emblée, dans Ivy the Kiwi ? vous aurez autre chose à faire que de bâiller aux corneilles en admirant le paysage !

Le jeu vous propose en effet un personnage principal bien singulier : ce petit kiwi est totalement inconscient, il avance rapidement dans les niveaux sans se soucier du danger, et surtout sans que vous puissiez le diriger. La seule et unique solution pour que celui-ci reste en vie jusqu'à la fin ? A l'aide de la Wiimote et en laissant le bouton A appuyé, il va falloir tracer des lignes de différentes longueurs, qui créeront immédiatement des lianes, ou plutôt de longues tiges de lierre, dans l'écran de jeu. Et comme Ivy trace sa route sans se soucier de quoi que ce soit, la réactivité sera bien évidemment de mise. Les lianes servent donc à pousser le kiwi, à le propulser vers le haut, à freiner sa progression pour le protéger du danger... trois lianes peuvent ainsi rester simultanément à l'écran, vous aidant à diriger malgré lui l'inconscient Ivy. Lorsqu'une quatrième liane est tracée, la première disparaît, et ainsi de suite. La maniabilité à la Wiimote requiert un temps d'adaptation assez conséquent, avant que le joueur soit totalement à l'aise avec cette façon de procéder, et la rapidité avec laquelle il faudra s'exécuter. Si les premiers niveaux ne comportent que peu de dangers et vous permettront parfois de vous reposer sur vos lauriers, cette sensation relative de sécurité s'estompe bien rapidement face à la difficulté croissante. Le kiwi se retrouvera bientôt confronté à des rats, des gouttes d'eau ou encore des oiseaux qu'il ne faudra pas ne serait-ce que frôler, sous peine de recommencer le niveau au début. Vous pourrez bien entendu les éviter en freinant Ivy, mais il sera également possible de le propulser en attrapant une liane déjà dessinée avec la Wiimote et le bouton B, et en s'en servant ensuite comme d'un lance-pierre. Ivy devient donc invincible pendant sa lancée, détruisant tout sur son passage, les ennemis comme les parois parfois friables des niveaux. De grosses boules en pierre peuvent également être récupérées dans les niveaux, puis dirigées et propulsées grâce aux lianes, se changeant alors en redoutables projectiles.

Ce système de jeu, reposant sur des mécanismes simples et intuitifs, fonctionne très bien, proposant un gameplay dynamique impliquant réellement un joueur pouvant uniquement compter sur son adresse pour traverser les niveaux. Malgré tout, quelques légers problèmes viennent ternir le tableau. On regrettera par exemple qu'une fonction permettant d'effacer toutes les lianes en une seule fois n'ait pas été implémentée, elle aurait permis de rendre le jeu un peu plus clair. Car en l'état, votre personnage se retrouvera souvent coincé dans un enchevêtrement de tiges que vous aurez vous-même créé en voulant le diriger. Vous devrez donc tracer trois autres lignes un peu n'importe où pour que la situation se débloque. D'autre part, malgré la difficulté croissante et très bien dosée, et l'apparition progressive des ennemis, on ne peut pas dire que le jeu se renouvelle réellement. Le tout, bien que très plaisant et peu lassant, conserve la même recette sans vraiment apporter de renouveau. Les cinquante niveaux composant l'aventure sont heureusement très courts, et doivent d'ailleurs être parcourus en temps limité, pour ajouter un peu de piquant. Mais rassurez-vous, rien d'impossible à effectuer. Chaque niveau dispose également de dix plumes rouges qu'il sera particulièrement intéressant de récolter, apportant un tout autre intérêt et une autre dimension aux environnements. Et, chose non négligeable, cela vous permettra également d'augmenter votre score.

Un classique mode Contre-la-Montre vous propose d'ailleurs de refaire chacun des niveaux en améliorant encore votre score et en ramassant toutes les plumes disponibles. Un mode bonus est également débloqué à la fin du jeu, amenant une variante assez intéressante. Dans cinquante autres niveaux ressemblant étrangement aux précédents, vous devrez cette fois-ci ramasser une clé pour débloquer la porte qui vous mènera vers la sortie. Cette addition au jeu aurait mérité de varier un peu plus de l'expérience initialement proposée, mais a au moins le mérite d'allonger une durée de vie un peu faible, surtout lorsque le principe du gameplay emporte autant l'adhésion, par sa simplicité et son efficacité. Il faut dire aussi que votre progression est facilitée par un nombre de vies assez important, et un game over qui n'en est pas vraiment un, puisque vous pourrez tout de même reprendre en début de niveau. Mais votre score lentement amélioré sera par contre remis à zéro... un mode multijoueur jouable jusqu'à quatre en écran splitté est également de la partie, transformant alors les niveaux en simples courses entre joueurs, ou en course aux médailles très dispensable. Au final, Ivy The Kiwi ? manque un peu d'envergure, avec ses environnements trop génériques et son histoire seulement prétexte à la course folle d'Ivy. Mais le soft offre pourtant une expérience rafraîchissante, se dotant d'une maniabilité simple, efficace et très plaisante, qui nous occupera agréablement le temps d'un court après-midi.