Six mois sans Guitar Hero... Ce qui est une normalité pour la plupart des jeux du marché ne l'est pas forcément pour la série GH dont le rythme de croisière commençait à avoisiner les 3 titres par an. Activision a décidé de lâcher un peu de mou en se laissant le temps de trouver de nouvelles idées afin de redonner un peu d'élan à sa franchise.
La première bonne idée, c'est la guitare. Nouveau look, nouvelle esthétique, Neversoft a opté pour la prise de risques maximale en dessinant une gratte originale qui n'est le réplica d'aucun modèle en particulier. Ses formes, plutôt moderno-futuristes, en font un objet relativement différent de ses aînés mais en dépit d'un repositionnement des boutons, la prise en main n'est guère différente d'une guitare Guitar Hero classique. En revanche, ceux qui utilisent le bouton Star Power en lieu et place du levé de manche pourront peiner à le trouver et à l'utiliser. En effet, celui-ci a été calé à droite du médiator (très souple et moyennement bruyant), à proximité du vibrato (qui pour le coup, est peut-être situé un peu haut sur la guitare). Sans doute trop. Pas facile de trouver le bouton à cet endroit, d'autant qu'il nécessite une pression plutôt importante pour être activé. Plus que jamais, il est préférable de balancer le manche de sa guitare à la verticale pour éviter de riper bêtement. Mais globalement, le format et le poids de l'objet devraient convenir à un maximum de joueurs.
Depuis des années, le gameplay de Guitar Hero ne se renouvelle pas ou peu. Cet opus ne révolutionnera pas la guitare virtuelle mais un gros travail a été fait sur le mode principal, transformé en véritable quête commentée et scénarisée. Plus de cinématiques, plus d'efforts artistiques, un vrai soin apporté à la mise en scène, un design original faisant penser à Brütal Legend... En compagnie d'un Philippe Manoeuvre omniprésent mais pas vraiment spontané, le joueur incarne successivement huit personnages dotés de pouvoirs qui vont influer sur le gameplay. A titre d'exemple et une fois transformé, Johnny dispose toujours d'un multiplicateur x2, Echo reçoit 10% de Star Power à chaque série de notes, le rockomètre de Judy commence au maximum et Austin engrange quatre fois plus de Star Power à chaque séquence réussie. Eh oui, les rockeurs se transforment ! Disposant à la base d'un pouvoir peu développé, ceux-ci l'upgradent petit à petit, ce qui modifie sensiblement l'expérience de jeu. Cette introduction de pouvoirs a de facto éjecté les scores puisqu'en fonction du perso utilisé, ceux-ci n'auraient pu être comparables.
Du coup, l'objectif du joueur est uniquement de décrocher un maximum d'étoiles, en réussissant sa partition et en utilisant au mieux le pouvoir dont il dispose. Ensuite, régulièrement et sous forme d'étapes sont proposés des défis où les compétences de quatre personnages sont réunies pour survivre à une série de plusieurs titres de l'album 2112 de Rush. Entre chaque morceau, le joueur n'a que quelques secondes pour récupérer avant d'être à nouveau dans le feu de l'action, le tout dans une ambiance mythique et mystique plutôt réussie. Dans la mesure où l'utilisateur jouit de plusieurs pouvoirs simultanément, il passe la majeure partie de la chanson avec un Star Power actif, lui permettant d'obtenir des résultats très supérieurs à ceux d'un titre de base. A ce niveau, Neversoft a réussi son coup en proposant des instants grisants, aidés par un gameplay légèrement modifié mais insistant lourdement sur un background déjanté racontant la mythologie du métal et du demi-dieu du rock (qui n'est pas Philippe Manoeuvre).
La playlist est du reste, d'excellente facture et profite d'un niveau de difficulté parfaitement bien dosé pour ne jamais frustrer les joueurs sur les quelques solos que compte Warriors of Rock. On retrouve ainsi Cryin' d'Aerosmith, Children of the Grave de Black Sabbath, Fury of the Storm de DragonForce, No Way Back des Foo Fighters, Bleed It Out de Linkin Park, le live de Call Me The Breeze de Lynyrd Skynyrd, Uprising de Muse, Losing My Religion de R.E.M., Motivation de Sum 41 ou encore Seven Nation Army de The White Stripes. Classic rock, punk rock et métal se succèdent alors pour nous offrir un mix réussi et de qualité bourré de gros titres qui n'avaient pas encore trouvé leur place dans la série. A cela s'ajoutent des centaines de chansons issues des précédents volets et compatibles avec celui-ci ainsi que toutes celles qu'il vous sera possible d'acheter via la boutique prévue à cet effet. Malheureusement, le contenu du jeu, en dehors du mode Quête, n'a pas connu de bouleversements. Comptez une nouvelle fois sur les parties rapides, le mode Soirée, les compétitions personnalisées, l'entraînement, le créateur de Rock Star et le GH Studio pour animer vos soirées.
- Graphismes16/20
Les huit personnages disposent chacun de deux designs, pré et post-transformation, plutôt recherchés et tout aussi drôles qu'effrayants. Un vrai soin a été apporté au background grâce à des cinématiques bien mises en scène et à une ambiance mystique originale.
- Jouabilité16/20
En soi, le gameplay est toujours le même. Pourtant, l'ajout de pouvoirs propres à chacun des rockeurs du jeu influe sensiblement sur le gameplay pour le rendre plus grisant encore que dans les précédents volets. La nouvelle guitare, pas exempte de petits défauts, assure tout de même une excellente prise en main.
- Durée de vie16/20
La refonte du mode Carrière, devenu une Quête, rafraîchit légèrement la progression, notamment par l'intermédiaire de défis longue durée. Mais dans l'ensemble, on retrouve le contenu classique d'un Guitar Hero, en solo comme en multi.
- Bande son17/20
La playlist est de qualité dans la mesure où elle compte autant de références grand public que de titres inclus pour les connaisseurs, du classic rock au metal en passant par le punk rock, s'étalant sur plusieurs décennies.
- Scénario/
On ne peut pas vraiment parler de scénario à ce niveau-là mais conté par Philippe Manoeuvre, celui-ci a déjà plus d'intérêt que dans la plupart des autres jeux du genre.
Guitar Hero : Warriors of Rock, avec un Philippe Manoeuvre un peu hésitant mais super motivé, ravira les fans de classic rock, de punk rock ou de métal. Assez éclectique, il s'appuie sur une playlist fort sympathique et jouit d'un background travaillé. Grâce à l'ajout de pouvoirs inhérents aux huit rockeurs, il parvient à redonner de l'intérêt à un gameplay jusqu'à présent peu renouvelé. Sans être une révolution, ce nouvel opus mérite qu'on lui porte notre plus grand intérêt.