Sur Wii, FIFA a été tantôt simulation en vue verticale tantôt un mix entre matches réels et matches Miiesques ou dernièrement, un jeu bourrin hyper arcade. Eh bien, devinez quoi ? Pour sa quatrième prestation sur la console de Nintendo, FIFA a encore changé d'orientation !
On pensait, après s'être vraiment éclaté à FIFA 10, qu'EA Sports avait enfin trouvé sa voie sur Wii, proposant un titre débridé, surréaliste et génial à plusieurs. Visiblement, le résultat n'a pas donné entière satisfaction puisque sans jeter tous les éléments de son aîné, FIFA 11 préfère proposer carrément autre chose. A quoi a-t-on droit cette fois ? A un titre possédant deux facettes. La première, est un mélange des deux précédents opus, à savoir des matches mixant arcade et "simulation", entre une construction du jeu assez crédible et des frappes résolument puissantes. La seconde rend hommage au foot de rue et au foot en salle, deux manières de jouer au ballon disparues depuis FIFA Street 3 et FIFA... 98 ! Du coup, aussi étonnant que cela puisse paraître, EA réussit une fois de plus à renouveler son jeu de foot sur Wii, adoptant une double-formule qui accouche d'un mode Carrière hyper prenant.
Le mode en question prend le risque de mêler les deux univers en imaginant la trajectoire d'un joueur de rue qui aspire à évoluer un jour sous les couleurs du club de ses rêves. Avant de s'étaler sur cinq saisons, cette Carrière vous propose évidemment de créer votre avatar via une interface plutôt sommaire mais la réalisation étant ce qu'elle est, on ne s'en étonnera pas plus que ça. Par la suite, une série de matches en 5 vs 5 vous attend, tout d'abord dans de petits quartiers du monde entier puis, en futsal. L'objectif est d'acquérir une réputation suffisante pour attirer l'œil d'un recruteur d'un club professionnel, afin de fouler de véritables pelouses dans des stades majeurs. Le profil de ce mode le rend extrêmement prenant car il met l'accent sur la progression du joueur, de ses attributs et de sa réputation. Avant chaque match, une liste de trois objectifs sont proposés à l'utilisateur qui, s'il les coche, s'engage à les réussir pour obtenir les "points de gloire" nécessaires à sa progression. S'il échoue, il perd ces mêmes points, comme un pari. Un quatrième objectif "gratuit" permet quoi qu'il arrive de gagner des points sans risquer de reculer dans la hiérarchie. Ce mécanisme à lui seul suffit à rendre les matches intéressants et de facto, très différents les uns des autres.
En marge de ces points de gloire, votre avatar récupère des points d'expérience, glanés en dribblant, en shootant, en marquant ou en multipliant les gestes techniques. Ceux-ci servent ensuite de monnaie pour booster chacun des huit attributs du joueur (tirs, passes, contrôle de balle, têtes, tacles, lucidité, vitesse et endurance) et faire grimper sa note générale. La façon d'évoluer est réellement personnalisée car en fonction de ses choix et de son poste préférentiel, l'utilisateur formera un joueur original disposant de compétences qui lui sont propres. Bien que l'interface et le mode dans son ensemble demeurent très grand public, la gestion n'a rien d'automatique et vous avez une maîtrise totale des événements. L'exemple le plus flagrant concernent les récompenses post-match, sous forme de roulette russe. En déclenchant l'arrêt du témoin au bon moment, vous pouvez piocher des points d'XP, de gloire ou encore de turbos. Ceux-ci concerne votre équipe toute entière et attribuent des bonus à l'ensemble des joueurs, pendant un instant T ou un temps limité. Une fois utilisé, le "turbo" est perdu, il faut alors réunir de nouveaux turbos pour les employer séparément ou les combiner afin d'avoir une puissance supplémentaire.
