Vous qui aimez jardiner un peu le week-end pour vous détendre, avez-vous déjà songé à vous occuper d'un jardin aquatique ? Voilà ce que vous propose en substance The UnderGarden, disponible en téléchargement sur PC, sur le Xbox Live Arcade et sur le PSN. Vous y incarnez un habitant des fonds marins déterminé à restaurer l'écosystème qui l'entoure. Ce jeu zen et vert mérite-t-il qu'on s'y plonge ?
Quand The UnderGarden a été annoncé il y a deux mois à peine, il a suscité à la rédaction un mélange d'intérêt et de méfiance. Bien que fascinés par l'ambiance que dégage ce titre atypique au design très kawai, certains craignaient qu'il n'ait été développé à la va vite pour surfer sur la vague des jeux indés zen et rafraîchissants. Ce n'est heureusement pas le cas : s'il s'inspire plus ou moins ouvertement de quelques titres existants (on pense à Flower, PixelJunk Eden, Aquaria, ou encore Blueberry Garden), The UnderGarden parvient à développer sa propre personnalité et à faire valoir des qualités spécifiques. Toutefois, autant vous prévenir d'emblée que ce jeu ne vous offrira ni gameplay sophistiqué, ni challenge digne de ce nom, car il a été conçu dans une tout autre optique : celle de procurer au plus grand nombre (le public visé va de 7 à 77 ans) une expérience visuelle et auditive envoûtante et relaxante. Songez-y au moment d'investir les 10 euros (ou les 800 MS points) auxquels il est proposé.
The UnderGarden vous plonge dans un écosystème aquatique peuplé de petits habitants au design trognon, qui évoquent davantage des Télétubbies que des créatures sous-marines. L'un d'eux s'est fixé un objectif des plus louables : pendant que la plupart de ses congénères passent leur temps à jouer de la musique, lui s'attache à restaurer la flore locale, qu'un mal étrange (la pollution ?) semble avoir réduite à sa plus simple expression. Ce jardinier aquatique est le personnage que vous incarnez tout au long des 15 niveaux du jeu, qui vous invitent à explorer les profondeurs marines pour récolter du pollen. Dès que vous avez trouvé un sac à pollen, touchez-le pour vous charger de sa précieuse substance. Il vous suffit ensuite de virevolter près des zones dédiées (matérialisées par des petits points lumineux) pour les polliniser et faire pousser la flore. Voilà qui donne lieu à de magnifiques animations – qui s'appuient sur des effets de lumières colorées très réussis – au cours desquelles les plantes aquatiques saluent votre passage en déployant leurs feuilles et en ouvrant leur corolle. Vous avez ainsi le pouvoir de conférer une véritable splendeur aux cavernes les plus sombres.
Bien entendu, ce concept central relativement basique est amené à s'étoffer, puisque vous êtes assez vite confronté à de petites énigmes, simples mais efficaces. Le plus souvent, elles prennent la forme de mécanismes à activer au moyen de divers fruits, qui peuvent être récoltés sur les arbres que vous avez fait pousser. Votre créature est en effet capable de générer autour d'elle une bulle d'attraction qui vous permet de ramasser les objets environnants. Vous pouvez en porter plusieurs à la fois, sachant que plus vous êtes chargé, plus votre capacité de mouvement s'en trouve réduite ; une fonction de boost vous octroie heureusement la possibilité de lâcher quelques accélérations bien utiles. D'autres obstacles sont susceptibles d'entraver votre progression : les courants marins orientent vos déplacements, les passages obstrués doivent être dégagés avec des fleurs explosives et les zones d'obscurité éclairées avec des fleurs lumineuses, le tout en essayant d'échapper aux organismes unicellulaires qui tentent de voler votre pollen. Bref, si le jeu se montre parfois un peu répétitif, il faut reconnaître que le gameplay évolue par petites touches, lentement mais sûrement.
