Dix ans après avoir initié la brillante saga Total War, le studio The Creative Assembly a décidé de revenir à ses premières amours en donnant une suite à Shogun : Total War. Les développeurs britanniques délaissent ainsi le Moyen Age, le siècle des lumières, les empires romain et napoléonien pour se focaliser à nouveau sur les guerres intestines qui secouèrent le Japon féodal. Pour un résultat qui s'annonce absolument somptueux.
Avec Total War, The Creative Assembly a sans conteste créé l'une des meilleures séries de RTS de la dernière décennie. L'une des raisons de ce succès tient au déroulement en deux phases des parties. Si les combats en temps réel, à la fois très stratégiques et visuellement magnifiques, ont grandement participé à la renommée de la saga, la carte tactique de campagne et son système de jeu au tour par tour possède elle aussi une importance cruciale. Avec Shogun 2 : Total War, celle-ci prend une nouvelle dimension. C'est d'ailleurs ce que le studio britannique s'est attaché à démontrer pendant la présentation en usant de superlatifs, qui pour une fois, trouvèrent écho auprès de l'assistance. Il faut dire que le travail effectué est encore une fois colossal. Cette carte de campagne se voit dotée d'éléments tout en 3D lorsque le joueur vient à zoomer au maximum. Sur ce qu'il nous a été donné de voir, le mont Fuji se dressait au centre de la map, tel un phare dominant par son envergure l'ensemble des océans. Autour de lui s'articulait la vie des différents clans s'entredéchirant pour s'assurer la suprématie de l'archipel nippon.
Évidemment, ce décor en 3D offre de nouvelles possibilités tactiques puisqu'il faudra profiter de la topographie des lieux pour mettre en difficulté l'ennemi avant de lancer le combat. A ce niveau là, le joueur aura matière à explorer. Le Japon est en effet constitué de montagnes abruptes, de rizières verdoyantes, de cours d'eau tortueux, le tout, bordé par mer et océan. Un terrain de jeu vaste et particulièrement riche qui permettra à tous d'effectuer une plongée au cœur d'un environnement fascinant. Attention toutefois aux catastrophes naturelles telles l'éruption inopinée d'un volcan ou encore aux saisons et à la dureté du climat, qui pourront affecter la santé de vos troupes. Comme d'habitude avec The Creative Assembly, chaque détail devra impérativement être pris en compte si l'on ne veut pas se retrouver vaincu par l'adversaire et être contraint à se faire seppuku en rentrant.
L'autre élément pouvant influencer l'issue d'une bataille tient bien sûr aux généraux. Leur capacité à mener les troupes sera cruciale dans l'optique d'une future victoire. C'est pour cette raison que chaque joueur pourra décider d'employer une geisha ou un ninja afin d'assassiner le chef des armées adverses. Concrètement, dans le jeu, il existe deux issues lorsque vous optez pour cette solution, certes un peu lâche, mais tellement radicale ! La première, le succès vous permet d'aborder une bataille avec un avantage certain, les ennemis se retrouvant en proie au doute sans leader expérimenté. La seconde, c'est l'échec. Dans ce cas, votre assassin meurt et toutes ses statistiques chèrement acquises jusqu'ici s'envolent aux cieux avec son âme. Car geisha et ninja possèdent leur propre arbre de compétences. Certains seront plus habiles dans l'art de s'infiltrer dans le camp ennemi, d'autres auront un don affirmé pour donner le coup de grâce à leurs cibles. Chaque compétence comporte cinq niveaux. A vous de répartir au mieux l'expérience afin d'améliorer les capacités de vos émissaires du diable. Car si votre assassin possède des lacunes dans un domaine précis, cela pourrait bien lui coûter la vie. Dans la partie se déroulant sous nos yeux, les développeurs ont pris soin de nous montrer les diverses possibilités. Lorsque vous décidez d'envoyer l'un de ces « donneurs de mort », une petite cinématique se déclenche. On y voit alors les actions de son personnage, ainsi que la finalité de celles-ci. La geisha envoyée a par exemple terminé sa route étendue sur le sol, un couteau planté dans le bas ventre. A l'inverse, le ninja, légèrement emprunté lorsqu'il s'est agi de pénétrer dans le camp adverse, a lui parfaitement réussi à exécuter froidement le général ciblé. Il existe toutefois une parade pour contrer ces assassins. Elle consiste à employer une sorte de police secrète qui saura les dénicher bien avant qu'ils ne pénètrent chez vous.