Bref, dans l'architecture, on ne peut rien reprocher au mode Carrière. Sur la forme, on dispose d'un FIFA Street-like efficace durant la première saison. Si l'on peut émettre quelques doutes quant à la disposition des touches sur les différentes configurations de commandes (Wiimote + Nunchuk, que l'on conseille, Manette Classique ou encore "All-Play" (pour le coup, trop assistée)), la prise en main est plutôt rapide et la nervosité du gameplay permet, à l'aide d'une IA hyper réactive, adaptative et intelligente dans ses déplacements, de prendre beaucoup de plaisir en 5 vs 5. Les reprises de volées et autres passes avec le mur sont un jeu d'enfant, qu'il s'agisse de secouer le Nunchuk pour lever la balle ou la Wiimote pour s'appuyer sur le béton. Pourtant, on n'atteint jamais l'irréalisme d'un FIFA Street et finalement, ce n'est pas plus mal. Chaque terrain dispose de ses propres originalités qui vont bien au-delà de l'environnement ou des décors. Ainsi, certaines parties se disputent sans gardien avec en guise de cage de buts, un petit trou de forme rectangulaire taillé dans le mur ou un panier de basket élargi, situé en hauteur. Tout les quartiers ne sont pas équipés en filets, il est donc fréquent de marquer des buts en visant simplement un rectangle dessiné à la craie contre un mur, comme nous l'avons tous fait étant petits. Si la performance technique n'est pas vraiment impressionnante, la personnalité de chaque terrain nous séduit sans difficulté.
Rapidement (dès la seconde saison en fait), vous serez amené à signer dans un club professionnel modeste (la meilleure équipe qui souhaitait nous faire signer était Dundee Utd dans notre partie...) afin de passer au 11 vs 11. A partir de là, retour à un gameplay plus consensuel, assez proche de celui de FIFA 10 mais sans le côté frappes de mule venues d'ailleurs. Simulation sans l'être, arcade sans l'être non plus, ce gameplay est un mélange assez indéfinissable mais devrait contenter les amoureux de ballon rond qui jouent sur Wii. Seulement là aussi, la configuration des touches laisse à désirer et presser le porteur du ballon sans perdre le contrôle de votre propre joueur ou sans replacer dix fois le Nunchuk dans votre main est bien compliqué. Du côté des modes annexes, on peut toujours compter sur une liste de compétitions (championnats ou coupes) démentielle, la même que sur les autres machines (y compris le championnat de Russie comme nouveauté) ainsi que sur un mode manager/joueur classique. Il y a donc de quoi faire, d'autant que le multi hors-ligne ou en-ligne à 4 apporte sa dose de bonus.
- Graphismes14/20
Techniquement, FIFA 11 est tout juste dans la moyenne, avec des visages grossièrement modélisés et des détails trop souvent oubliés. En revanche, le choix d'offrir deux designs compatibles et différents à la fois confère au jeu une vraie personnalité. Le foot de rue est notamment très réussi.
- Jouabilité16/20
Très arcade mais toutefois crédible et équilibré en foot de rue ou foot en salle, le gameplay devient plus posé en matches classiques. Dans l'ensemble, le profil de FIFA 11 correspond très bien à la machine et à son public potentiel. En revanche, la configuration des touches n'est pas encore au point.
- Durée de vie15/20
S'étalant sur cinq saisons, le mode Carrière qui mixe foot de rue et matches réels est un petit bijou, apportant beaucoup au reste du contenu, plus anecdotique ou tout du moins, prévisible.
- Bande son15/20
L'ambiance des matches de rue est plutôt réussie bien que les encouragements tendent à se répéter. Quant aux matches de base, ils sont toujours commentés avec habileté par Hervé Matthoux.
- Scénario/
FIFA 11 réussit, tout en lançant une fois de plus la série sur de nouvelles bases, à s'adapter au public Wii pour lui offrir un contenu d'évidence pensé pour la console. En remettant au goût du jour les matches de rue et en salle, FIFA se diversifie et parvient même à combiner ce foot-là aux matches classiques avec habileté. Via un mode Carrière prenant sur le long terme, cet opus est donc à conseiller à tous les amateurs de ballon rond.