Longtemps considérés comme d'insupportables mais inoffensifs serviteurs de la race humaine, les Claptraps ont finalement décidé de rompre leurs chaînes et de goûter enfin aux joies de la liberté robotique. Mené par un mystérieux Claptrap Ninja Assassin Intergalactique, l'innocent mouvement de contestation s'est finalement mué en une sanglante révolution. Révolution qui donne bien évidemment l'occasion à Gearbox de nous fournir une quatrième extension centrée sur les personnages les plus emblématiques de l'univers de Borderlands.
Avouez qu'être confronté à des hordes de petits robots débiles, dont on connaît le goût prononcé pour la tecktonik, les costumes improbables, les blagues vaseuses et les traités scientifiques sur les propriétés du sable, a franchement de quoi mettre l'eau à la bouche. L'impatience des joueurs était d'autant plus compréhensible que, jusqu'à présent, Gearbox avait mis un point d'honneur à pondre des extensions d'excellente qualité, au point de faire passer la plupart des autres DLC disponibles sur le marché pour de vulgaires torchons. Alors autant ne pas tourner autour du pot de chambre pendant 107 ans et crever la pustule tout de suite : Borderlands - Nouvelle Révolution, sans être un ratage, est sans doute l'add-on le moins réussi du lot. Ayé, voilà, c'est dit. Ca fait mal, c'est sûr, mais croyez-nous, cela vaut sans doute mieux d'entendre la vérité tout de suite.
Car voilà, le principal défaut de ce nouveau DLC, c'est sans conteste de faire beaucoup trop de recyclage et de jamais vraiment réussir à faire valoir son identité. On est ici bien loin des paysages enténébrés des l'île aux zombies, loin des challenges des impitoyables arènes de Moxxi, et loin du trip Mad Max de l'Armurerie du Général Knoxx. Non, Nouvelle Révolution se contente en effet de nous présenter quelques zones peu originales, inspirées de décors déjà bien connus des fans : en dehors de la station Tartarus, nouvelle ville traversée par une ligne de chemin de fer, on nous proposera en effet de parcourir une vaste décharge, une nouvelle grotte, une carrière et une usine. Tout cela en dézinguant des versions cybernétiquement modifiées des traditionnels bandits, boss et autres skags de Pandore (seuls les skins ont changé, leur comportement reste identique). Les seuls nouveaux ennemis se trouvent justement être des Claptraps. Dotés pour certains de cartouchières, de casques, de katanas ou de gants de boxe, les bougres feront tout leur possible pour compenser leur grande faiblesse par le nombre. On se méfiera plus particulièrement des Claptraps kamikazes, se jetant sur vous avec une délicieuse conviction.
Cela dit, même l'humour, grande force de Borderlands, paraît moins mordant qu'à l'accoutumée. En dehors de quelques répliques cinglantes et des phrases bien vite répétitives des Claptraps en train de succomber ("Erreur 404... Argh !"), Nouvelle Révolution s'avère un petit peu avare en débilités. Un comble pour un DLC censé faire honneur aux protagonistes les plus frappés de l'univers Borderlands. Il est vrai qu'une fois ces rares nouveautés consommées, on s'apercevra vite que l'extension n'apporte plus rien de frais et se contente du minimum syndical. C'est ainsi qu'on se coltinera par exemple une énième succession de quêtes de récolte, dans la veine des cerveaux à récupérer par centaines sur l'île du Dr. Ned, à ceci près que les beaux encéphales seront remplacés par des composants de Claptraps. Même les missions principales, au nombre de 9, ne vous demanderont globalement qu'à traverser des bouts de niveaux toujours trop familiers pour y remplir des objectifs également trop familiers : remettre en marche l'électricité, mettre hors tension une usine, etc.