De toute façon, on se rend vite compte que The UnderGarden vaut moins pour son gameplay que pour l'expérience sensorielle qu'il procure. La musique revêt à ce titre une importance particulière. Chaque niveau contient un certain nombre de musiciens (des créatures de la même espèce que votre jardinier) que vous pouvez ramasser de la même manière que les fleurs. Comme ils jouent en permanence, ils vous permettent de distraire les bactéries et de faire réagir plus vivement les plantes que vous faites pousser (vous bénéficiez concrètement d'un multiplicateur de score). Mais si leur compagnie est aussi appréciable, c'est qu'ils jouent de façon synchronisée avec le thème musical du niveau en cours : chaque musicien récupéré rajoute une couche instrumentale supplémentaire (flûte, basse, batterie, etc.), vous donnant ainsi la possibilité d'interagir avec la bande-son du jeu. The UnderGarden n'est pas le premier titre à proposer ce genre de fonctionnalité, mais il faut bien avouer que l'effet est toujours aussi bluffant. D'autant que si la musique n'est pas aussi sublime que celle d'un Aquaria, elle se révèle hypnotisante, relaxante et donc parfaitement adaptée.
Au-delà de ça, on sent que les développeurs d'Artech Studios ont tout de même voulu faire de The UnderGarden un vrai jeu. Il y a d'abord cette dimension scoring qui vous vaudra peut-être de recommencer plusieurs fois un même niveau : bien que le challenge offert soit assez maigre, chaque niveau regorge de bonus à récupérer, sans parler du fleurissement à 100 % qui n'est pas toujours facile à obtenir. L'obtention d'un bon score vous permettra pourtant de débloquer des accessoires pour votre créature et de bien figurer dans le classement mondial. En outre, le titre mise sur son mode coop pour prolonger un plaisir somme toute assez éphémère (le mode solo ne propose guère plus de 5 heures de jeu) et pour vous donner l'occasion de partager votre expérience. Hélas, le jeu à deux se montre peu concluant, votre acolyte disparaissant dès qu'il s'éloigne trop pour réapparaître à vos côtés, dépossédé de ce qu'il trimballait. Autre défaut : les ralentissements constatés dans les plans d'ensemble ou quand il y a trop d'éléments animés à l'écran. Cela ne doit pas vous empêcher de goûter à ce titre envoûtant, que l'on vous conseille si vous cherchez quelque chose de profondément apaisant.
Les images qui illustrent ce test proviennent de l'éditeur.
- Graphismes15/20
Le rendu visuel très attrayant s'appuie sur de jolies lumières colorées et des animations très travaillées. La cohérence visuelle est remarquable, puisque les arrière-plans ne sont autres que les sections de niveaux que vous avez déjà traversées. Dommage que quelques ralentissements viennent parfois gâcher la fête.
- Jouabilité14/20
Le jeu a été conçu pour pouvoir être facilement pris en main. Cela ne vous empêchera pas de découvrir de petites subtilités tout au long de la progression, linéaire et ponctuée par des énigmes efficaces mais jamais très élaborées. En revanche, le mode coop, mal étudié, est une expérience bien peu concluante.
- Durée de vie12/20
Les quinze niveaux de The Undergarden se bouclent potentiellement en 4 à 5 heures, à moins que vous ne souhaitiez absolument débloquer l'ensemble des bonus et trôner au sommet du classement mondial, ou bien encore tenter l'expérience avec un ami (elle risque hélas de s'interrompre précocement).
- Bande son17/20
C'est l'indéniable gros point fort de The UnderGarden, qui propose des thèmes musicaux très adaptés, à la fois dynamiques et relaxants, que le joueur peut même faire évoluer en interagissant avec les personnages du jeu. Pour ne rien gâcher, les bruitages se montrent plutôt efficaces.
- Scénario/
The Undergarden est un jeu zen et envoûtant qui s'inspire de quelques titres existants (Flower, Aquaria, PixelJunk Eden, Blueberry Garden) tout en parvenant à faire valoir sa propre personnalité. Profondément apaisant, il vaut moins pour son gameplay, relativement peu sophistiqué, que pour l'expérience visuelle et sonore qu'il procure. Les joueurs en recherche de ce type de concept trouveront là une façon judicieuse de dépenser leurs 10 prochains euros.