Non, ne soyez pas surpris, comme tout film d’animation qui se respecte, il était bien évidemment prévisible que Le Royaume de Ga’Hoole se dote lui aussi de sa propre adaptation vidéoludique. Mais ce soft se démarque-t-il dans la masse de jeux à licence, toujours plus nombreux ? C’est ce que nous allons tenter de découvrir.
Ce film de Zack Snyder nous propose tout simplement de suivre les aventures de Solen, jeune chouette adorant écouter de vieux contes au sujet des gardiens, sortes de volatiles de combat qui auraient sauvé son peuple des terribles sang-pur. Si on retrouve bien cette mythologie au sein du jeu vidéo, c'est cette fois-ci une autre histoire qui nous est narrée, celle d'un apprenti gardien, protégeant ses congénères des mêmes ennemis ancestraux, tout en apprenant les rudiments du métier. Autant le dire tout de suite, si vous n'êtes pas familier du film, ou des livres dont il est tiré, vous n'apprécierez sans doute pas véritablement le scénario du jeu, tant les explications données sont peu précises et évasives. Tout se passe comme si les développeurs étaient partis du principe que le joueur connaissait déjà l'univers du Royaume de Ga'Hoole, et qu'aucun rappel n'était nécessaire. Mais rassurez-vous, la structure même du jeu n'est pas vraiment propice à la mise en place d'une histoire prenante et d'une narration bouleversante, les missions proposées se succédant plutôt par une sorte de copier-coller qui n'aide pas le joueur à s'intéresser outre mesure au scénario.
Amis des chouettes et autres hiboux, réjouissez-vous ! Le Royaume de Ga'Hoole : La Légende des Gardiens vous permet de contrôler votre propre volatile, en vol comme au combat, après avoir choisi ses propres compétences, et son équipement (de nouvelles armures de combat seront disponibles tout au long de l'aventure). Les cinq environnements du jeu donnent lieu à une trentaine de niveaux s'articulant autour de buts à atteindre ou d'objectifs à accomplir. En général, ils se découperont donc en deux phases parfois distinctes, parfois entremêlées. La première vous demandera classiquement de vous rendre à un point précis de votre radar. Il faudra donc diriger votre chouette en ramassant des pièces d'or, en slalomant entre les obstacles de la carte ou encore en traversant des anneaux d'air, symbolisant les courants d'air ascendants qui vous permettent alors de prendre un peu plus de vitesse. Dans la pratique, tout cela fonctionne étonnamment bien, votre personnage se prenant rapidement en main et répondant au doigt et à l'œil aux mouvements du stick analogique. De plus, l'impression de vitesse qui se dégage des déplacements du volatile est bluffante, surtout lorsqu'il effectue quelques loopings ou autres plongeons à pic, qui lui permettent de gagner encore un peu en rapidité.
Les autres phases proposées vous verront affronter des pur-sang, chouettes rebelles qui vous donneront -un peu- de fil à retordre. Au cours de combats très nerveux et efficaces, un système de ciblage vous simplifie d'ailleurs énormément la tâche. Les déplacements de votre volatile deviennent en effet quasiment automatiques, puisqu'il suffit de choisir son ennemi pour qu'il se rapproche de lui et ne le perde plus de vue. Des attaques à débloquer progressivement peuvent alors être enclenchées, et permettent quelques scènes assez bien retranscrites. Votre personnage peut, en fonction de la touche utilisée, foncer vers l'ennemi pour lui briser son armure, faire une simple attaque qui pourra donner lieu à une succession de coups si votre timing est le bon, ou encore prendre l'adversaire dans ses serres et le projeter au loin... vous n'êtes d'ailleurs pas tout seul au cours de ces combats, puisque des amis nommés ailiers vous accompagnent. Vous pouvez leur ordonner d'attaquer un ennemi précis, dont ils vous débarrasseront bien vite, vous facilitant encore le travail. Alors oui, le challenge n'est pas vraiment au rendez-vous, mais tout cela ne manque ni de classe, ni d'efficacité ! Malheureusement, on ne peut pas dire que la progression au sein de ces missions soit, elle, vraiment palpitante. On aura bien vite le sentiment de toujours effectuer les mêmes actions, que ce soit lors des combats, limités, lors des phases de vol, ou encore lors d'objectifs un peu différents (allumer des torches en ayant au préalable ramassé des cendres ardentes, par exemple) que l'on retrouve pourtant bien trop souvent, sous diverses formes, qui finissent toutes par lasser le joueur. Mais celui-ci ne ressentira de toute façon pas ce sentiment de lassitude bien longtemps, la faute à une aventure qui se boucle beaucoup trop rapidement, en à peine cinq heures ! Et ce ne sont pas les missions-bonus à débloquer qui rallongeront grandement la durée de vie...
