Des explosions, des voitures de sport, des explosions, une James Bond Girl, des explosions, tous les ingrédients sont bien en place pour une folle aventure de l'agent au permis de tuer numéro 7. Détail notable, ce Blood Stone n'est pas une adaptation d'un film mais bien une histoire originale. Ceci étant, le scénario ne vous fera pas tomber à la renverse mais il suffit amplement pour justifier le déluge d'action proposée et surtout pour nous faire traverser le globe, de la Grèce à Bangkok en passant par la Russie. On peut dire qu'on voit du pays et que même si le level design est affreusement linéaire et dirigiste, au moins les niveaux et situations sont agréablement variés. Le gameplay s'en ressent d'ailleurs, Blood Stone mélangeant plus ou moins habilement les genres. La base reste toutefois le bon vieux tir à la troisième personne qui nous fait aller de couverture en couverture en dégommant du méchant. La mécanique est connue et appliquée ici sans plus de subtilité et ne soyez pas surpris si l'adversaire compte plus sur son nombre que sur son intelligence pour vous donner du fil à retordre. L'ami Bond sait toutefois se servir de ses mains pour exécuter des éliminations furtives. Il suffit de se tenir suffisamment près d'un ennemi et d'appuyer sur une touche pour déclencher une jolie animation qui a le bon goût de prendre en compte l'environnement immédiat. Boum la tête dans le mur, crac le bras sur le parapet, paf le genou dans les dents. Youpi !

On se servira de la chose aussi bien lors des fusillades (les types d'en face ayant tendance à vouloir s'approcher de vous un peu bêtement) que lors de sessions plutôt axées sur l'infiltration. Là encore, le style est effleuré mais pas vraiment approfondi et donc à la portée de tous. En règle générale, vous serez face à quelques soldats statiques accompagnés d'un ou deux gardes mobiles. Ne restera qu'à trouver dans quel ordre on se débarrassera de tout ce beau monde. Si ces séquences d'infiltration ne feront pas fondre votre cerveau, elles ont le mérite d'offrir de jolies scènes de neutralisation. Dernier point important au sujet du corps-à-corps : chaque élimination fait gagner au joueur un "tir ajusté". Et c'est quoi un tir ajusté ? Tout simplement un headshot automatique. Il est possible d'en stocker trois au maximum et on se retrouve assez souvent dans des situations où il sera possible d'enchaîner très rapidement une silent kill avec un tir ajusté. Esthétiquement c'est assez élégant.

Qui dit James Bond dit forcément gadget. Bon, en l'occurrence, on ne peut pas dire que vous en verrez des tonnes. Le seul que vous utiliserez, en fait, sera le téléphone magique de Bond. Ce dernier détecte les ennemis à travers les murs, sert de GPS et peut même scanner et pirater tout un tas de bidules. Las, on ne cachera pas que le piratage est parfaitement inintéressant, à tel point que le remplacer par une simple pression sur un bouton quelconque n'aurait pas été un mal. Mais bon, ça permet au jeu d'intégrer quelques vagues phases d'exploration de quelques minutes. Blood Stone s'efforce donc de maintenir un rythme assez équilibré entre ces différentes composantes auxquelles on doit encore ajouter les niveaux en véhicules. Développées par le studio Bizarre Creations à qui on doit la série des Project Gotham Racing, ces dernières sont franchement spectaculaires et fichtrement bien réalisées. Un peu trop sans doute... les choses vont tellement vite, ça pète tellement dans tous les sens qu'on s'y perd rapidement. Le résultat est généralement une chute dans un lac gelé ou par-dessus une glissière ou tout simplement un choc avec un autre véhicule qui nous fera perdre du temps et nous mènera au game over. Du coup, c'est le syndrome essai-erreur qui se fait sentir. Je roule, je tombe dans le trou que j'avais pas vu, je reprends au checkpoint, j'évite le trou et tombe dans le suivant etc.

Mais concrètement, ce nouveau Bond est-il une réussite ? Plus ou moins, si on ne se montre pas trop difficile. L'ennui des jeux qui mélangent les genres, c'est qu'en général ils restent très superficiels sur chacun d'entre eux. Le gunplay est basique, l'infiltration encore plus et les séquences en véhicules donnent tout au spectacle et pas grand-chose au gameplay. Du coup, Blood Stone a tout du jeu pop-corn. Relativement divertissant mais pas plus mémorable que ça, voire carrément ultra générique. Par ailleurs, il souffre d'un gros problème de rythme. Après un démarrage à toute allure, on traverse une première moitié de jeu plutôt mollassonne où malgré un déluge d'explosions, la sauce a du mal à prendre. Puis, comme si les développeurs s'étaient réveillés, on est récompensé par un dernier tiers nettement plus emporté. C'est étrange, et assez dommage. Dans la liste des regrets, on ajoutera aussi l'absence de réels gadgets ou la fadeur des personnages qui ne font pas preuve d'un charisme époustouflant. A ce titre, il vous faudra en plus supporter des doublages absolument catastrophiques dénués de la moindre conviction et accompagnés d'une post-synchro complètement dans les choux. Et pour terminer cette liste, citons le mode multijoueur qui ne fait guère qu'acte de présence en opposant deux équipes dans des parties molles du genou et qui n'occuperont pas grand monde.