Un clown pétomane armé d’une hache, une bimbo habillée en bunny équipée d’un pistolet électrique, une lolita gothique se baladant avec une batte de base-ball ou encore un va-nu-pieds grunge brandissant une poêle à frire… Bienvenue dans l’univers horrifi-comique de Bloody Good Time ! A travers ce FPS, les développeurs d’Outerlight tentent de rendre hommage au cinéma de genre en accumulant idées délirantes et personnages emblématiques, le tout noyé sous une bonne dose d’humour noir. Pas sûr toutefois que cela suffise à rendre leur titre passionnant…
La légende dit qu'il y a bien longtemps, un étudiant en cinéma, désireux de parfaire son premier long-métrage horrifique - mais surtout particulièrement siphonné du bulbe - n'a pas hésité à tuer ses acteurs. Aujourd'hui, bien des années après, un metteur en scène mystérieusement nommé Mr X semble vouloir prendre le même chemin en proposant aux membres de son casting de s'entretuer pour prouver leur valeur et ainsi hériter du premier rôle. Concrètement, le joueur doit donc sélectionner un personnage stéréotypé parmi huit (surfeur, bimbo, gothique, bunny, strip-teaseuse, clown, joueur et fumette) puis étriper ses collègues en vue subjective et par tous les moyens au cœur de trois plateaux de cinéma (Springbreak, Horror House et Vegas).
Accessible en écran partagé ou online jusqu'à 8 joueurs, ce joyeux programme se distingue de la majorité des FPS de plusieurs manières. D'abord, l'ambiance se révèle particulièrement bon enfant avec cette esthétique cartoon, ses décors très colorés (mais néanmoins peu détaillés) et ses personnages tout droit sortis d'une série B tendance Z. D'ailleurs, les mimiques de ces derniers sont plutôt réussies et les objets qu'ils utilisent témoignent d'une certaine recherche de l'absurde. A ce titre, il existe trois façons de faire de la vie d'autrui un cauchemar… mortel. Primo : les armes basiques, dont le nombre approche tout de même la trentaine, de la hache au rat téléguidé explosif en passant par la poêle à frire, la batte de base-ball ou encore la piqûre. Secundo : les pièges disséminés dans les décors et identifiés sur le sol par des croix blanches. Il suffit de trouver l'interrupteur et d'attendre sagement qu'un adversaire passe dans le coin. En pressant le bouton, vous verrez alors vos concurrents rôtir comme des poulets, se faire électrocuter les pieds dans l'eau ou encore chuter dans un abîme noirâtre. Fun mais tout de même difficile à déclencher au bon moment. Enfin, tertio : les pousse-au-crime. Sous cette appellation se cachent en réalité des objets boostant les capacités de votre héros ou – au contraire – diminuant celles de vos opposants. Elles peuvent prendre la forme d'un leurre gonflable ou encore d'une caméra vidéo qui aspire les étoiles de célébrités que les concurrents doivent amasser en assassinant avec style leurs collègues.
Pas moins de huit modes de jeu sont au programme, histoire de varier - légèrement - les plaisirs, même s'il n'y a pas de quoi fouetter véritablement un chat. Outre les classiques Deathmatch, Elimination (celui qui survit a gagné) et Accapareur (il faut conserver une statuette le plus longtemps possible sans se la faire prendre), ce sont surtout Chasse, Chasse au leader et Infecté qui valent le coup d'oeil. Ainsi, dans le premier, il faut tuer une proie alors que vous êtes vous-même poursuivi par un tueur. Dans le second tout le monde en a après un seul individu, tandis que dans le dernier vous devez vous débarrasser d'un virus, qui obstrue largement votre vue, en touchant n'importe lequel des concurrents. Là où le jeu se complexifie légèrement et rend malheureusement l'action un peu confuse, c'est que votre personnage doit tenir compte de trois jauges en bas de l'écran qui représentent ses besoins naturels : uriner, manger et dormir (d'ailleurs, avec les messages qui apparaissent parfois, l'écran se retrouve bien vite saturé d'inscriptions et empêche une bonne lisibilité de l'action). Dès qu'elles sont vides, cela a une influence sur son comportement. Il se déplace alors moins vite s'il n'a pas dormi, il inflige moins de dégâts s'il n'a pas mangé et il est moins résistant s'il n'est pas allé aux toilettes. Pour remplir à nouveau ces jauges, votre héros doit se rendre en des lieux précis afin d'enclencher une séquence automatique qui le laisse exposé aux désirs meurtriers de ses collègues. Dommage que la durée de cette séquence soit toujours identique. Car même si la jauge n'est vide qu'un tout petit peu, on doit quand même attendre sa fin.
Dire que ce jeu est destiné avant tout au multi online relève de l'évidence car l'aventure en solo est plutôt rébarbative. Problème : il est particulièrement difficile de trouver des adversaires humains car les serveurs semblent plutôt déserts. Il faut donc patienter longtemps avant de dénicher une maigre poignée de concurrents. Autre souci : les personnages sont mous du genou et leur déplacement relève plus de la tortue que du lièvre, même s'ils se dirigent assez bien. A cause de tout cela - et malgré les bonnes idées et l'ambiance rigolote - l'action ne s'avère guère palpitante. Dommage…
Les images qui illustrent ce test proviennent de l'éditeur.
- Graphismes13/20
Les personnages, plutôt colorés et bien animés, sont délibérément caricaturaux mais cela participe pleinement au genre. Par contre, les décors minimalistes ne se révèlent guère détaillés même s’ils arborent un style de bd sympathique. Bref, c’est moyen sans plus.
- Jouabilité14/20
Les personnages se dirigent assez bien et leurs actions s’avèrent assez simples à exécuter. Toutefois, la sélection des divers objets et armes par l’intermédiaire de la croix directionnelle n’est pas assez aisée. Mais heureusement, cela n’est pas du tout rédhibitoire.
- Durée de vie11/20
Il est difficile de la quantifier car cela dépend des adversaires que vous allez rencontrer. Et malheureusement, dans ce domaine, on ne peut pas dire qu’ils se bousculent sur la toile pour participer à l’aventure. Reste alors à se rabattre sur le mode Arcade, version solo du multi, mais qui demeure peu passionnant.
- Bande son11/20
Outre quelques voix et bruitages sympathiques, elle apparaît un peu en demi-teinte car les quelques mélodies sont bien peu charismatiques et s’oublient plutôt rapidement.
- Scénario10/20
Excepté une maigre base scénaristique, le jeu ne présente guère d’histoire. D’ailleurs, celle-ci évolue peu. Comme bon nombre de FPS, ce n’est pas vraiment le point fort de ce titre.
A cause de son manque de peps et de ses quelques défauts un peu gênants (écran surchargé, carte peu lisible, impossibilité de se déplacer rapidement…), ce FPS n’est guère apte à atteindre les sommets du genre. Néanmoins, son ambiance sympathique, ses personnages hauts en couleur et les idées délirantes qu’il véhicule lui confèrent une petite aura qui pourra éventuellement séduire les amateurs pas trop exigeants, d’autant que son prix sur le Xbox Live est plus que modeste (400 points).