Une option qu'il faudra apprendre à maîtriser car un excellent général est une arme redoutable dans le feu de l'action. Chacun d'entre eux possède également son arbre de compétences. Certains seront par exemple spécialisés dans le siège de camps ennemis. Idéal pour prendre d'assaut un bâtiment adverse. Autre point important, il faudra toujours veiller à la loyauté de ses généraux. Si l'un d'entre eux ne l'est pas, il pourrait se soustraire à vos ordres et créer de graves distensions en interne. Ce qui peut vite mener votre armée à la défaite. Pour être certain que vos hommes vous sont fidèles, il ne faudra pas oublier de les récompenser comme il se doit. Bien évidemment, vous pourrez exploiter les faiblesses d'un clan ennemi en essayant de soudoyer un général qui ne serait pas satisfait de sa condition, histoire de mettre une pagaille monstre avant un assaut.
The Creative Assembly n'a pas pour habitude d'avoir la main légère lorsqu'il s'agit de pourvoir ses jeux de nouveautés. Chaque épisode est l'occasion de découvrir ou redécouvrir un gameplay fin et complexe mais aussi une époque. Si le fait que le joueur soit maître de son destin empêche forcément une certaine vérité historique, il n'empêche que les équipes de développement ont travaillé dur pour donner un cachet authentique à ce deuxième Shogun. Comme lors de chaque sortie du studio britannique, il faut s'attendre à voir un jeu extrêmement détaillé. Rien qu'au niveau des paysages, la carte tactique de campagne nous a paru absolument sublime. Les effets de lumière sont impressionnants, tout comme la variété des décors rencontrés. Ce sera également le cas lors des batailles. Pour l'anecdote, rien qu'au niveau des arbres, les équipes de développement ont conçu une trentaine de modèles différents. Quant aux épées, il en existe plus de 200, histoire de prouver que l'immersion sera l'un des points forts du jeu. De même pour les généraux qui possèdent chacun leurs petites spécificités. Le code couleur indiquera par exemple le grade du personnage. The Creative Assembly a encore prêté attention à tout un ensemble de détails, qui, cumulés, dessinent la richesse du jeu. Pour information, ce sont les mêmes équipes qui ont travaillé sur Napoléon ou Rome par exemple. Évidemment, les experts à qui les développeurs ont fait appel changent, tout comme le matériel de référence, mais le boulot abattu en amont pour les recherches reste absolument phénoménal.
En ce qui concerne les combats, The Creative Assembly a promis énormément d'améliorations. Outre des décors plus détaillés, évoqués plus haut, on trouvera également des combats plus réalistes grâce à des séances de motion capture qui se sont visiblement avérées payantes. Au maximum du zoom, les affrontements paraissent splendides et très réalistes, grâce notamment aux nouvelles animations. En plus de ces changements esthétiques, les joueurs devront faire face à une IA des plus redoutables. Peut-être là l'un des rares points faibles des précédents épisodes. Cette fois, il faudra user de tactiques retorses afin de sortir du combat avec la tête haute. Sinon, le suicide pourrait bien être votre seule échappatoire au déshonneur qui vous tend les bras. Gare aux saisons également qui pourraient avoir une incidence sur la vitesse à laquelle se déplacent vos troupes et sur leur état de fatigue. Le Japon possède un climat difficile à dompter avec un froid épouvantable l'hiver et un été humide et particulièrement chaud. Les joueurs devront aussi prêter attention aux vastes étendues d'eau puisque les batailles navales sont à nouveau présentes. Enfin, sachez qu'un historique de tout ce qu'il s'est passé depuis le début de votre partie sera accessible à tout moment. Et ce, pour permettre aux moins assidus d'entre vous de ne pas perdre le fil des évènements. Bref, Shogun 2 : Total War s'annonce fabuleux... comme prévu serait-on tenté de dire, étant donné le pedigree du studio britannique.
Inutile d'y aller par quatre chemins, ce deuxième Shogun : Total War s'annonce comme une franche réussite. Les améliorations apportées à la forme comme au fond donnent toutes une réelle valeur ajoutée au jeu, qui transpire du coup la passion et le travail bien fait. Rien que les magnifiques illustrations adoptant le style caractéristique de cette époque, particulièrement riche d'un point de vue artistique, démontrent à quel point The Creative Assembly a le souci du détail. Le revers de la médaille pourrait toutefois se situer au niveau de la configuration requise pour faire tourner le titre. Mais si c'est le prix à payer pour profiter pleinement de ce jeu raffiné alors nul doute que les joueurs investiront en conséquence.