Après avoir largement exploré le mythe du roi Arthur dans leur précédente production, les petits gars du studio Neocore s'en retournent finalement en Terre Sainte pour nous livrer un nouveau STR dans la lignée de Crusaders : Thy Kingdom Come. Fidèle à ses bonnes vieilles habitudes, le studio a donc cherché à injecter quelques éléments issus des jeux de rôle à son bébé, de sorte à ce que l'ensemble ne ressemble pas trop à un simple copier-coller d'un épisode de Total War. Amis guerriers, l'heure est donc venue de sortir votre épée de son fourreau et de partir faire couler le sang de l'ennemi sous les regards enflammés de Saladin et de Richard Coeur de Lion.
Ceux qui avaient tâté de Crusaders : Thy Kingdom Come se souviennent peut-être que le titre proposait de revivre les batailles de la Première Croisade du côté des chrétiens. Eh bien ce nouveau titre nous entraîne une petite centaine d'années plus tard pour la Troisième Croisade et nous offre au passage l'opportunité de choisir notre camp. Le titre propose en effet deux campagnes distinctes mais il est fortement recommandé de débuter par celle des Croisés. Cela dit, quel que soit votre choix, les campagnes se dérouleront exactement de la même manière : vous vous retrouverez tout d'abord sur une carte du Proche-Orient découpée en 16 provinces. Votre objectif consistera bien évidemment à vous emparer de ces zones en mettant soigneusement sur pied une armée capable d'affronter toutes les situations. A chaque province correspond en effet une bataille précise sur une carte bien particulière. Une fois les premières missions traversées, vous disposerez d'un peu de latitude pour choisir les régions que vous souhaiterez conquérir en priorité. Cela peut paraître anodin, mais le fait est que certaines victoires vous permettront d'obtenir des unités spéciales en plus des traditionnelles piécettes sonnantes et trébuchantes.
Entre chaque mission, une phase de gestion permet en effet d'enrôler de nouvelles troupes, de faire se reposer les plus sollicitées, de les former, de les équiper ou de leur adjoindre des personnages spéciaux. On pourra ainsi opter pour des prêtres (pour un bonus de moral), des capitaines pour les performances martiales, ou des guérisseurs pour récupérer une partie des effectifs perdus après chaque affrontement. Tout ce que vous choisirez de faire lors de ces séquences conditionnera dans une large mesure vos résultats sur le champ de bataille. Il vous faut également savoir que vos unités gagneront de l'expérience ainsi que des objets spéciaux (potions, poisons, saintes reliques) lors de chacune de vos batailles. Si vos troupes accomplissent certains faits d'armes, elles obtiendront en plus des upgrades correspondants. Il vous faudra notamment penser à booster convenablement vos héros et leurs unités, de sorte à profiter de certains bonus indispensables. Bref, dans tous les cas, vous devrez vous assurer de préserver vos ouailles au maximum sous peine de vous retrouver en manque de troupes aguerries et bien équipées lors des missions les plus délicates. Rien ne vous empêchera non plus de revendre certaines de vos unités afin de maximiser votre efficacité.
Avant de foncer sur le champ de bataille en tant que Croisé, vous devrez également choisir de soutenir la stratégie de l'une des 4 factions représentées dans les forces chrétiennes : l'ordre des Templiers, la Papauté, le Saint Empire Roman Germanique ou la couronne de France. Soutenir un de ces groupes modifiera votre zone de déploiement ainsi que les objectifs de chaque mission (certains voudront que vous sécurisiez en priorité un palace, tandis que d'autres vous pousseront à capturer des lieux saints) et vous octroiera finalement des avantages spécifiques. En ce sens, Lionheart : King's Crusade offre une excellente rejouabilité, puisque chaque bataille pourra donc être rejouée plusieurs fois. Du côté des Sarrasins en revanche, vous n'aurez pas de faction particulière à soutenir mais devrez par contre acheter des améliorations technologiques à grands coups de points de culture, obtenus après chaque victoire. Les objectifs et les impératifs stratégiques seront également totalement différents...