Nouvelle Révolution intègre en outre 12 quêtes annexes pas franchement folichonnes (en comptant celles de collecte de composants) dont le seul intérêt consistera à vous permettre d'engranger bêtement un peu plus de points d'expérience, si vous n'avez toutefois pas déjà atteint le niveau 61 ! Pour les joueurs de haut niveau, le seul intérêt résidera en effet dans la possibilité d'obtenir un unique point de compétence supplémentaire ainsi que trois emplacements dans leur inventaire via un KOS sac à dos. Ou alors, peut-être vous faudra-t-il attendre la prochaine mise à jour gratuite, censée faire passer le level-cap à 69. En l'état, Borderlands : Nouvelle Révolution n'offre pour ainsi dire aucun challenge aux persos ayant atteint un niveau supérieur à 35. Tout cela étant maintenant bien clair dans votre esprit enfiévré d'aventurier, il convient néanmoins de dire que si ce nouvel add-on ne brille pas par son originalité, il offre entre 3 et 6 heures de jeu somme toute assez sympathiques à traverser pour peu que l'on soit fan absolu de la formule de Gearbox.
- Graphismes15/20
Le charme Borderlands opère toujours même si du côté des environnements, cette extension n'apporte rien de véritablement nouveau. Le bestiaire n'évolue pas non plus, même si les divers appendices technologiques ajoutés aux ennemis traditionnels par les développeurs sont manifestement là pour nous faire croire le contraire. On appréciera toutefois la possibilité de dégommer des Claptraps aussi belliqueux que délirants, puisqu'ils s'agit en fait des seuls "nouveaux" adversaires proposés.
- Jouabilité14/20
La formule classique de Borderlands est reprise à l'identique, avec beaucoup moins d'inventivité que dans les précédents DLC. On enchaîne donc les quêtes classiques sans trop se poser de question, histoire de grappiller quelques points d'expérience supplémentaires. On note au passage que Nouvelle Révolution ne s'adresse pas à des personnages ayant déjà dépassé le niveau 35.
- Durée de vie14/20
Comptez entre 3 et 4 heures pour boucler l'aventure principale et ajoutez à cela 1 ou 2 heures supplémentaires pour venir à bout des quêtes secondaires. On a toutefois l'impression que les zones proposées ont été un poil "étirées" pour rallonger la durée de vie de l'extension. Sans véhicule, on doit parfois crapahuter plus de 5 minutes dans le désert en essuyant les assauts des ennemis classiques du jeu de base. Le tout paraît donc un poil plus artificiel et moins riche que dans l'Armurerie du Géréral Knoxx par exemple.
- Bande son14/20
Dans ce domaine, Borderlands reste toujours aussi efficace en alignant bruitages de qualité et doublages convaincants, le tout contribuant à donner de la consistance à un univers déjanté et impitoyable. Il est simplement dommage que les répliques des Claptraps tendent à se répéter si rapidement. Les joueurs les plus attentifs découvriront en outre une nouvelle composition, déclenchée lors de quelques combats, et qui s'avère assez sympathique.
- Scénario14/20
L'histoire de la révolution des Claptraps est bien trouvée, mais curieusement, l'humour semble moins mordant que dans les précédentes extensions. On profitera néanmoins de quelques répliques de très bon goût et de situations bien débiles. Mention spéciale aux allusions du chef des Claptraps qui pioche avec bonheur dans la Révolution française et les élucubrations d'Andrew Ryan dans BioShock.
Après le coup de maître que représentait l'Armurerie du Général Knoxx, cette nouvelle extension, sans être véritablement mauvaise, fait figure de petite déception. Moins bien ficelée, moins originale, moins drôle et moins complète que sa grande soeur, elle se contente généralement de recycler des mécaniques de jeu archi rabâchées dans le jeu de base sans jamais rien apporter de très frais. Reste que le solide gameplay de Borderlands fait toujours mouche, ce qui devrait permettre aux fans de se replonger dans le bébé de Gearbox avec plaisir. En somme, on dira donc de ce quatrième DLC que tout en étant assez sympathique, il reste également tout à fait dispensable.