Sans raison apparente et alors que le prochain volet de salon de Ghost Recon ne verra pas le jour avant de longs mois, Ubisoft livre une déclinaison portable de la franchise. Et la discrétion avec laquelle ce volet voit le jour n’a rien de mystérieux…
Normalement, chez un gros éditeur comme Ubisoft, on traite ses franchises de la façon suivante : on annonce un nouvel épisode et on le sort en même temps sur tous les supports possibles en profitant du hype engendré par les versions à gros budget (de salon et PC donc). Voir débouler Ghost Recon Predator sur PSP sans réel battage médiatique est donc passablement étonnant… Mais bon, nous ne sommes pas du genre à bouder et nous voilà donc partis en compagnie des Ghosts au Sri Lanka afin d'y préparer un débarquement en force de l'armée américaine quand, tout à coup, tada, l'équipe découvre que les renseignements fournis sont faux et qu'une guerre s'apprête à être déclarée contre un ennemi qui n'en est pas un. On ne vous cachera pas que le scénario contient finalement assez peu de surprises et que de toutes façons, sa narration se fait par le biais d'écrans textes interminables et de quelques cut-scenes fixes sans grand intérêt.
Malgré tout, d'un point de vue technique, Ghost Recon Predator s'en sort avec les honneurs. La 3D affichée par la PSP est même assez convaincante, les modèles de personnages sont détaillés, bien animés, les textures sont fines et le jeu se paie même le luxe d'offrir une certaine variété dans ses décors. Même les effets sonores sont réussis. De ce côté-là, rien, ou peu, à redire. C'est joli. Là où le bât blesse, c'est pour tout le reste en fait. Comme tout opus de la série, Predator se veut tactique, plus ou moins. Et il nous en donne les outils de base. On peut donc filer des ordres sommaires à ses deux équipiers, leur indiquer où ils doivent aller ou gérer les règles d'engagements (feu à volonté ou reconnaissance). Une carte tactique vient en renfort ainsi qu'un gadget permettant de repérer les positions ennemies. Partant de là, l'idée est de placer ses hommes de façon à éliminer la résistance. Encore faudrait-il que ça marche.
En premier lieu, on y voit rien. C'est comme ça, personne n'y peut rien mais déchiffrer une zone sur l'écran de la PSP est franchement difficile. Un problème que l'on pourrait outrepasser si nos deux équipiers voulaient bien faire ce qu'on leur dit. Malheureusement, ils prennent un malin plaisir à nous contrarier. Dites-leur d'aller quelque part, ils iront, pas de soucis, quant à savoir s'ils vont y rester, c'est une autre paire de manches (ou de couillon en l'occurrence). Du coup, vous les retrouverez souvent plantés au milieu de nulle part. Autant dire qu'on est parfois surpris, lorsqu'on décide de passer d'un Ghost à l'autre, de se retrouver face à un ennemi qui nous lamine consciencieusement la tronche. A contrario, il arrive fréquemment de les découvrir collés à une paroi, inactifs, telles de dociles petites biches apeurées. C'est mignon tout plein. En d'autres termes, mettre en place une approche tactique tient du pari impossible. Vous avez déjà essayer de prendre un camp terroriste avec des enfants comme équipiers vous ? Non ? Ben voilà. Parce que les enfants, comme les Ghosts de cet épisode, ça peut s'amuser un max juste en tirant sur un mur.
En somme, on se retrouve seul contre tous et l'ambition tactique du titre passe à la trappe. Bien, alors admettons, soyons indulgents et considérons le jeu comme un simple shooter. Un shooter avec des ennemis sans réelle intelligence qui tirent eux-mêmes sur les murs parfois et ne doivent leurs quelques victoires qu'à la difficulté qu'on peut avoir à les repérer dans la masse. Globalement, on a donc droit à du tir sur cibles. Certes, du tir sur cibles joliment réalisé, mais pas moins terriblement ennuyeux. Et là d'un coup d'un seul, on comprend mieux pourquoi Ghost Recon Predator sort discrétos quelques mois avant Future Soldier : pour satisfaire quelques fans impatients et les décevoir ensuite.
- Graphismes15/20
On ne se plaindra pas, la réalisation est tout ce qu’il y a de plus honnête, c’est fin, détaillé et assez varié. Dommage toutefois qu’on doive souffrir d’angles de vision trop étroits et d’un aliasing plus ou moins prononcé par moments.
- Jouabilité7/20
Les commandes sont limites confuses et l’IA alliée ou ennemie ne permet pas plus de monter une approche tactique que de trouver un quelconque plaisir en prenant le jeu comme un "simple" shooter. Soit on s’énerve, soit on s’ennuie.
- Durée de vie10/20
Dans l’absolu, Ghost Recon Predator propose une campagne assez longue mais il manque singulièrement d’arguments pour retenir le joueur bien longtemps.
- Bande son14/20
Les doublages en cours de jeu sont plutôt bons, on n’en dira pas autant des rares cut-scenes. Les effets sont convaincants, les thèmes musicaux corrects mais anodins.
- Scénario/
En dépit d’une réalisation qui a de quoi charmer le regard, Ghost Recon Predator n’a pas vraiment de quoi briller. Commandes mal fichues, IA à la ramasse, son aspect tactique est inexistant ou en tout cas quasiment impraticable et en tant que shooter il ne vaut pas grand-chose. Dommage, c’était joli.