On connaissait la série Front Mission comme une suite de RPG tactiques mettant en scène des grosses armures, il faut à présent la voir comme une franchise orientée action à tout va. Un changement de registre qui déroute les fans et ne satisfait pas pour autant les amateurs de TPS.
Ca, pour ce qui est du changement, on peut dire que Front Mission s'est offert une sacrée chirurgie. Oubliez tout ce qui peut avoir rapport avec le jeu de rôle, en dehors du scénario et de l'univers. Pour résumer, l'histoire se déroule dans un futur pas trop proche dans lequel le monde est divisé en factions qui ne savent pas vraiment si elles ont envie de se faire la guerre ou des papouilles. Dans le cas présent, plutôt la guerre en fait. Vous, vous êtes Dylan, un ingénieur qui rejoint par accident les rangs de l'armée dans le seul but de découvrir quel destin a connu son père et éventuellement le venger. Ce qu'il fera en pilotant son Wanzer, une armure de combat de quelques tonnes lourdement armée.
Loin des jeux de méchas hyper complexes, Front Mission Evolved se joue en gros comme n'importe quel autre shooter à la troisième personne. Si on aurait pu s'attendre (ou craindre, selon chacun) d'avoir à gérer le poids et l'inertie de ces énormes carcasses, il n'en est rien. Les Wanzers sont rapides, agiles et finalement, si on couvrait leurs modèles 3D avec une skin humaine, on ne verrait guère de différence. Ce qui les distingue, évidemment, ce sont certaines aptitudes peu fréquentes chez le bidasse moyen. Par exemple, ils sont capables d'activer un boost et de glisser sur le sol à grande vitesse ou même de planer sur une courte distance. En outre, ils embarquent un arsenal personnalisable. Pour modifier son mecha, il suffit de gagner de l'argent et d'acheter des pièces à disposer sur les différents emplacements. Attention toutefois à respecter une règle simple : ne pas accumuler trop de poids. En général, dans un jeu mettant en scène des méchas, la customisation est un aspect essentiel du jeu, voire même gratifiant. Ici, non. Non seulement ça manque d'intérêt, mais plusieurs missions imposent carrément des configurations particulières qui nous privent de ce travail de création. Etonnant, mais après tout, on avait déjà compris que Double Helix bossait avec l'idée de rendre le jeu le plus simple possible. Un gros jeu d'action pure et dure.
Malheureusement, l'action pure et dure proposée par Front Mission Evolved n'a pas vraiment de quoi faire grimper aux rideaux. En fait, c'est un gameplay assez plat et fade qui s'offre au joueur. Au démarrage, les décors partiellement destructibles et les grosses explosions séduisent. Après une heure ou deux, ils fatiguent. La campagne solo avance sur des rails, enfilant les clichés, ne parvenant jamais à surprendre. On progresse en shootant comme le pire des bourrins et sans jamais constater la moindre montée de fun. Si vu de l'extérieur le spectacle pyrotechnique peut donner le change, pad en mains, on s'ennuie. Encore que, il y a régulièrement des phases de jeu qui réveillent : les boss. Affronter ces derniers revient systématiquement à se battre contre un ou deux adversaires pourvus d'un blindage et d'une puissance de feu absolument débiles. En gros, vous passerez 20 minutes à tourner en rond comme un couillon sans jamais relâcher la touche de tir et en attendant que les bonus de santé et les packs de munitions réapparaissent de façon régulière lorsque vous serez au bord du game over. Non mais sérieusement ? C'est quoi cette idée à la noix ? Le pire, c'est que ça n'est même pas dur, juste inutilement interminable. Front Mission Evolved vous réserve également une autre surprise avec des phases de jeu à pied. Des séquences qui frisent le degré zéro du TPS avec des mouvements secs au possible, un feeling des armes inexistant, l'impossibilité de se mettre à couvert et une IA dans les choux. Là encore, on se demande ce qui est passé à travers la tête de Double Helix.
En d'autres termes, la campagne solo de Front Mission Evolved est passablement ratée, trop plate, limite soporifique. Certains voudront se rabattre sur le multijoueur qui peut en effet offrir un peu plus de peps. Pour autant, les modes sont hyper classiques et surtout les parties sont diablement interminables en raison d'objectifs de score bien trop hauts. Du coup, au final, là aussi on en vient à s'ennuyer et à constater qu'à tous les niveaux, Front Mission Evolved, c'est tout juste moyen, à tous les niveaux.
- Graphismes13/20
Il faut reconnaître que les Wanzers ne manquent pas d'allure. On n'en dira pas autant des pilotes qui sont de simples stéréotypes sans caractère, en particulier le héros. Globalement, les environnements sont corrects mais certaines textures bavent et sont assez moches.
- Jouabilité12/20
Un shooter assez fade malgré un déluge d'explosions. Les combats contre les boss sont une plaie et on trouve finalement le temps un peu long. Au moins, la prise en main est efficace et ne pose pas de problèmes majeurs.
- Durée de vie14/20
La campagne n'est pas bien longue et on boucle les 5 chapitres sans trop tarder. Le multijoueur permet d'augmenter la durée de vie, notamment grâce à son système de classement mais ses parties traînent en longueur et on aurait vite tendance à lâcher l'affaire.
- Bande son14/20
Les doublages sont absolument minables, en particulier ceux des boss qui répètent pendant 20 minutes les deux mêmes répliques de série Z. Les effets en revanche sont plutôt réussis et en mettent plein les oreilles.
- Scénario11/20
Malgré sa tendance à se montrer verbeux, Front Mission Evolved n'est pas très fourni côté scénario, comme beaucoup de jeux d'action, il se contente du minimum et d'une histoire vue et revue.
En voulant changer l'orientation de la série, Square Enix et Double Helix en ont fait un jeu de tir à la troisième personne d'une banalité sans nom. Même la customisation, quand on nous laisse en faire usage, n'est finalement qu'un gadget. Ni repoussant, attirant, Front Mission Evolved est juste un de ces titres qui sont tout sauf mémorables. A l'exception de ses boss avec qui on fait connaissance pendant des heures.