Après une tripotée de contenus multijoueurs, Rockstar s'attarde sur le mode solo de Red Dead en proposant un DLC calibré pour les fêtes d'Halloween. Si l'Ouest américain se pavane une fois de plus sous nos yeux ébahis, vous comprendrez très rapidement que la plus grande menace que vous allez affronter ne se résumera pas à quelques voleurs de bétail et autres desperados. Enquête dans un monde de cauchemars.
Le mort-vivant est une valeur sûre du cinéma depuis plusieurs années. Je le sais, tu le sais. Si les sacs de barbaque ne cessent de se multiplier en sortant des usines d'Hollywood, le jeu vidéo n'est pas en reste. Fonds de commerce de Capcom depuis très longtemps, l'intrusion du zombie se fait néanmoins dans des univers plus ou moins codifiés, la plupart du temps contemporains. Ainsi, tout en s'engouffrant dans la brèche, Rockstar propose une alternative à cet état de faits via une sorte de «What if Red Dead Redemption met Night of the Living Dead ?». Etonnant ? C'est le moins qu'on puisse dire même si une fois encore, le développeur nous prouve sa maitrise quand il s'agit de ne pas se prendre au sérieux. Pourtant, tout commence de façon plus ou moins sinistre, dans le ranch de John Marston puisque l'homme va devoir régler un petit problème de morts-vivants tout en s'occupant de sa femme et de son fils. Condamné à errer dans les terres désolées pour trouver l'origine de l'infection et un possible remède, notre cow-boy préféré va vite se rendre compte que cette mystérieuse épidémie ne touche pas uniquement les siens. Ce sera alors l'occasion de traverser une nouvelle fois les Etats-Unis d'Amérique ainsi que le Mexique en proie à la même folie.
En somme, en marge des protagonistes rencontrés dans l'aventure originale et d'environnements similaires, le joueur devra composer avec un univers alternatif dont les règles ont bien changées. La première consistera à oublier les magasins, tous fermés pour cause de fin du monde. Du coup, à mesure que vous éliminerez des zombies, vous devrez systématiquement fouiller leurs corps pour trouver des munitions. La tâche vous semble fastidieuse ? Pas de panique puisqu'à chaque ville purifiée, vous pourrez dénicher balles et nouvelles armes dans divers coffres. A ce sujet, retenez que Undead Nightmare se déroule en parallèle de l'aventure principale. Ainsi, vous commencerez avec un simple pistolet avant de pouvoir acquérir des fusils plus puissants dont un sympathique tromblon. Néanmoins, avant d'améliorer votre puissance de feu, vous pourrez compter sur une torche, votre meilleure amie durant la première des dix heures de jeu nécessaires avant de voir le bout du tunnel. Toutefois, si l'arme s'avère puissante au tout départ, puisque permettant une mise à mort automatique si l'adversaire s'approche trop, vous comprendrez vite qu'elle ne pèsera pas bien lourd par la suite. En effet, à mesure que vous progresserez, les villes comprendront de plus en plus de zombies, certains étant très véloces, d'autres vous chargeant comme des taureaux ou vous balançant des jets d'acide à l'image d'un certain Left for Dead. Dans ce cas, rien ne vaudra le mode Sang Froid d'autant qu'il sera permis dès le départ de cibler vos adversaires. Utile pour dessouder des têtes, seul moyen de venir à bout d'un mort-vivant.
Si l'ambiance de fin du monde est presque palpable, on signalera tout de même plusieurs éléments fâcheux. En tout premier lieu, il est indiscutable que les libérations de villes deviennent rapidement répétitives et de plus en plus longues. Encore plus vrai quand on songe qu'une ville libérée pourra être à nouveau le témoin d'une attaque de zombies, ceci vous demandant alors de galoper pour la protéger même si cela est loin d'être obligatoire. Heureusement d'ailleurs puisqu'il n'est désormais plus possible d'utiliser un campement pour voyager rapidement. Autant dire qu'on a du mal à comprendre pourquoi Rockstar a viré cette idée bien pratique. Pour pallier ce manque, vous devrez alors vous rendre dans la ville purifiée la plus proche, monter dans votre chambre et utiliser le Trajet Express. Un peu lourdingue tout comme quelques missions peu stimulantes, à l'image de la cueillette de fleurs, renvoyant beaucoup trop à celles de Red Dead. A l'inverse, on sourira devant d'autres objectifs eux aussi construits sur les cendres de ceux du jeu de base mais rendus un peu plus exotiques grâce au bestiaire inédit. Par exemple, on s'amusera à traquer le Sasquatch à Tall Trees ou à dénicher les 4 chevaux de l'Apocalypse pour apprécier des montures aux étonnantes capacités. Ainsi, outre la joie d'assister à ce plan d'Epinal synonyme de John Marston galopant sur un destrier enflammé sur fond de pleine lune, on pourra également utiliser le canasson pour brûler les zombies. Beaucoup plus pratique que des chevaux zombifiés, résistants mais ne répondant pas tout le temps à nos sollicitations. Dans le même ordre d'idées, on tentera de capturer une licorne ou une femme cougar tout en enchaînant les missions essentielles au scénario. Bien entendu, rien ne vous empêchera de vous amuser à retrouver des disparus en sus et place des desperados ou à terminer des défis pour récolter des objets ou des munitions.
