Comme leurs collègues, Sam et Max partagent le même goût pour l'humour cartoon, la dérision, la parodie et le non-sens. Mais de ce point de vue, il faut bien dire que nos deux compères remportent la palme d'or. Tenez, prenez Max par exemple. Le bonhomme est un lapin psychotique et mégalomane, accro aux armes et à la violence et qui exerce, avec son acolyte Sam, le doux métier de détective free-lance. Oui, ces deux-là ne sont ni plus ni moins que le bras droit de la justice. Malheureusement, notre enquêteur canin a bien du mal à contenir les pulsions philosophico-débiles de son «little buddy» et ce malgré sa grande sagesse. Car, il faut bien se rendre à l'évidence, aucun des deux n'est psychologiquement stable. Un constat qui a priori ne s'applique pas dans le monde alternatif dans lequel ils vivent. Tout commence par la disparition de Bruno, le Big-Foot de la fête foraine du coin. Mais l'affaire va rapidement se compliquer lorsqu'un certain Conroy Bumpus, vedette de musique country, va pointer le bout de sa perruque. S'ensuivra un long et tortueux périple qui transformera la simple enquête de routine en véritable road-movie. Et le moins que l'on puisse dire c'est que les USA en prennent pour leur grade ! Sam et Max s'amusent de tout, se moquent de tout et nous font découvrir un véritable musée de l'étrange. Et pour cause, il vous sera possible de faire du benji à partir des narines des présidents du Mont Rushmore ou de visiter la plus grosse pelote de ficelle du Monde ! En tout, ce ne sont pas moins d'une dizaine de lieux improbables qu'il faudra explorer.

Dans le fond, Sam & Max est un point'n click tout ce qu'il y a de plus classique. Dans le fond seulement... Oubliez donc votre sens logique et essayez de vous en sortir avec les moyens du bord. Vous verrez, avec un peu d'imagination, il est possible de faire une tripotée de trucs avec un ramasse-balle cassé et la main d'un cadavre. Mais bizarrement, on est loin des énigmes tirées par les cheveux d'un Monkey Island par exemple. Ici chaque objet a son utilité et l'on trouve rapidement laquelle lorsque la situation se présente. Il faut dire aussi que malgré le nombre d'environnements, ceux-ci ne sont jamais très vastes. De ce fait, la plus grande difficulté est de ne pas passer à côté de la petite ampoule planquée dans un hors-champ. Il arrive ainsi que l'on passe un bon bout de temps à chercher la solution mais au bout du compte on ne peut que s'incliner devant celle de certaines énigmes. Au final, Sam & Max est un point'n click plutôt accessible et surtout extrêmement bien pensé. L'interface est d'ailleurs un modèle du genre et nous épargne la lourdeur des verbes d'action placés en bas de l'écran. En effet, il suffit de faire un clic droit pour passer de « parler » à « utiliser » ou « prendre ». Et mine de rien, ce système change vraiment la vie. Difficile de faire mieux.

Question humour, les répliques cultes pleuvent. Les développeurs se sont autorisés tous les délires et chaque décor, chaque personnage apporte son lot de surprises. Comment ne pas penser par exemple à cette scène totalement gratuite où Sam fait le vœu que le jeu se termine. Et voilà que les crédits se mettent à défiler ! Bien sûr ce n'est qu'une blague mais le titre est bourré de choses de ce genre qu'il est très difficile de retranscrire sans gâcher le plaisir de la découverte. D'ailleurs, une fois encore, la tradition est respectée puisque quelques références à Monkey Island et Day of the Tentacle se sont glissées dans l'aventure. Ça fait toujours plaisir ! Mais revenons à nos moutons. Niveau réalisation, c'est de la 2D mais c'est artistiquement sublime. Les décors sont toujours extrêmement fouillés et la patte cartoon renforce encore la folie de lieux tels que le vortex mystérieux par exemple. Dans cet endroit, les objets flottent, la notion d'espace-temps n'a plus cours et les oiseaux nagent dans la mer. Au sujet des rencontres que vous ferez, il est difficile de trouver plus atypique : Homme-taupe, sculpteur de légumes, frères siamois, télépathe vulgaire, femme-girafe, tous les personnages sont uniques et surtout très attachants. De plus, le doublage français se montre d'une qualité rare. On en oublierait presque les musiques qui, comme toujours avec Lucas Art, pourront être savourées en dehors du jeu. C'est recherché, ça rentre dans la tête et surtout ça ne fait qu'amplifier l'impression de dépaysement et d'étrangeté face aux lieux visités. Gargantuesque, tout simplement.