Si la série des Sonic Riders a jusqu'alors été accueillie de façon frileuse par la presse, les fans pouvaient encore espérer que ce nouvel épisode, Sonic Free Riders, relève le niveau. Il faut dire que cet opus possède un argument de poids pour le différencier de ses prédécesseurs : la détection de mouvements par Kinect. Alors, prêt pour un ride de folie dans votre salon ?
Plus besoin de vous présenter Kinect, cette caméra qui détecte vos mouvements et remplace ainsi l'utilité d'une manette. Les possibilités offertes par un tel système sont nombreuses, et le line-up de sortie n'en est que le reflet puisqu'on a droit à de l'élevage de félins, du party-game ou encore du jeu de danse. Mais parmi tous ces titres se trouve aussi Sonic Free Riders, sujet de ce test, qui vous propose de prendre part à des courses futuristes sur des planches aéroportées, tout en envoyant diverses options dans les gencives de vos adversaires, juste parce que ça fait fun. Bien évidemment, comme le titre du jeu le laisse transparaître de façon assez pertinente, on y retrouve les personnages de l'univers Sonic comme Tails, Knuckles ou encore le Dr Eggman.
Sur le papier, le gameplay est simple comme bonjour. Pour avancer, il faut vous mettre en position, de profil à la caméra, comme si vous étiez sur un skateboard (ou un airboard si vous possédez une DeLorean). Lorsque vous voulez vous déplacer sur les côtés, il suffit de se pencher dans la direction adéquate. En vous positionnant vers l'avant, cela vous permet d'accélérer un petit peu, alors qu'effectuer une poussée avec votre pied arrière vous donne un boost plus conséquent qui utilise de l'énergie appelée Air, dont on reparlera plus tard. En tendant vos bras à gauche ou à droite, vous pouvez récupérer des rings sur les bords du tracé afin d'améliorer les capacités de votre board, appelée Extreme Gear. Bien sûr il est aussi possible de freiner (en se remettant face à la caméra) si vous sentez que l'accident est proche.
Mais l'une des principales choses à apprendre pour ne pas se faire distancer rapidement est le système de saut. Effectivement, les pistes bénéficient d'une multitude de tremplins qui vous permettent de vous envoler dans les airs pour réaliser quelques figures à faire pâlir Tony Hawk. Pour cela, il faudra d'abord charger son saut en arquant les jambes. Plus tôt vous le ferez, plus haut vous irez. Si le saut sur place rapporte quelques points, vous pouvez aussi sauter en tournoyant sur vous-même pour faire les meilleurs scores ! Oui, vous l'avez deviné, c'est physique, et il vous faudra un grand salon pour ne pas vous retrouver dans la bibliothèque. L'avantage, c'est que les sauts augmentent votre quantité d'Air, vous permettant d'effectuer plus de boost.
Présenté comme ça, ça a l'air drôle, mais dans la pratique, croyez-nous, c'est une belle galère. Première chose, les déplacements sur les côtés ou même les virages sont une vraie plaie à maîtriser. A vrai dire, vous aurez beaucoup de mal à attraper les rings ou autres bonus sur le chemin, car les mouvements latéraux de votre personnage sont bien trop lents et sujets à l'inertie. Vu la vitesse de défilement, on passe son temps à essayer de rectifier la trajectoire sans trop comprendre ce qu'il se passe. D'autant qu'il faut le dire, on n'a pas le temps de voir venir les virages, pas plus que les tremplins ou les obstacles, ce qui pour un jeu de courses est juste insupportable. Du coup, il vous faudra apprendre les tracés par coeur si vous ne voulez pas manger toutes les parois du circuit. Il faut avouer que niveau sensations, ça casse méchamment le rythme.
D'autant que si le tracé en lui-même pose déjà problème à cause de la maniabilité, tout se complique avec les différentes armes que l'on peut trouver sur le circuit. A l'instar d'un Mario Kart, on peut trouver de quoi écarter les adversaires de sa route comme par exemple une énorme boule de bowling ou encore un Octo-encre qui obstrue la vision des adversaires. Il y a aussi des objets comme le soda, qui vous procure un boost considérable. Le point sympa, c'est que chacun de ces bonus vous demandera un mouvement particulier pour être utilisé. Il vous faudra secouer la canette de soda comme un écervelé, ou encore, jeter la boule de bowling comme si vous en teniez une vraie dans la main. Malheureusement, encore une fois, tout se passe tellement vite à l'écran que vous n'aurez pas le temps de voir le résultat de vos actions, et ces actions ne font que s'ajouter au bordel ambiant, vous empêchant encore plus de manier correctement votre board.
