C’est à l’époque où la plupart des écoliers français se réveillaient le matin en suivant les aventures télévisées de Son Gokû que commencèrent à fleurirent les jeux vidéo Dragon Ball Z. Bandai nous offrit ainsi en 1993 et 1994 une fantastique trilogie permettant de se glisser dans la peau des Sayans aux coiffures surdimensionnées pour d’épiques combats destructeurs : Les Super Butôden, traduits en français sous les noms Dragon Ball 1, 2 et 3. Retour sur le premier épisode de cette série qui vous a enfin permis après tant de frustrations de créer un Kamehameha.
Dragon Ball Z est à la base un manga d'Akira Toriyama qui narre les aventures de Son Gokû, un garçon à queue de singe doté d'une force colossale. Il sera ainsi suivi de son enfance jusqu'à, bien des années plus tard, la naissance de sa petite-fille. C'est dans l'adaptation en mangas animés qu'apparaît le suffixe Z, à partir de l'apparition de Son Gohan, fils de Gokû, marquant aussi le passage de la série du registre humour et aventure au registre affrontements destructeurs de planètes. C'est donc cette seconde partie pleine d'action qui est retranscrite dans le jeu vidéo Dragon Ball Z.
Après une brève introduction présentant les évènements antérieurs au jeu, ouverte par la voix originale de Son Gokû vous incitant à vous battre encore une fois, vous arrivez sur un écran titre dynamique où notre héros livre un combat contre le terrible Piccolo. En réalité, il s'agit là de la toute fin de Dragon Ball, avant le début de Dragon Ball Z : l'affrontement lors du championnat du monde des arts martiaux, le Tenkaichi Budôkai, entre Gokû et un démon voulant venger la mort de son père. Plusieurs modes de jeu s'offrent à vous : mode histoire, mode combat et mode championnat du monde. Le mode histoire commence directement à partir de l'écran titre, puisque vous prenez subitement le contrôle du fameux combat grâce à une mise en scène qui frappe. Vous enchaînez ainsi les principaux affrontements de l'animé, en passant par l'arrivée de Vegeta, Freezer, l'apparition des cyborgs, jusqu'aux jeux de Cell. Malheureusement, la difficulté des combats, même en mode facile, rebute dès les premiers instants.
En effet, les contrôles de jeu sont loin d'être aisés à prendre en main. Les personnages sont rigides, lents et le moindre coup envoie l'adversaire au sol, ce qui interrompt sans cesse l'action. Chaque combattant dispose de coups de poing, de coups de pied, d'une boule d'énergie et d'un bouton permettant de s'élever dans les airs. Des combinaisons sont possibles pour réaliser des enchaînements plus puissants, de plus grosses boules d'énergie ou encore des attaques spéciales destructrices dont les fameux Kamehameha et Final Flash. Cela donne environ sept combinaisons par personnage. Une barre de vie compte les dégâts encaissés, alors qu'une autre barre de puissance augmentant petit à petit permet une fois chargée d'utiliser ces fameux super coups. Le problème est qu'il n'est pas possible de charger manuellement cette jauge, comme il le sera permis dans les jeux ultérieurs de la série, ce qui oblige à se battre uniquement au corps-à-corps en attendant qu'elle se remplisse. Lorsqu'elle le sera enfin, le jeu propose alors des affrontements à plusieurs centaines de mètres de distance de son adversaire. Dans ce cas-là, l'écran se scinde en deux, et un petit radar indique votre position sur la zone de combat.
Le mode combat permet des affrontements libres contre un deuxième joueur ou contre l'ordinateur. Vous avez le choix entre huit personnages, les principaux héros et méchants, sachant qu'un code permet d'en débloquer cinq supplémentaires. Plusieurs réglages peuvent être effectués, tels que la quantité de santé de chaque combattant, l'aire de combat ou bien la musique de fond. Le mode Championnat du monde permet à huit joueurs de s'affronter pour remporter le fameux prix de meilleur combattant de la planète, ce qui est assez jouissif pour des accros de la série.
Côté graphismes, Dragon Ball Z est beau, propre. Les personnages sont très bien modélisés, hauts en couleur, et leurs voix originales ne manquent pas à l'appel, sauf peut-être lors de la réalisation de certaines super attaques. Les différentes zones de combat nous transportent sur les principaux lieux de l'animé, du ring du Championnat du monde à celui des jeux de Cell, et de la route où sont rencontrés les cyborgs à la fameuse Salle de l'Esprit et du Temps. Aucune des musiques de l'animé n'est malheureusement retrouvée, et celles composées pour le jeu sont en général clairement dépourvues de punch ainsi que de mélodie. Pour un premier coup, la série des Super Butôden pose de bonnes bases sans vraiment les exploiter, et il faudra attendre l'année suivante pour qu'elle passe enfin aux choses sérieuses afin d'entrer au cœur de la légende.
- Graphismes16/20
L’univers du manga original est bien retranscrit, qu’il s’agisse des personnages ou des zones de combat. Chaque combattant est beau, détaillé, et on reconnaît sans aucun problème le trait de Toriyama-san.
- Jouabilité10/20
Le gros problème du jeu. Les personnages sont peu maniables, les combats sont lents et interrompus par des chutes au sol à chaque coup reçu, ce qui décourage davantage alors que la difficulté du mode histoire est déjà très mal dosée.
- Durée de vie13/20
Le mode histoire comporte au total une dizaine d’affrontements, pour autant que l’on arrive à y progresser, ainsi qu’une seconde fin en fonction des performances de jeu. Les modes combat et championnat du monde permettent de passer de bons moments entre amis, à condition d’être fan et de ne pas être lassé par une prise en main vraiment problématique.
- Bande son13/20
Au milieu des musiques pauvres en sons et sans grand intérêt se trouvent quelques jolis thèmes qui reflètent à merveille le monde et l’atmosphère de Dragon Ball Z. En revanche, aucun des morceaux originaux du manga animé ne sont malheureusement présents, ce qui aurait pourtant parfaitement collé avec le jeu.
- Scénario12/20
Les combats du mode histoire s’enchaînent et sont séparés de parchemins sur lesquels est écrit le déroulement des évènements. Une bien pauvre mise en scène, surtout après une introduction du jeu soignée et joliment illustrée.
Ce premier jeu d’une trilogie à succès n’est sûrement pas le meilleur épisode des trois. Tâché par un gameplay très lourd et une difficulté déconcertante, il ne ravira vraiment que les fans inconditionnels de l'époque qui cherchent à tout prix à se glisser dans la peau de Son Gokû ou de Vegeta. Quand on prête attention à un Super Street Fighter II sorti l’année précédente et impeccable dans beaucoup de domaines, on se dit clairement que si Dragon Ball Z a marché à l’époque, c’est bien par la licence qui le supporte.