Cette année est celle des revivals de licences autos puisque après le come-back de la F1 grâce à Codemasters, c'est le WRC qui fait son retour dans nos machines. L'inséparable duo Black Bean/Milestone est à l'origine du projet et ne change pas ses habitudes en proposant un titre à mi-chemin entre arcade et simulation.
Noyées sous des jeux de courses Offroad, apparemment "in" et appréciés du grand public, les machines que sont la PS3, la 360 et le PC font partie d'une génération boudée par le WRC. C'est donc avec une joie non dissimulée que nous accueillons le jeu officiel de cette discipline dont on ne parle en France que lorsqu'il est temps d'évoquer Sébastien Loeb. Pourtant, le genre est unique et il fut une époque où deux ou trois éditeurs n'hésitaient pas à sortir des pépètes pour avoir leur propre jeu de rallye. Déjà possesseur des licences Superstars et SBK, peu connues du grand public, Black Bean a donc acquis les droits d'exploitation du WRC afin de s'appuyer sur un contenu riche et crédible, suffisamment fiable pour que les fans s'y retrouvent. L'éditeur a même été plus loin puisque les catégories S-WRC, P-WRC et J-WRC sont elles aussi au rendez-vous ! Ce sont près de 60 pilotes officiels qui sont réunis (et même Ken Block, qui a participé à quelques rallyes cette saison), environ 15 par catégorie, qui courent sur C4, Focus, Impreza, Fiesta, Fabia, 207, Grande Punto, Lancer, Swift, C2, Civic ou Clio. Question authenticité, on est servi ! En revanche, si vous voulez conduire la BX4 TC, la RS200, la Delta S4, la 205 T 16 et la R5 Maxi Turbo, des voitures de légendes, vous devrez ajouter 5€ à la note en téléchargeant le pack en ligne... Bêêêêêêêêêêê !
Pour ne rien gâter, le contenu du jeu est lui aussi, à la hauteur de nos attentes. Il vous est possible, en incarnant l'un de ces messieurs (Loeb, Ogier, Sordo, les Solberg, Hirvonen, Latvala, Raikkonen & Cie), de disputer un championnat en suivant le calendrier officiel de la saison 2010. La liberté vous est même donnée, si vous le souhaitez, de le raccourcir en sélectionnant les rallyes de votre choix et d'en modifier l'ordre ou le nombre de spéciales. Bref, tout y est, même un multi aussi bien hors ligne qu'en ligne, qui permet à deux, trois ou quatre joueurs de disputer une spéciale, un rallye ou carrément un championnat en jouant chacun leur tour. On évite ainsi les modes multi classiques qui transforment le rallye en course de stock-cars où plusieurs voitures sont réunies sur d'étroites départementales... On ne peut ainsi rien reprocher à Milestone quant au contenu de son titre, vraiment pensé pour les puristes. En plus, WRC compte un mode Carrière progressif dans lequel le joueur part d'une Swift ou d'une C2 pour ensuite débloquer de nouvelles voitures, en remplissant des objectifs de place. Il acquiert ainsi des crédits qu'il dépense en achetant des caisses plus puissantes, de nouveaux tons de couleurs ou encore des skins originales, comme le lui réclament les différents sponsors avec qui il négocie une place sur la carrosserie. On aurait préféré un mode Carrière à la V-Rally, suivant la logique d'un championnat, ce qui n'est pas le cas ici. L'enchaînement d'épreuves est assez décousu et le background relativement décevant.
Mais pas autant que le gameplay. La prise en main est d'entrée assez déroutante, la faute à une gestion de la glisse pour le moins déconcertante, extrêmement rigide et automatique. Le braquage contre-braquage, pourtant naturel en rallye, est inutilisable, la voiture possédant une inertie irréaliste et étant systématiquement replacée dans l'axe de la piste. En plus de ne pas sentir le poids de la voiture ni même son contact avec le sol et les différentes surfaces, on ne retrouve aucune sensation propre au WRC, une discipline nerveuse et nécessitant d'excellents réflexes. Ici, tout est mou, plat (que ce soit le gameplay ou les tracés) et les routes sont trop larges et rectilignes. En J-WRC, il est quasi impossible de faire partir la voiture en dérapage si ce n'est en utilisant le frein à main, ce qui découle sur un sous-virage constant et en totale opposition avec le rallye tel qu'il est en réalité. En WRC, c'est l'effet inverse, la voiture étant une vraie savonnette qui semble tourner de manière répétée autour d'un axe. La vue intérieure, dépouillée, comme l'ensemble de la réalisation d'ailleurs, parvient par moments à rectifier le tir. Toutefois, l'impression de vitesse est absente et surtout, les particularités des surfaces trop minimisées. Dommage car le jeu bénéficie d'une modélisation des dégâts tout à fait correcte bien qu'il faille taper très fort et plusieurs fois pour que cela ait un vrai impact mécanique. Au final, le gameplay de WRC n'est pas celui d'un jeu de rallye, l'expérience est donc de facto un échec.
- Graphismes10/20
Dépouillés, fades, sans grande personnalité, les 13 rallyes du calendrier officiel sont méconnaissables. Les décors sont dignes de la génération précédente de machines, bâclés et à trop se vouloir réalistes, s'avèrent ternes et déprimants. La modélisation des voitures est en revanche assez réussie mais l'absence d'effets en tout genre ne les met pas toujours en avant. Quant à la vue intérieure, elle est tout simplement à oublier.
- Jouabilité9/20
Le vrai problème de WRC, c'est que son gameplay n'est pas celui d'un jeu de rallye. A partir de là, le constat est clair, il passe à côté de son sujet. La gestion des dérapages est trop automatisée et les voitures ont systématiquement des réactions extrêmes, en sous-virant sans raison ou en jouant le rôle de savonnette. Aucun plaisir, aucune sensation de vitesse, des surfaces sous-exploitées... Le bilan est bien décevant.
- Durée de vie16/20
Quelle frustration qu'un tel contenu ne serve finalement pas à grand-chose ! En dehors du mode Carrière que nous avons trouvé incomplet et trop "arcade" dans l'âme, WRC offre plus que n'importe lequel de ses prédécesseurs. En empilant les catégories et en disposant d'un multi hors-ligne et en ligne très intéressants, le jeu de Milestone avait toute la base ! Mais uniquement ça...
- Bande son11/20
Les bruitages sont nettement exagérés et on peine bien à reconnaître les moteurs des voitures officielles. Le copilote quant à lui remplit bien son rôle en étant sobre et efficace. Le tout manque cruellement de punch.
- Scénario/
WRC avait toutes les cartes en mains pour s'imposer comme indispensable aux yeux des amateurs de la discipline. Un contenu riche, des modes complets, un multi bien présent... Malheureusement, le gameplay ne suit pas, les mécanismes n'étant tout bêtement pas ceux d'un jeu de rallye. Les tentatives des développeurs pour nous donner l'impression de conduire la C4 de Sébastien Loeb restent ainsi vaines. Inertie surprenante, réactions irréalistes, plaisir de conduire absent... Ajoutons à cela des temps de chargement longuets et quelques bugs, WRC manque le coche et c'est toute une communauté qui restera frustrée.