Alors que la 3D commence à apparaître sur PC et bornes d’arcade, Nintendo prend de l’avance sur ses concurrents en inaugurant le premier jeu console de l’histoire ayant un rendu en trois dimensions basé sur des polygones. Une nouvelle ère débute donc sur Super Nintendo avec l’arrivée de Starwing et de la nouvelle puce graphique Super FX qui ouvre les portes de la 3D en temps réel. Fox McCloud et son escadron vous attendent pour vous faire vivre une aventure interstellaire que vous n’êtes pas près d’oublier.
C'est avec l'aide d'Argonaut Games que Nintendo fait entrer sa console 16 bits dans une nouvelle dimension, celle de l'affichage de modèles en 3D. Et cette innovation devient possible grâce à l'intégration d'un accélérateur graphique directement dans la cartouche de jeu, propulsant les performances de la console à des sommets inégalés. Il revient à Starwing d'inaugurer ce nouveau système, baptisé Super FX, en proposant aux joueurs d'embarquer dans l'univers intersidéral et tumultueux de Lylat. L'aventure débute sur la planète Corneria envahie par l'armée d'Andross, un tyran bien décidé à prendre le contrôle de l'ensemble des planètes de la galaxie. En réponse à cet assaut, le général Pepper fait appel à une unité d'élite, l'équipe Star Fox, dont vous contrôlerez le chef emblématique, Fox McCloud, qui sera épaulé par ses trois comparses. Notez que les différents protagonistes ne sont pas représentés par des humains mais par des animaux à forme humaine vêtus d'habits futuristes. Certains apprécieront, d'autres peut-être moins, cela contribue cependant fortement à l'identité du soft.
S'inscrivant dans la lignée des shoot'em up à défilement horizontal, Starwing se détache toutefois de la concurrence en proposant un univers cinématographique fort. Dès le lancement du jeu, vous aurez droit à une scène d'introduction digne d'un grand film de science-fiction, et jusqu'à la fin vous assisterez à des cut-scenes vous immergeant encore plus dans l'histoire. Le tout est surmonté de musiques orchestrales que vous ne tarderez pas à siffloter tellement elles s'avèrent entraînantes et marquent l'esprit. Les différents bruitages ne sont pas en reste et enrichissent d'autant plus l'univers spatial de Starwing.
Il est donc temps de vous mettre aux commandes de votre Airwing, un vaisseau doté de l'arsenal standard. Ainsi, pour détruire vos ennemis (et certains éléments du décor), vous disposerez d'un laser qui pourra être renforcé et de bombes dévastatrices à utiliser avec parcimonie car limitées en nombre. L'appareil est aussi équipé d'un propulseur et d'un rétropropulseur fort utiles pour accélérer ou ralentir lors des passages délicats. Enfin, le pilote a la possibilité d'incliner le vaisseau sur la tranche voire de lui faire exécuter une vrille ce qui dynamise fortement les déplacements latéraux,
Le premier bon point réside dans le paramétrage de la manette, qui propose des configurations somme toute très bien pensées, mais surtout la prévisualisation de votre vaisseau en vol qui vous permettra de vous essayer aux différents contrôles avant de vous lancer dans une partie. Le concept est plutôt bien trouvé, car cela vous permet de choisir la configuration qui vous convient le mieux tout en vous familiarisant avec la prise en main de votre Airwing. Et quand bien même, vous ne vous sentiez pas encore prêt à affronter l'armée d'Andross, vous pourrez vous essayer au mode Entraînement où vous apprendrez à passer à travers des anneaux et autres portes, affûter votre tir et voler de façon coordonnée avec vos coéquipiers.
Mais là où le soft se distingue du genre, c'est par la présence d'une barre de vie (appelée bouclier) qui vous permettra d'encaisser des dégâts et non plus de voir votre aéronef voler en éclats dès le premier accrochage. Votre vaisseau pourra également se voir amputé d'une ou deux ailes vous faisant alors perdre les éventuelles améliorations de votre laser mais vous permettant toujours de voler. En outre, il faudra prendre garde au bouclier de vos coéquipiers car eux aussi sont exposés aux tirs nourris de vos ennemis et peuvent à tout moment passer l'arme à gauche. Dans ce cas, vous devrez continuer l'aventure sans le membre déchu de votre équipe. Il s'avère donc nécessaire de répondre à un appel de détresse de vos compagnons et/ou d'écouter leurs conseils ce qui constitue un pan du gameplay fort original.
Starwing propose plusieurs niveaux de difficulté mais contrairement à ce que l'on retrouve habituellement, c'est-à-dire le classique facile-moyen-difficile, vous aurez ici le choix entre trois itinéraires différents menant tous à la planète finale mais se distinguant par leur niveau de difficulté et leur contenu. Ainsi, vous combattrez tantôt sur une planète, tantôt dans l'espace où le jeu emprunte alors beaucoup au style space opera avec notamment une vue à la première personne dont on pourra toutefois sortir pour revenir à la vue classique. L'alternance entre combat au sol et combat dans l'espace apporte pas mal de variété au titre et repousse même la lassitude. Autant dire que la rejouabilité est énorme et que chacun y trouvera son compte. Grâce notamment à la présence de deux itinéraires bis présents dans le premier et le troisième niveau. On peut regretter cependant que l'aventure se termine relativement vite.
