C'est la mode désormais. Avant la sortie d'un gros blockbuster, les éditeurs se font une joie de proposer de petits prologues téléchargeables censés appâter les fans en posant les bases du scénario et en permettant aux joueurs de profiter d'un peu plus de contenu par la suite. Dans ces conditions, on voyait mal la licence Dead Space, habituée à titiller différents supports et différents médias, ne pas tenter cette expérience. Le résultat de cette approche, c'est Dead Space : Ignition, un titre au design repoussant qui s'articule autour de 3 mini-jeux aussi ragoûtants que des Nécromorphes en phase de décomposition avancée.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, prenons quelques secondes pour bien expliquer les choses. Il existe actuellement deux manières de mettre vos petites mimines sur Dead Space : Ignition. La première consiste à débourser quelques euros pour télécharger le jeu sur le PSN ou sur le Xbox Live et la seconde à précommander Dead Space 2, auquel cas, le soft vous sera gracieusement offert. Quelle que soit votre méthode, vous obtiendrez ainsi la possibilité de découvrir le futur terrain de chasse d'Isaac Clarke par le biais de dessins tout moches, dynamités de surcroît par une mise en scène frisant souvent le ridicule. Le titre se présente en effet comme une sorte de comics vaguement interactif dans la lignée des webizodes gratuits diffusés jadis avant la sortie du premier volet. Il permet de suivre les pérégrinations d'un ingénieur nommé Franco et d'une jeune femme à la gâchette facile.
L'histoire défile toute seule et voit notre beau duo convoler dans les entrailles de The Sprawl (La Méduse en français), la fameuse station dont nous vous parlons depuis l'annonce de Dead Space 2. Hélas, vous vous doutez bien que les Nécromorphes ne vont guère tarder à transformer une situation plus ou moins bien réglée en une jolie foire au pâté. Notre bel ingénieur va donc se retrouver à faire usage de ses innombrables talents électroniques pour tenter de sauver les meubles, ce qui donnera lieu à un trio de mini-jeux qui vous seront répétés sans vergogne jusqu'à la fin de l'aventure. Alors certes, ces fameuses activités gagneront en complexité au fil de la progression, mais le fait est qu'elles n'en resteront pas moins quelconques. Tenez, on devra par exemple s'évertuer à placer des miroirs pour orienter des rayons sur une sorte de circuit imprimé. Classique, et pas franchement sexy.
Dans le second mini-jeu, on cherchera à diriger un flux d'énergie à toute vitesse dans un parcours bourré d'obstacles, tout en ralentissant les flux adverses grâce à un petit stock de pièges et de bonus. Il s'agit là d'une épreuve frustrante dont le résultat semble davantage tenir de la chance que de vos réflexes. Le tout se transforme d'ailleurs en véritable chemin de croix dans les stages les plus avancés, puisqu'en plus de devoir faire avec la désagréable latence des contrôles, certains pièges inverseront carrément ces derniers. La troisième activité prend quant à elle la forme d'un tower defense inversé dans lequel on devra organiser notre flux d'attaquants, de sorte à pouvoir submerger l'ennemi. Dans les faits, il suffit en général d'expédier des tripotées d'"unités" au petit bonheur la chance pour l'emporter...
Un succès dans chaque mini-jeu vous permettra généralement de pirater un terminal ou d'ouvrir une porte et donc de faire progresser une histoire qui, si elle n'est pas dénuée d'intérêt, ne surprend jamais et n'apporte pas grand-chose de significatif à l'univers de Dead Space. A deux occasions, le soft vous proposera de choisir entre deux embranchements, et donc de découvrir chaque fois un pan différent de l'histoire. Mais encore faut-il être suffisamment fan de Dead Space pour avoir le courage de s'infliger plusieurs fois Ignition, aussi court soit-il. En outre, il est peu probable que la perspective de figurer en bonne place dans les classements en ligne ou celle d'affronter un autre joueur dans un des trois mini-jeux vous pousse à revenir vers ce prologue sans âme.
- Graphismes7/20
Difficile d'accrocher à ces dessins grossiers, qui ne respectent aucune notion de perspective et qui peinent finalement à donner vie à The Sprawl. La volonté de mettre tout cela en mouvement ne fait d'ailleurs qu'accentuer les défauts des illustrations, au point de frôler le ridicule. Un comble pour un titre qui mise quasi exclusivement sur son atmosphère pour convaincre les fans d'horreur que nous sommes.
- Jouabilité7/20
Dead Space : Ignition prend la forme d'un comics vaguement interactif, avec une histoire se déroulant toute seule, entrecoupée de trois mini-jeux ennuyeux, répétitifs et pour finir mal équilibrés.
- Durée de vie6/20
On ne mettra pas longtemps à boucler l'aventure, ce qui n'est pas forcément un mal. Dead Space : Ingnition tente néanmoins de nous maintenir prisonniers dans ses filets un peu plus longtemps en proposant deux embranchements différents et plusieurs fins. Les fans absolus de Dead Space y verront donc peut-être une occasion d'y revenir. On ne pourra pas en dire autant de la possibilité de jouer à deux aux mini-jeux.
- Bande son12/20
Les doublages anglais et les bruitages sont assez convaincants mais ne vous feront pas grimper aux rideaux non plus.
- Scénario9/20
Si l'histoire n'est pas inintéressante, la médiocre réalisation du soft empêche que l'on s'y plonge véritablement. C'est d'autant plus dommage que les deux embranchements proposés permettent d'assister à des scènes et à des conclusions résolument différentes.
Avec Dead Space : Ignition, on a presque l'impression qu'EA a tout simplement cherché à nous faire payer une série de webizodes d'introduction (ratés qui plus est) en leur adjoignant un trio de mini-jeux développés à la va-vite. Du coup, le seul véritable intérêt de cette production, c'est qu'elle donnera accès à une combinaison spéciale qu'Isaac pourra utiliser dans Dead Space 2... On s'attendait à mieux, c'est le moins qu'on puisse dire.