Avec l'annonce du retour de GoldenEye, Activision et Nintendo ont décidé de jouer sur la fibre nostalgique des nombreux fans du jeu initial, sorti en 1997 sur N64. Mais là où les joueurs attendaient un remake, ils trouveront finalement un titre original ne reprenant que les grandes lignes du fabuleux FPS de Rare et une partie de la trame scénaristique du film datant de 1995. Une déception vidéoludique de plus liée à l'univers de James Bond ? Pas vraiment car manette en main, ce mélange s'avère plutôt engageant !
Il est loin le temps où Rare était au firmament du jeu vidéo, l'époque où la firme britannique semblait transformer en or tout ce qu'elle touchait. Donkey Kong Country, Banjo-Kazooie ou encore Perfect Dark sont autant de titres sortis tout droit de l'imagination des équipes de ce brillant studio. Aujourd'hui, Rare, passé entre-temps chez Microsoft, se débat avec son passé, sans jamais parvenir à égaler ses performances d'antan. Et c'est non sans une certaine tristesse que les développeurs de l'époque doivent constater le retour en grâce de l'une de leurs plus belles œuvres, le magnifique GoldenEye 007. Il aura fallu 13 années pour que le jeu revienne sur le devant de la scène. Et c'est à Activision, détenteur des droits d'exploitation de la licence James Bond, qu'est revenue la lourde charge de ramener ce mythe à la vie.
Le développement du projet a été confié à Eurocom, qui a essayé de mettre toutes les chances de son côté pour que tous les fans soient satisfaits. Cela commence par la vente d'une manette classique directement avec le jeu. Une obligation pour un titre qui mise avant tout sur la nostalgie des joueurs. Quoi de mieux, après tout, qu'un bon vieux pad pour retrouver ce feeling GoldenEye si singulier ? Évidemment, on pourrait croire qu'en 2010, le temps a fait son effet et que les ressorts de l'époque ne fonctionnent plus aujourd'hui. Mais les développeurs ont bien sûr tenté de remédier à ce problème en adaptant le jeu aux standards actuels. Enfin... c'est le discours officiel. Car par adapter, comprenez plutôt profondément modifier. Ainsi, votre vie se régénèrera toute seule si vous restez planqué suffisamment longtemps. Certaines phases d'action bénéficient d'effets modernes comme des ralentis façon Call of Duty lorsque vous pénétrez avec fracas dans certaines salles. Enfin, l'ami James est capable d'exploser la nuque de ses ennemis à mains nues si vous parvenez à suffisamment vous en approcher. Normal puisque l'espion britannique a ici pris les traits de Daniel Craig qui prend à cette occasion la place de Pierce Brosnan. Il en résulte un Bond forcément plus brutal, à l'aise avec ses poings autant qu'avec une kalachnikov. Ces techniques à mains nues permettant d'éliminer en une fraction de seconde ses opposants nous ont d'ailleurs paru beaucoup trop efficaces. Vous aurez en effet la possibilité de naviguer d'ennemi en ennemi en déclenchant ces phases contextuelles consécutivement, pratiquement sans dommages collatéraux. On espère qu'à un niveau plus élevé, l'affaire se corsera drastiquement. Évidemment, dans le cahier des charges du FPS parfait de 2010 figure en excellente place l'aspect visuel. Là, force est de constater que le bilan déçoit un peu. Le jeu laisse transparaître un manque de finition certain. Outre des textures vraiment trop sommaires, on regrettera aussi des collisions parfois étranges et des animations un brin datées. Pas de quoi crier au scandale pour un titre Wii mais pas de quoi non plus se pavaner fièrement devant la concurrence.