Bref, vous l'avez compris, le titre de Neocore offre un contenu plutôt conséquent au sein d'un contexte historique dense, mais sur lequel ont été prises d'intelligentes libertés. Cela dit, la question est maintenant de savoir comment tout cela transparaît sur le champ de bataille. Eh bien, sachez que Lionheart : King's Crusade adopte un gameplay relativement classique où l'on devra tenir compte du relief pour utiliser des unités dont les points forts et les faiblesses sont très clairement définis. On veillera donc à placer nos fragiles archers en hauteur, à utiliser les fantassins en armure dans les zones ouvertes et les unités légères sur les terrains à la végétation plus dense, tout en choisissant des formations adaptées. Les héros occuperont toujours un rôle central dans votre ligne de défense, ne serait-ce que pour leur capacité à galvaniser les soldats. La cavalerie devra quant à elle être utilisée avec beaucoup de finesse, notamment lorsque vous choisirez de lancer une charge en profondeur. Assez dangereuse à mettre en oeuvre, cette technique verra vos fiers cavaliers traverser les unités ennemies sans s'arrêter, en écrasant un maximum de combattants. Le risque étant ensuite de voir nos chevaliers isolés, l'adversaire se faisant généralement une joie de lui expédier ses lanciers...
Reste que la cavalerie, tout comme les archers constituent les troupes les plus importantes du jeu, puisqu'elles permettront bien souvent de mettre en déroute des régiments entiers et donc de causer de véritables paniques dans l'armée d'en face. Lionheart : King's Crusade gère en effet le moral de manière convaincante, ce qui fera sans doute plaisir aux joueurs de Thy Kingdom Come, habitués à voir trois clampins continuer le combat face à 400 troufions. Du coup, en termes d'équilibre, on regrettera justement la puissance un peu trop exagérée des fameux archers, véritables maîtres des champs de bataille. Même constat pour les machines de siège, qui bien que limitées en nombre et obligatoirement installées sur des positions prédéfinies, se révèlent un peu trop redoutables contre les régiments de fantassins. En somme, même si tout n'est pas parfait au royaume de Croisés, Neocore est parvenu à concevoir un jeu qui tient franchement bien la route et qui ne perd jamais sa cohérence, pour peu que l'on accepte les petits "défauts" cités à l'instant. Hélas, à l'heure actuelle, le titre semble en plus avoir quelques petits soucis d'optimisation. On constate en effet quelques inexplicables saccades lors de l'utilisation du zoom en plein combat. C'est d'autant plus étonnant que le jeu est loin d'être un étalon graphique, se contentant bien souvent de textures grossières et d'animations basiques. Rien de rédhibitoire cependant. Aussi, si la période des Croisades vous intéresse et que vous êtes en mal de STR, nous ne saurions que trop vous conseiller de jeter un oeil bienveillant au bébé de Neocore. Le bougre ne manque pas d'arguments et a en plus le bon goût de ne pas être vendu trop cher.
- Graphismes12/20
Pas particulièrement agréable à regarder, Lionheart : King's Crusade affiche des unités correctement modélisées sur des cartes bien vastes, mais sans grande finesse. Le jeu souffre en plus de saccades récurrentes, notamment lorsque l'on se sert du zoom. On attendra donc un éventuel patch.
- Jouabilité14/20
Le soft propose deux phases distinctes : l'une dévolue à la gestion de notre armée et l'autre dédiée aux batailles elles-mêmes. L'ensemble est cohérent, riche, globalement bien pensé, même si on aurait peut-être souhaité davantage d'options tactiques sur le terrain.
- Durée de vie14/20
Deux campagnes d'une quinzaine de missions offrant toutes deux une bonne rejouabilité, un mode escarmouche et un multi se concentrant uniquement sur les batailles, voilà ce que vous réserve Lionheart : King's Crusade.
- Bande son13/20
Des bruitages basiques s'associent à un doublage anglais de bonne facture ainsi qu'à quelques compositions aux tonalités arabisantes pour former un fond sonore correct, sans plus.
- Scénario14/20
Partant de la réalité historique, Neocore nous invite à partager une toute nouvelle version de la Troisième Croisade à travers des missions qui n'ont elles, plus rien de réaliste. Mais on apprécie la possibilité de donner aux affrontements une tonalité épique de même que celle permettant de jouer les deux camps. Le titre dispose en outre d'une excellente atmosphère médiévale.
Moins inspirée que l'excellent King Arthur, la nouvelle production de Neocore ne manque tout de même pas d'arguments. Associant avec intelligence phases de gestion typées jeu de rôle et batailles rondement menées, le titre nous offre une excellente occasion de nous plonger dans une version imaginaire de la Troisième Croisade.