Graphiquement, le soft est une véritable révolution. Bien que les textures n'affichent pas les nombreux détails d'un moteur 2D, l'environnement 3D offre une immersion plus importante notamment quand on voit les bâtiments s'écrouler sur notre vaisseau, les immenses robots qui déménagent notre base ou bien quand on se retrouve dans les entrailles d'un vaisseau spatial. Ce sentiment de grandeur est vraiment présent tout au long de la progression et donne un cachet épique à l'ensemble. Même si au premier abord, le joueur ne verra qu'une multitude de polygones virevolter dans tous les sens, il ne tardera pas à se laisser envoûter par cet univers graphique unique. La sensation de vitesse est de plus vraiment présente et l'animation est parfaitement fluide malgré les nombreux éléments affichés simultanément. Les seules limitations résident dans l'impossibilité d'évoluer à sa guise dans cet environnement 3D qui se voit bridé par un large couloir basé sur un défilement horizontal et par l'absence de paysages et de reliefs au sol des planètes. On note également une distance d'affichage limitée mais qui reste tout à fait satisfaisante et permet d'anticiper les risques à venir.
Starwing, qui prend le pari d'innover tant au niveau du gameplay des shoot'em up, qu'au niveau graphique, convainc d'emblée quiconque s'y essaye en plongeant le joueur dans un univers galactique des plus passionnants. Doté une jouabilité mitonnée aux petits oignons comme Nintendo sait si bien les concevoir et d'une bonne rejouabilité, Starwing peut aussi se targuer de rassembler quelques-uns des personnages les plus emblématiques de la console 16 bits.
- Graphismes16/20
Avec sa technologie Super FX, Nintendo entame avec brio le virage de la 3D en temps réel sur console. En effet, le rendu à l’écran est vraiment bluffant pour une console qui n’était destinée qu’aux jeux 2D et offre une nouvelle expérience vidéoludique grâce à l’immersion que procure ce nouveau rendu. Dépourvu de tout ralentissement et offrant une animation sans faille, le moteur tient ses promesses même si l’absence de textures détaillées et de véritables paysages pourra troubler au premier abord les habitués de la 2D. En outre, il faudra encore attendre un peu avant de pouvoir naviguer librement dans cette nouvelle dimension.
- Jouabilité18/20
Comme tout bon jeu Nintendo qui se respecte, la maniabilité est encore une fois un modèle du genre. Tous les boutons du pad sont mis à contribution et utilisés sous différentes configurations que vous pourrez tester via le simulateur. Les trois vues proposées par le soft se complètent bien et il est aisé d’en changer rapidement. L’ensemble se voit dynamisé par l’intervention des coéquipiers de Fox, ce qui incite à ne pas jouer solo. Le pilotage arcade de l’Airwing est un véritable plaisir et procure quelques montées d’adrénaline. Cependant, l’absence de système de sauvegarde pourra rebuter les moins motivés mais cela est inhérent au genre.
- Durée de vie12/20
C’est certainement l’un des plus gros points faibles du jeu. Même si la rejouabilité est assurée par les trois itinéraires et les deux niveaux cachés, finir l’aventure une première fois ne demandera pas plus d’une demi-heure pour les plus expérimentés. A cela, il faudra ajouter une bonne heure pour terminer les deux autres itinéraires. Cependant, les fans de scoring ou de voltige y reviendront avec plaisir car on ne se lasse jamais de parcourir la galaxie de Lylat. Il est toutefois regrettable que Nintendo n’ait pas pensé à intégrer un mode multijoueur qui aurait revigoré la durée de vie du soft.
- Bande son16/20
Dignes d’un film de science-fiction, les différentes musiques orchestrales sont de grande qualité et resteront gravées longtemps dans les mémoires. Les bruitages ont subi le même traitement de faveur et conviennent parfaitement à l’environnement spatial.
- Scénario14/20
Si vous parcourez la notice, vous pourrez en apprendre plus sur les différents personnages de Starwing ainsi que sur les planètes qui composent la galaxie de Lylat. On ne peut que saluer l’effort de Nintendo pour parer son bébé d’une histoire cohérente et passionnante même si la narration en jeu est relativement simple.
A la fois immersif et divertissant, l’univers de Starwing arrive à ne pas tomber dans le piège de la démo technique en proposant un univers cohérent et parfaitement maîtrisé. Doté de personnages charismatiques et attachants, prendre le contrôle de l’Airwing offre des sensations uniques que les jeux 2D ne pouvaient pas encore proposer. Même si les puristes des shoot’em up verront en Starwing un jeu grand public, les autres y trouveront une expérience vidéoludique inoubliable notamment grâce au combat final dantesque. C’est donc un pari réussi pour Nintendo qui entre sereinement dans la troisième dimension.