Au cours des quelques minutes passées en compagnie de GoldenEye 007, il nous a clairement semblé que le jeu partageait tout de même quelques similitudes avec son illustre prédécesseur. A commencer par la caméra se baladant à travers le niveau avant de se fixer sur votre personnage au moment où vous en prenez le contrôle. Le premier niveau au cours duquel James doit s'infiltrer dans une base russe est très proche de ce que l'on a connu sur N64. Plus loin, un passage éclair dans un conduit menant à des toilettes vous rappellera certainement le niveau Facility et son architecture inoubliable. Finalement, c'est à travers ces petits clins d'œil qu'Eurocom a souhaité rappeler aux joueurs qu'ils étaient bien dans GoldenEye et pas dans un autre James Bond quelconque. L'histoire, écrite par Bruce Feirstein, qui avait œuvré à ce même poste sur le film, est là pour le rappeler. Et ce, même si certains personnages ont disparu et qu'une partie du scénario a été réécrite pour coller à un contexte politique plus actuel, l'original utilisant comme point de départ la fin de la Guerre Froide. Moderniser l'histoire était également nécessaire en vue de la présence de Daniel Craig. Cela a aussi permis l'introduction d'objets qui n'avaient pas leur place il y a 15 ans comme le smartphone servant à cracker des systèmes de sécurité ou à prendre des photos. Toutefois, question authenticité, GoldenEye 007 fait très fort avec un générique de début complètement dans l'esprit des derniers Bond, des briefings très « Quantum of Solace », présentés par la voix de Judi Dench et des musiques signées David Arnold, compositeur officiel depuis « Demain ne meurt jamais ».
Le niveau auquel nous avons pu prendre part semble être le symbole de ce que vous trouverez dans le jeu. L'action y était très intense. Nous devions réaliser plusieurs objectifs périlleux nécessitant parfois une approche plus posée pour vous infiltrer discrètement dans des lieux très sécurisés. L'apparition de nombreux ennemis a d'ailleurs été l'occasion de tester leur réactivité. Celle-ci a très clairement été travaillée car sous le feu des balles et des assauts incessants de vos opposants, il ne sera pas toujours aisé de vous en sortir vivant. D'autant plus qu'ils n'hésitent pas à venir vous débusquer ou à tirer allègrement sur votre planque, histoire de mettre en miettes le peu d'éléments du décor qui vous servaient de couverture. Seule une tendance évidente au suicide lorsqu'ils ont pour unique obsession de vous trouver, pouvait indiquer un certain manque de logique chez les ennemis. Quoi qu'il en soit, il faudra impérativement utiliser votre environnement pour éviter les balles. Les level designers ont fait en sorte que vous ayez tout un tas de cachettes derrière lesquelles patienter. Plus généralement, les niveaux sont construits intelligemment, autant verticalement qu'horizontalement et on sent que les parties en multijoueur peuvent potentiellement être grandioses.
Le contenu de titre devrait d'ailleurs être plutôt riche. Outre un mode solo qui s'annonce sympathique, c'est surtout des modes multijoueur dont on attend énormément. Évidemment, GoldenEye 007 ne serait pas un GoldenEye digne de ce nom sans du split screen. Quatre joueurs pourront ainsi s'affronter sur le même écran, dans leur salon. Online, c'est huit protagonistes que les parties pourront accueillir. Pour ce qui est des personnages, un large choix vous sera laissé puisqu'ils sont au nombre de 40. Vous trouverez parmi eux plusieurs versions de Bond mais aussi Oddjob, Scaramanga ou encore Jaws. Bien sûr, toute la partie en ligne inclura ce dont les FPS modernes ne peuvent plus se passer, un aspect évolution avec gain d'expérience et tout un tas d'éléments à débloquer. Divers modes de jeu multijoueurs sont évidemment au programme comme le curieux « Paintball » et le très sélectif « You Only Live Twice » qui ne tolère que deux échecs avant de vous éjecter définitivement de la partie. De quoi vous occuper très longtemps, comme l'avait fait en son temps le premier GoldenEye.
Activision a basé l'intégralité de sa communication sur la réputation exceptionnelle de la licence GoldenEye. Une démarche critiquable car le jeu d'Eurocom est loin d'être identique à son modèle malgré l'hommage appuyé qu'il lui rend à travers quelques clins d'œil. Il n'atteindra certainement pas sa popularité non plus. Mais ne nous méprenons pas, cela n'empêche pas le titre développé par Eurocom d'être très bien ficelé. Grâce à une mise en scène soignée, à un gameplay conçu avec minutie et à un contenu dense, cet épisode a des arguments de poids pour séduire les possesseurs de Wii, en mal de grands FPS.