En dépit d'une sortie assez timorée sur bornes d'arcade, Zombies Ate my Neighbors, renommé Zombies sur notre continent, débarque en 1993 sur nos consoles de salon où il s'impose comme un classique du genre hit and run. Retour sur ce jeu qui constitue un véritable hommage aux films d'horreur les plus cultes.
L'histoire est pour le moins simpliste, vous avez le choix entre deux personnages, Zeke, jeune adolescent au look atypique, lunettes 3D, coupe à mi-chemin entre Paul Phoenix de Tekken et Desireless, et Julie, jeune brunette à la casquette de base-ball et au joli minois. Ces deux adolescents ont pour but de sauver le voisinage d'une horde de zombies et créatures en tout genre envoyés par le diabolique Dr.Tongue. Nous sommes toutefois en droit de nous demander si ces gens sont vraiment nos voisins tant les niveaux sont divers et variés. De pyramides en laboratoires, en passant par des zones infectées et autres supermarchés... voilà un bien grand voisinage à parcourir ! Vous l'aurez donc compris le scénario est assez classique. Comme le titre du jeu l'indique, ces vilaines créatures se font une joie de dévorer tous les braves gens sur leur passage, et c'est ici que vous intervenez. Le jeu vous propose d'empêcher cela soit tout seul, soit dans un mode coopération dans lequel le titre prend toute sa valeur.
Pour mener à bien votre mission, il vous faudra donc passer un grand nombre de niveaux en suivant toujours la même logique. A l'aide de votre carte vous indiquant où se trouve chaque victime, vous devez parcourir l'intégralité d'un niveau et sauver chacun de vos voisins, de la grand-mère au nouveau-né. A noter au passage que la grand-mère rapporte bien moins de points que le nouveau-né. Faut-il y voir une solution à la réforme des retraites ? Chaque stage se termine lorsqu'il ne reste plus aucune personne à sauver ce qui n'est pas toujours chose facile à réaliser. Comptez en effet sur les charmants zombies pour vous empêcher de progresser comme bon vous semble, et pour s'occuper de vos amis si vous n'êtes pas assez rapide. Si le principe du jeu est donc des plus simples, la difficulté est bien présente.
Si vous viendrez à bout des zombies lambda avec plus ou moins de facilité, ce ne sera pas le cas pour toutes les créatures. Certaines se révéleront même redoutables, et la fuite s'avérera souvent bien plus sage qu'un affrontement direct. Vous disposez cependant d'un arsenal conséquent afin de vous aider dans cette tâche. Celui-ci est séparé en deux catégories aussi utiles l'une que l'autre, les armes et les objets. Vous débutez avec un pistolet, efficace contre les monstres les plus faibles, mais qui montrera vite ses limites au fil des niveaux. Vous verrez donc d'un bon oeil l'arrivée du bazooka que l'on ne présente plus, dévastateur mais pauvre en munitions, du crucifix, irradiant les monstres s'approchant un peu trop près, ou encore d'une tondeuse à gazon débroussaillant les terrains infectés de champignons toxiques et autres monstres sur votre passage... Les objets s'avéreront tout aussi utiles et s'apparentent bien souvent à des armes tout aussi puissantes que celles de première catégorie. Hormis les clés et trousses de soin, vous disposerez de clowns pour attirer l'attention de vos ennemis, et éventuellement vous sortir de situations délicates, de potions pour vous transformer en monstre surpuissant à faire pâlir les adversaires les plus coriaces, ou encore de coffres éradiquant les monstres à l'écran à leur ouverture. Force est de constater que les armes et les objets dont vous disposez sont pour le moins loufoques. A vrai dire, c'est le jeu dans son ensemble qui est loufoque. Vaisselle, glaces, tomates... tout ce qui vous tombe sous la main est susceptible de se transformer en un atout de choix. Zombies Ate my Neighbors n'a donc d'effrayant que son titre, et le second degré est omniprésent.
Malheureusement tout n'est pas rose, ou rouge sang en l'occurrence, et quelques ombres viennent ternir le tableau. Notamment au niveau de la jouabilité. Ainsi, il faut parfois s'y reprendre à deux fois pour ramasser un objet ou sauver un personnage sur lequel vous jureriez être passé impeccablement. Le système de changement d'arme, bien que très classique, reste aussi laborieux, surtout lorsqu'il faut switcher entre les armes pour venir à bout d'ennemis uniquement vulnérables à un tir précis. Par exemple, vous vous munirez de votre extincteur pour occire un monstre visqueux insensible aux balles, puis passerez à l'arme suivante pour dégommer un autre type de monstre. Pour revenir à l'extincteur et achever votre première victime, il faudra malheureusement passer en revue tout l'inventaire. Et pendant ce temps, vos ennemis s'en donneront à cœur joie. Un temps d'adaptation est donc nécessaire pour bien prendre le coup de main et choisir instinctivement la bonne liste (objets ou armes, assignés à des touches différentes) ainsi que la bonne arme. Ce défaut, aussi gênant soit-il, ne constitue qu'un défaut mineur qui fait un bien piètre arbre, insuffisant pour cacher la forêt de bons points. En fait, si Zombies est assez rigide dans son gameplay, il se prend finalement facilement en main.
