Quand la Terre est menacée d'invasion par des extraterrestres gros, bêtes et belliqueux, il est temps d'enfiler votre combinaison en latex ultra-moulante avec parachute design intégré, d'armer votre bras-mitraillette, et de faire le plein de poupées gonflables. Oui, ça va vous servir.
David Perry est surtout connu pour son personnage phare EarthWorm Jim, et son jeu de plates-formes Aladdin, dont tous les joueurs de l'époque se souviennent encore. Néanmoins, le fondateur de Shiny Entertainment a bien d'autres réalisations à son actif ; nous lui devons également Wild 9, Messiah et Sacrifice pour ne citer qu'eux. Si ces jeux n'ont pas tous emporté un succès retentissant, ils ont tous ces qualités en commun : une atmosphère unique et décalée, et la volonté souvent atteinte de proposer un gameplay novateur et intelligent. En avril 1997, trois lettres énigmatiques viennent orner les boîtes d'un nouveau jeu de tir à la troisième personne : MDK. Et si leur signification n'est toujours pas vraiment claire, une chose est certaine : David Perry signe ici un de ses jeux les plus marquants, réussissant à jouer sur le terrain de Duke Nukem 3D - sorti un an plus tôt - et sans rougir s'il vous plaît.
MDK pour Murder Death Kill (oui, comme dans Demolition Man), pour Max, Doc, Kurt (les protagonistes du jeu) ou, comme le suggère le fichier lisez-moi du jeu, pour Migration De Kiwi. Avant même de démarrer une partie, MDK affiche son ton humoristique et, disons-le tout net, complètement barré ! Pour preuve, sur l'écran titre, Kurt, votre héros, se prélasse lascivement dans sa combinaison... Pendant l'aventure, ce ton sera entretenu par la situation, toujours burlesque. Vous aurez ainsi l'occasion de voir vos ennemis se promenant avec des cibles sur eux, ou se dandinant pour vous narguer, pensant être hors de votre portée. En cas de pépin, il faudra espérer que le Doc, qu'on croirait tout droit sorti de Retour vers le Futur, ou son chien à six pattes, Max, vous file un coup de main – ou de patte – en vous fournissant de nouvelles armes loufoques ou en vous assistant directement (Max aime bombarder une zone à bord de son petit avion).
Mais avant de savourer tout cela, la première chose qui vous frappe dans MDK, c'est sa fluidité. Le jeu est rapide, nerveux, et extrêmement simple à prendre en main. Certains de leur gameplay intuitif, les développeurs n'hésitent d'ailleurs pas à vous plonger dans l'action dès la première seconde, avec une séquence de chute libre où vous devez éviter lasers et missiles pour survivre, et ce avant même le didacticiel. Manipuler Kurt demande très peu d'apprentissage : se déplacer, courir, sauter, viser, tirer, zoomer et c'est à peu près tout ! Les subtilités de gameplay sont gérées par le level design, nécessitant l'utilisation de telle ou telle arme à un endroit précis.
Si MDK est fluide, ses graphismes ne sont pas en reste. Les monstres sont travaillés et les environnements sont beaux et variés. On visite ainsi un intérieur de vaisseau alien, des plaines enneigées et même un désert. Le plus bluffant reste l'utilisation du zoom, permettant d'agrandir le visage d'un alien situé à l'autre bout de l'écran... et sans réduire sa tête à une bouillie de pixels, mais bel et bien en révélant de nouveaux détails ! D'ailleurs, le zoom, parlons-en, puisqu'il s'agit là de l'armement principal de notre héros. Kurt est un soldat d'élite, et surtout un sniper. Son casque encombrant cache un dispositif de visée extrêmement développé, permettant un grand niveau de zoom et même de suivre en caméra embarquée chacune de ses balles. Si l'écran du sniper paraît de prime abord lourd et surchargé, il est en fait votre meilleur allié et vous y passerez du temps sans jamais vous en lasser. Si votre casque sert à viser, votre combinaison n'a pas comme seul pouvoir d'être moulante, elle est également équipée d'un parachute intégré qui vous permettra de planer lors de quelques phases de plates-formes. Car MDK a beau être extrêmement linéaire, il se rattrape par le biais de quelques passages où il y a autre chose à faire qu'exploser tout ce qui bouge. Vous aurez quelques interrupteurs à activer, une ou deux énigmes, et même une séance de surf. Bon, d'accord, une séance de surf où il faudra quand même dégommer des aliens.
A cette fin, vous aurez accès à un arsenal aussi varié qu'inventif. Votre bras-mitraillette qui connaîtra rarement le repos dispose heureusement de munitions infinies. Disséminées dans les niveaux ou distribuées par le Doc, vous pourrez avoir recours tour à tour à la Plus Petite Explosion Nucléaire du Monde, à des leurres en forme de poupées gonflables, à un marteau géant faisant trembler la terre, ou encore à la Bombe la Plus Intéressante du Monde, captivant l'attention des ennemis proches d'elle juste avant d'exploser. On l'a dit, MDK est complètement barré, mais surtout fun. Très fun même !
- Graphismes18/20
Travaillé, varié, et permettant de zoomer de manière impressionnante, le rendu visuel de MDK a fait couler beaucoup d'encre à sa sortie. Aujourd'hui encore, il est possible d'y jouer et de le trouver charmant.
- Jouabilité17/20
Il ne vous faudra pas cinq minutes pour avoir l'impression d'avoir été aux commandes de Kurt toute votre vie. Intuitif, rapide, efficace, le gameplay est exempt de toute frustration ou lenteur, permettant de suivre le rythme très soutenu de l'action.
- Durée de vie14/20
Linéaires, ce ne sont pas les énigmes de MDK qui vous coinceront dans un des six niveaux. En revanche, la difficulté de certains passages, vraiment élevée sur la fin du jeu, pourra vous donner du fil à retordre. Comptez une dizaine d'heures pour en venir à bout.
- Bande son13/20
La musique soutient l'action mais ne vous laissera pas un souvenir impérissable. Les bruitages ne sont pas très variés et au final, toutes vos armes du sniper à la tête nucléaire auront l'air aussi dévastatrices. Une bande-son honnête, sans plus.
- Scénario16/20
Le scénario simpliste de MDK est parfaitement assumé, et c'est ailleurs là qu'il faut chercher son bonheur : dans les personnages, farfelus à souhait, le comique de situation, vos armes inventives, et de multiples références.
Bien que le jeu soit très linéaire et par moments vraiment difficile, le dynamisme et l'ambiance de MDK seront plus que suffisants pour vous amener jusqu'au bout de l'aventure sans jamais vous ennuyer. L'affrontement avec le boss de fin justifie à lui seul l'aventure. MDK a marqué son époque, et ce serait une erreur de ne pas lui donner sa chance aujourd'hui.