N'oublions pas non plus d'évoquer le multijoueur qui se voit ici doté d'un tout nouveau mode de jeu. Celui-ci, pour quatre tueurs, vous transportera dans plusieurs villes fantômes afin d'éliminer le plus de vagues de zombies possibles, le temps alloué au génocide s'amenuisant tout comme vos munitions au fur et à mesure des manches. Peu intéressant sur le papier, le résultat à l'écran s'avère également tout relatif, bien inférieur en termes de sensations à ce que nous proposaient les excellentes missions du pack gratuit Outlaws to the end. Cependant, on ne crachera pas dans la soupe vu que le multi se voit aussi gratifié de huit nouveaux personnages zombies. Cela dit, le coeur même de Undead Nightmare reste sa solide aventure solo, perfectible sur bien des points mais terriblement prenante, jouissive et mettant en avant un John Marston plus détaché que jamais. Pivot de Red Dead, John devient ici le centre du monde, le seul à pouvoir faire toute la vérité sur ce Mal tout en s'excusant après avoir vidé un chargeur entier sur une Brute décharnée. C'est aussi pour lui qu'on appréciera autant de se replonger dans cet univers où mordre de la poussière ne veut plus vraiment dire grand-chose...
- Graphismes18/20
D'un point de vue graphique, il n'y a pas vraiment de surprises, du moins en ce qui concerne les environnements puisque le jeu se déroule à nouveau dans le même univers. Cependant, la réalité alternative dans laquelle évolue John lui fera visiter des villes exsangues, affronter moult types de morts-vivants et des animaux zombifiés tout en lui permettant de côtoyer des créatures légendaires à l'image du Sasquatch, de la Licorne ou des 4 chevaux de l'Apocalypse. Bref, une fois encore, on sera sous le charme d'un titre ayant admirablement mis en exergue l'influence de la lumière pour embellir l'Ouest américain ou des idées complètement folles, délectables et collant parfaitement avec l'univers de cet Undead Nightmare. Toutefois, on regrettera à nouveau que l'ensemble des bugs d'affichage et de collision n'aient pas été résolus pour cette extension.
- Jouabilité17/20
Peu ou pas de nouveautés concernant le gameplay. Si vous commencerez nu comme un ver, vous pourrez rapidement acquérir des armes plus puissantes en purifiant les villes où vous vous rendrez. De plus, les zombies étant nombreux et rapides, on utilisera jusqu'à plus soif le mode Sang Froid pour tenter de faire le ménage par le vide. Cependant, si jamais vous êtes à court de munitions, la torche représentera un atout de poids, celle-ci permettant de brûler ou de tuer en un coup vos adversaires grâce à un défoncement de la boîte crânienne. D'ailleurs, il sera également possible de le faire avec toute arme à feu, John ne se faisant pas prier pour exploser la tête des morts-vivants un peu trop collants. A part ça, on retrouve le même type de missions que dans le jeu d'origine (cueillette, traque d'animaux, sauvetage de disparus remplaçant au pied levé la capture de desperados) qui sous couvert de quelques ajustements devraient vous permettre de souffler entre deux libérations de villes synonymes de longs gunfights.
- Durée de vie16/20
Si les missions sont extrêmement répétitives et qu'elles n'évoluent pas assez par rapport au jeu de base, la durée de vie n'en reste pas moins excellente pour un DLC monnayé moins de 10 euros. En effet, entre les différentes quêtes annexes, le maintien des villes purifiées et l'avancée du scénario, on y passera aisément une dizaine d'heures. Le mode multi, lui, s'avère relativement moyen puisque nous demandant simplement d'éliminer le plus de vague de morts-vivants en un temps limité. Sympathique avec trois autres joueurs mais rapidement lassant même sur le court terme à moins de vouloir gagner de l'EXP pour atteindre le niveau 50.
- Bande son18/20
Les doubleurs américains rempilent et semblent toujours aussi à l'aise dans leurs rôles respectifs. Le doublage est en tout point excellent, de même que les musiques, nombreuses et adaptées aux situations cocasses de cette extension malgré l'utilisation quasi systématique de thèmes issus de l'opus original.
- Scénario15/20
John Marston conserve ce côté détaché qui en fait un cow-boy solitaire absolument génial. Les seconds rôles nous offrent une fois encore des scènes très «second degré» et on pourra même s'émouvoir devant quelques passages pour le moins saugrenus. En somme, si le scénario est plus dilué et construit autour de la vérité au sujet de l'épidémie, les scénaristes de Rockstar se sont fait plaisir avec leurs créations tout en truffant leur jeu de dialogues savoureux.
En partant d'un postulat peu répandu aussi bien dans le monde du jeu vidéo que du cinéma, Rockstar nous offre une rencontre improbable entre deux univers. Le résultat est d'autant plus délectable que cette réalité alternative nous permet de retrouver l'ensemble des protagonistes du jeu de base ici confrontés à une menace issue des profondeurs de la terre. On pourra pester contre des missions peu inspirées, des libérations de villes répétitives et traînant en longueur mais ceci ne saurait faire trop d'ombre aux qualités de ce DLC. Profitant d'excellentes idées basées sur un folklore fantastique étendu, d'une étonnante longévité renforcée par un nouveau mode multi certes peu intéressant, et d'une histoire aux dialogues savoureux, Undead Nightmare ravivera la flamme du cow-boy qui sommeille en vous.