Comme on l'a dit, les créateurs ont eu la bonne idée de proposer un mode coopération, vraie force du jeu. Le principe reste le même, vous partagez la vedette avec un ami, à travers un seul écran non splitté vous obligeant à rester plus ou moins près de votre acolyte, ce qui pourra constituer une gêne pour certains, mais permettra de dégommer plus efficacement les hordes d'ennemis sur votre passage. Cette aide, vous en aurez bien besoin dans la mesure où vous ne disposez que d'un nombre misérable de vies à la vue de la montagne de niveaux qu'il vous faudra traverser. Plus d'une cinquantaine de levels vous attendent. Bien que potentiellement assez courts, certains s'avèrent bien difficiles ou labyrinthiques. Les ennemis ne vous accordent pas une seconde de répit et reviennent encore plus vite qu'ils ne meurent. Vos munitions aussi montreront leurs limites si vous tardez à trouver le dernier civil. Ainsi, même si vous disposez de codes pour revenir au dernier niveau atteint, votre armement lui, sera définitivement perdu et la mission n'en sera que deux fois plus compliquée face à des monstres de plus en plus redoutables. Il se pourrait même que les fourmis géantes soient bien amusées par vos tentatives de meurtre au pistolet...
Le bestiaire, parlons-en, il constitue un vrai clin d'oeil à des films cultes du cinéma d'horreur avec par exemple des bébés à la hache rappelant Chucky, des hommes aux masques de hockey armés de tronçonneuses, cousins éloignés de Jason, des hommes-mouches, des vampires, des momies, des loups-garous, des plantes, des aliens, des hommes-poissons, des clones de votre personnage... tout le monde y passe, et certains sont pour le moins originaux. Les références ne s'arrêtent pas là, vous aurez droit à des niveaux du type Dance with Werewolves ou Night of the Undead, les auteurs allant jusqu'à s'autoparodier avec un stage nommé Day of the Tentacle, autre célèbre jeu Lucasart. Du navet au film culte, tout le monde y passe et le joueur en redemande !
- Graphismes16/20
D'un point de vue purement technique, les capacités de la console auraient permis des graphismes plus poussés. Cependant c'est sans compter sur la multitude d'interactions avec les décors ou avec les personnages eux-mêmes. Par exemple, si vous laissez un Lycan entrer en contact avec un voisin, ce dernier se transformera en loup-garou lorsque vous viendrez le délivrer. Certains niveaux se paient même le luxe de voir la nuit tomber, chose très rare à l'époque. Le design et la diversité des niveaux sont donc à la hauteur et permettent finalement au titre de briller.
- Jouabilité14/20
Simple et classique, Zombies est un jeu plutôt facile à prendre en main. On peut tout de même noter quelques difficultés lors de certains passages qui nécessitent une rapidité d'exécution et donc une certaine dextérité. On regrette aussi que le changement d'armes et d'objets ne se fasse que dans un sens. Mais dans l'ensemble la jouabilité est tout à fait convenable.
- Durée de vie17/20
La difficulté et le nombre de niveaux vous promettent de longues heures de jeu avec plus de 50 stages que vous ne terminerez certainement pas du premier coup. Il faudra donc vous armer de patience si vous songez à venir à bout de Zombies. De plus la possibilité de jouer en coopération vous promet de bonnes heures de délire durant lesquelles recommencer des niveaux déjà parcourus ne devrait pas vous poser problème.
- Bande son15/20
La bande-son de Zombies est de bonne qualité, et même si ses titres ne rentreront pas forcément au panthéon des thèmes de jeux vidéo, les différentes mélodies vous accompagnant tout au long des stages sont entraînantes et retranscrivent bien cette ambiance horreur décalée. Ne soyez pas surpris de susurrer des thèmes sous votre douche après avoir passé quelques heures sur le soft.
- Scénario13/20
Le scénario est tout ce qu'il y a de plus basique en soi. Il faudra "simplement" nettoyer le monde de cette masse de monstres envahissante et sauver vos voisins. Le titre vous emmène cependant dans des endroits bien sympathiques et variés.
Zombies Ate my Neighbor est un très bon jeu, l'un des meilleurs hit and run de l'époque. Déjanté à souhait, parodique et surtout amusant, ce soft vous promet quelques bonnes heures d'éclate, seul ou avec un ami. Si la difficulté en fera capituler certains, les plus hargneux y trouveront certainement leur compte. En plus d'être un bon jeu, Zombies constitue aussi un challenge de taille à même de ravir les hardcore gamers tout comme les joueurs occasionnels. Merci Lucasart !