Cette jouabilité catastrophique est d'autant plus dommageable que le jeu tendait à offrir différents modes de jeu pour sustenter l'utilisateur, même si c'est un joueur solitaire. Le mode Grand Prix, légèrement scénarisé, vous demandera de passer une succession d'épreuves de plus en plus difficiles, certaines accentuant plus votre but sur le ramassage de rings ou les figures aériennes que sur la course, même si cela ne change pas grand-chose concernant votre façon de jouer. Hormis cela, il est possible d'acheter des accessoires et de modifier votre planche pour améliorer vos caractéristiques techniques. Vous pouvez aussi modifier quelques pouvoirs spécifiques, accessibles selon votre position sur la planche, Regular ou Goofy. Si des amis vous rejoignent, vous pouvez toujours opter pour le mode multi local. Malheureusement, l'écran splitté diminue par deux votre champ de visibilité ce qui accentue la sensation, bien réelle, de ne rien voir venir. Le mode coopération demande une telle coordination que vous risquez de tuer votre coéquipier avant la ligne d'arrivée. Enfin, le titre peut aussi être joué en ligne jusqu'à huit.
Au final, Kinect ne sauvera pas la licence des Sonic Riders. Les parcours sont toujours aussi chaotiques à cause d'une maniabilité exécrable couplée à une grande vitesse. De plus, la détection de mouvements rajoute à l'ensemble un temps de latence très malvenu. Peu importe le contenu, comment peut-on éprouver du plaisir de jeu dans un titre au gameplay aussi pénible et navrant engendrant un telle diarrhée visuelle ? Le mystère reste entier, mais une chose est sûre : ce n'est pas ce Sonic Free Riders qui vous fera acheter Kinect.
- Graphismes13/20
Certes, le jeu est coloré et diablement photogénique à pleine vitesse. Malheureusement, trop d'éléments inutiles viennent pourrir la visibilité et au final cet excès d'effets nuit totalement au plaisir de jeu.
- Jouabilité6/20
La profusion d'effets visuels cumulée à la vitesse de défilement aura vite eu raison du gameplay. Chaque virage est une épreuve car votre avatar a un mal fou à changer de direction alors que dans le même temps, il faut batailler pour suivre une ligne parfaitement droite. Si on y rajoute la latence due à la détection de mouvements, vous imaginez un peu le délire... Accessoirement, vu la place qu'il faut pour jouer, il va falloir coller les meubles au mur... Mais bon, ça, c'est Kinect après tout...
- Durée de vie11/20
Bien que les modes de jeu soient nombreux, ils ne modifient pas vraiment ce que vous devez faire sur la piste. D'ailleurs, il est tout à fait possible de réussir le meilleur temps, de ramasser un max de rings et de faire les meilleures figures sur un même tracé en utilisant exactement la même trajectoire. C'est ce qu'on appelle de la fausse durée de vie. Derrière, il y a tout de même un mode multi local et un mode online, mais ça ne sauvera pas les meubles, tout comme les achats d'accessoires.
- Bande son10/20
Bien que les morceaux essayent d'être entraînants, ils sont surtout insipides et sans aucune qualité musicale. Sonic nous a habitués à une bande-son rock, mais dans le cas de Sonic Free Riders, pas un seul riff n'arrive à nous éveiller. Par contre, les doublages sont nombreux et de bonne qualité.
- Scénario/
Le mode Grand-Prix possède bien un semblant de scénario, mais bon...
Ne vous fiez pas aux bandes-annonces super cool de Sonic Free Riders. Si le titre est plutôt photogénique, vous déchanterez vite une fois dans l'action. A cause de son côté brouillon et de sa maniabilité à la limite de l'incontrôlable, l'idée d'exploser votre airboard imaginaire contre un mur deviendra vite une obsession. Kinect ou pas, ce titre rejoint ses prédécesseurs dans la médiocrité, au grand désarroi des fans du hérisson bleu.