Il n'aura pas fallu attendre bien longtemps pour que Jigsaw revienne sur nos consoles, animé d'une nouvelle fibre moralisatrice et purgative. Ainsi, si la saga filmique est en passe de rendre (enfin) les armes, on se demande bien ce que va donner son homologue vidéoludique montrant déjà de gros signes de fatigue après le deuxième volet...
… Et encore, il convient d'être objectif. Ainsi, si le premier épisode pouvait se montrer intéressant dans sa première moitié, le tout s'effondrait tel un château de cartes par la suite, le jeu étant complètement indigeste à cause d'un manque total d'ambition dans les énigmes et dans son scénario foireux, fins comprises. Eh bien, figurez-vous que le deuxième suit exactement le même cheminement dans sa façon de penser et ce malgré les quelques améliorations apportées ici et là. Tout d'abord, si la manière de progresser est similaire, notons que vous débuterez en incarnant une victime de Jigsaw qui, après s'être mutilé pour se libérer de ses entraves, nous fera découvrir le gameplay durant quelques minutes. Une façon comme une autre de faire connaissance tout en offrant un peu plus de consistance au synopsis. En effet, avant d'embrayer avec le fils de l'inspecteur Tapp (héros malheureux du précédent opus et accessoirement du premier film), le pauvre bougre vous servant de marionnette pourra ou non s'en sortir en fonction de votre dextérité, ceci influençant quelque peu la fin du jeu. De même, il sera possible à certains endroits de sauver ou non des personnes retenues prisonnières, le tout étant bien entendu lié à des énigmes à résoudre en temps limité. Quoi qu'il en soit, le scénario est aussi intéressant et lourdingue que ceux des derniers épisodes de la saga cinématographique. En bref, Jigsaw nous assène de dialogues pompeux sur la moralité, notre façon de vivre et à mesure qu'on avance, on en viendrait presque à redouter chacune de ses apparitions tant le tout devient lassant à la longue. D'ailleurs, ce constat peut aussi s'appliquer à la jouabilité qui a tout de même subi quelques remaniements.
Déjà, oubliez le système de combat du premier SAW qui prêtait plus à sourire qu'autre chose. Les développeurs l'ont compris et ont du coup troqué les affrontements «en direct live» contre des rixes à base de QTE, ces dernières étant plus ou moins longues en fonction de l'arme possédée. Dans tous les cas, vous aurez simplement à appuyer sur la bonne touche au bon moment pour venir à bout de vos adversaires. A ce sujet, on signalera aussi un surplus de QTE totalement inutile. Vous devrez ainsi appuyer sur les gâchettes pour ramper, avancer sur des poutres (en plus de gérer l'équilibre avec le stick) ou éviter des pièges en ouvrant des portes à l'instar du précédent opus. Au rayon des énigmes, si certaines s'en sortent bien et nous invitent à réfléchir vite, d'autres en revanche sont simplement basées sur celles du premier, à l'image des circuits électriques à connecter ou des chariots à pousser, ceci dénotant clairement un manque d'originalité. Pire, on devra même se coltiner plusieurs séquences inutiles, nous renvoyant au Memory morbide de l'épisode antérieur, et nous demandant d'avancer en marchant sur des cases précises. Idéal pour perdre du temps.
On trouvera cependant quelques variantes, notamment dans le crochetage de porte ici synonyme de parcours du pêne en vue subjective, mais rien de bien fabuleux. On s'étonnera également que lors du premier niveau, on puisse user d'une lampe torche alors que durant la véritable première moitié de jeu on erre constamment dans des décors trop sombres. Loin de nous l'idée de regretter l'appareil photo ou le briquet du premier SAW mais pourquoi nous «apprendre» à utiliser un objet dès le départ si on le retrouve plusieurs heures après ?! Malgré cette question existentielle, on fera rapidement le tour du propriétaire d'autant que la difficulté est légèrement moins élevée que celle de l'opus original. Pour pallier à cet état de fait, on pourra néanmoins s'amuser à chercher des cassettes audio, des pièces de puzzle ou des marionnettes Billy. Enfin, si le coeur vous en dit, une fois bouclé l'aventure, il sera possible de reprendre les énigmes pour essayer de les résoudre le plus vite possible. Une pirouette dénuée d'intérêt ne servant qu'à donner bonne conscience aux développeurs compte tenu du fait que le prix de vente sera le premier piège à éviter. Par la suite, disons que si la progression sera proche d'une véritable torture, ce sentiment émanera davantage des mécanismes d'un gameplay daté que de ceux utilisés par Jigsaw. A vous de voir si le tout mérite que vous souffriez pour découvrir la vérité.
- Graphismes10/20
Reprenant le moteur du premier opus, SAW II nous plonge à nouveau dans un univers trop homogène. Troquant son asile contre un immeuble abandonné, le soft se montre tout aussi paresseux que le jeu original quand il s'agit de nous offrir un peu de diversité artistique.
- Jouabilité13/20
Les développeurs ont laissé tomber l'exécrable système de combat du premier contre des affrontements à base de QTE. D'ailleurs, lesdites QTE (à moins que ce ne soient des actions contextuelles) inondent le jeu et ce de façon un peu abusée. En outre, les pièges et autres puzzles rempilent mais on eut aimé un peu plus de variété, le tout ayant tendance à vite tourner en rond à l'image de ce que proposait le précédent volet.
- Durée de vie9/20
Malgré quelques énigmes intéressantes, SAW II se montre moins difficile que le premier segment. Vous devriez donc en faire le tour en 7 heures environ, à moins de bloquer sur un puzzle. Dans ce cas bon courage, chaque nouvel essai étant synonyme d'un temps de chargement diablement long. Pour rallonger la durée de vie, Zombie Studios a eu l'idée de rajouter des défis basés sur les énigmes mais autant dire que ce n'est pas vraiment très intéressant.
- Bande son14/20
Jigsaw remet le couvert et nous offre à nouveau son timbre inimitable, calme et posé à l'inverse de la perversité à l'origine des pièges tendus à ses victimes. Les autres acteurs ne s'en sortent pas trop mal tout comme les thèmes musicaux une fois de plus en provenance des films.
- Scénario8/20
Le scénario n'offre finalement pas grand intérêt par rapport à ceux des films tirant vers le bas depuis le troisième opus. Jigsaw nous refait son numéro de Robin des Bois hardcore, le fils de Tapp veut venger son papounet et la rédemption par la souffrance est encore une fois au centre du jeu. Par ailleurs, la mise en scène reste figée et offre peu de rebondissements à l'instar du précédent volet qui se concluait par deux fins plus dispensables l'une que l'autre...
Essayant tant bien que mal d'améliorer ce qu'il y avait à améliorer dans le premier épisode, SAW II : Flesh & Blood loupe le coche. Plombé par un surplus inutile de QTE, s'enfermant dans une ambiance claustrophobique synonyme de jeu tournant rapidement en boucle, ce deuxième opus à la gloire de Jigsaw ne décolle jamais vraiment. Au final, hormis quelques énigmes intéressantes et la violence intrinsèque à la série, difficile de dénicher d'autres aspects positifs noyés qu'ils sont sous une débauche de problèmes et autres erreurs maladroites dont le prix de vente prohibitif n'est pas le moindre.