La réalisation technique n'a rien de faramineux, mais se rattrape vraiment par le charme que les environnements dégagent. Les couleurs choisies sont harmonieuses, les décors un peu brumeux possédant une aura intéressante. Les cut-scenes, à base d'artworks au design inspiré, ont nettement plus d'intérêt que les cinématiques faites avec le moteur du jeu, qui n'ont hélas pas grand-chose pour elles. L'animation de nos petits hiboux est également très correcte et semble plutôt réaliste, du moins autant qu'une chouette de combat puisse l'être ! Le tout est donc plutôt cohérent et attrayant, impression rehaussée par une fluidité des mouvements du volatile assez plaisante. Les musiques choisies correspondent bien, on l'imagine, à la dimension épique du film. Même si le jeu ne dispose pas vraiment du même écho héroïque, la faute à un scénario quasi inexistant, l'univers sonore y fonctionne parfaitement. Les doublages français ne sont pas du même acabit, se contentant juste d'être quelconques et supportables. Le Royaume de Ga'Hoole : La Légende des Gardiens nous offre donc sur un plateau la sensation grisante et particulièrement bien retranscrite du vol d'une chouette, et des scènes de combats fun et nerveuses. Mais le jeu en lui-même ne propose pas suffisamment de contenu et a tendance à trop se reposer sur son gameplay très efficace, sans jamais tenter de bousculer le joueur, de le réveiller en lui soumettant des challenges qui auraient été à même de corser un peu l'aventure, en lui ajoutant un peu de saveur et de piquant. Le tout nous donne donc un jeu plaisant à parcourir, mais bien trop vite fait et oublié pour qu'on puisse le conseiller à tous les joueurs.
- Graphismes14/20
Non, Le Royaume de Ga'Hoole n'est pas vraiment beau, la faute à une réalisation technique un peu médiocre. Mais artistiquement, le titre arrive tout de même à charmer, tant par ses environnements et la modélisation de ses chouettes que par l'aspect des cut-scenes à base d'artworks.
- Jouabilité15/20
Notre volatile répond au doigt et à l'œil, et le temps d'adaptation nécessaire avant de maîtriser les commandes est quasiment inexistant. Il est par contre dommage que les possibilités soient aussi limitées et que la difficulté ne soit pas au rendez-vous.
- Durée de vie7/20
Les cinq environnements proposés sont constitués de différentes missions de longueur variable. Mais le jeu se termine en moins de cinq heures, et les missions-bonus à débloquer ne rallongeront pas cette durée de vie de beaucoup.
- Bande son12/20
Les musiques épiques collent bien à l'ambiance et accompagnent joliment vos périples. Les doublages en français sont un cran en dessous, sans pour autant que cela en devienne gênant.
- Scénario9/20
Ne comptez pas vous immerger dans l'histoire inintéressante de cet apprenti-gardien qui devra apprendre le métier. Les développeurs semblent d'ailleurs partir du principe que le joueur connaît déjà suffisamment d'éléments sur l'univers de Ga'Hoole pour se dispenser de nous expliquer correctement la mythologie qui en découle.
Avec son gameplay efficace et ses environnements plaisants à parcourir, Le Royaume de Ga'Hoole : La Légende des Gardiens aurait vraiment pu se démarquer, et offrir une aventure prenante. Ce n'est hélas pas le cas, la faute à des missions génériques et une progression inintéressante dans un jeu bien trop vide et court. Il pourra sans doute plaire à un public ayant apprécié le film d'animation dont il est tiré, mais procurera pourtant une expérience limitée bien vite oubliée.