Après quelques contenus téléchargeables orientés multijoueur, 2K Games nous offre un nouveau DLC solo pour Bioshock 2. Se déroulant dans une partie de Rapture encore non explorée, l'histoire nous met dans la peau du Protecteur Sigma désireux d'en découdre avec un super ordinateur. Une occasion rêvée pour se replonger dans les méandres de l'oeuvre d'Andrew Ryan.
Si le futur de Bioshock semble se dessiner par-delà les nuages, 2K et Irrational Games nous permettent une dernière fois de redescendre sous la mer pour découvrir une partie du passé de Rapture encore inconnue. Ainsi, tout en nous rappelant avec délice les synopsis de films de SF des années 50, l'histoire de L'Antre De Minerve nous met face au Penseur, super ordinateur gérant l'ensemble de la cité utopique et objet de toutes les convoitises. Reposant une fois encore sur une atmosphère steampunk seyant merveilleusement au concept, le scénario s'attarde sur une entité informatique tout en tissant des liens entre l'indicible Andrew Ryan et les nouveaux venus que sont C.M. Porter et Reed Wahl. Si en soi, on navigue (sigh) en terrain connu, il est très agréable de constater que l'aspect narratif n'a pas été oublié au détour des nouveautés proposées. De fait, le tout s'appuie à nouveau sur de nombreux journaux audio donnant de l'épaisseur à la trame narrative qui débouche sur une très belle fin, inattendue et terriblement émouvante.
En sus du scénario, les développeurs ont tenu à proposer divers ajouts aux fans se résumant principalement, en sus des environnements bien entendu, à une plasmide inédite et une nouvelle arme. Si cette dernière, un fusil laser, se veut plutôt décevante dans le sens où elle se montre quelque peu anachronique (si tant est qu'on puisse parler d'anachronisme ici bas), le pouvoir s'avère plus jouissif. En effet, grâce à la plasmide Trou Noir, vous pourrez créer un énorme vortex qui, dans sa version de base, aspirera tout ce qui traine autour de lui avant de projeter ses proies avec violence. Du coup, on regrettera un peu d'avoir accès à cette technique assez tardivement même s'il ne tiendra qu'à vous de vous balader un peu plus longtemps dans la cité sous-marine pour trouver toutes les Petites Soeurs et récolter suffisamment d'Adam pour booster votre Trou Noir et ainsi obtenir ses deux améliorations.
Au sujet des gamines, sachez qu'elles traineront dorénavant avec un nouveau type de Protecteur, le Lancier, ce dernier bénéficiant d'un relooking et se servant également d'un laser. Pas de panique cependant vu que la progression, parfaitement maîtrisée, vous proposera de découvrir au fur et à mesure de votre avancée la quasi-totalité des armes de l'épisode original ou d'acheter l'ensemble des plasmides. Sur ce point, c'est un régal puisque la progression reste limpide tout en se parant d'un excellent level design. On aura donc tôt fait d'écumer les niveaux à la recherche de tous les objets, de passer d'intérieurs bénéficiant d'éclairages soignés à des extérieurs sous-marins qui, il faut l'avouer, ont encore une fois ce côté « parc d'attractions» dénotant malheureusement avec la cohérence des autres décors beaucoup plus sombres, beaucoup plus dans le ton, tout simplement. Quoi qu'il en soit, ces pérégrinations synthétisent à merveille ce que Bioshock représente tant dans le fond que dans la forme.
En somme, l'Antre de Minerve s'adresse autant aux néophytes, qui trouveront ici une bonne façon de faire le tour du propriétaire avant de passer aux choses sérieuses, qu'aux amoureux de la série. Ceux-ci seront en effet ravis de retrouver des visages connus et des nouveaux venus, ces derniers donnant l'impression d'avoir toujours existé au sein de la mythologie Bioshock. Sur le plan de l'action, c'est ici aussi une franche réussite. Les séquences shootées aux hormones préfèrent ainsi opter pour une mise en avant de certains chrosomes tout en nous incitant à pirater des tourelles et autres robots plutôt que de nous balancer des gunfights à un contre 50. Le résultat est donc convaincant au possible et ce à tous les étages. Arrivant encore une fois à nous étonner malgré une recette qui n'a finalement pas vraiment changé depuis le premier Bioshock, L'Antre de Minerve est un véritable baroud d'honneur et un bien beau cadeau à l'attention de tous ceux qui, un jour, ont décidé de croire que l'utopie pouvait exister à 10 000 mètres de profondeur.
- Graphismes18/20
Si la qualité graphique de l'opus original est au rendez-vous, on sera étonné de se retrouver devant un vaste épisode qui plus est composé de somptueux décors disparates baignant dans une atmosphère steampunk toujours aussi délectable. On appréciera également de passer par des ambiances chromatiques différentes, fiefs d'environnements gelés, brumeux, nauséeux ou bien entendu aquatiques.
- Jouabilité18/20
Sur le plan du gameplay cette extension ne propose rien de neuf. Toutefois, on y trouve la plasmide inédite Trou noir et une nouvelle arme peu intéressante autrement dit le laser. Pourtant, là où ce DLC fait très fort, c'est bel et bien dans sa construction parfaitement calibrée nous proposant de découvrir la quasi totalité des armes du jeu de base ainsi que la plupart des pouvoirs au détour de scènes d'action dynamiques et réussies.
- Durée de vie15/20
Pour un contenu téléchargeable, la surface à visiter est plutôt vaste. En jouant en Difficile et en prenant votre temps, il vous faudra entre cinq et six heures de jeu.
- Bande son19/20
A nouveau, la bande-son de Bioshock 2 fait recette. Entre de fabuleuses compositions symphoniques, une parfaite utilisation de délicieuses chansons des années 30 et un doublage français impeccable, autant dire que nos esgourdes se régalent.
- Scénario16/20
Bien que le scénario soit souvent le parent pauvre du contenu téléchargeable, celui de l'Antre de Minerve fait bande à part. En effet, tout en se déroulant dans un univers connu, l'histoire s'attarde sur le super ordinateur Le Penseur, ses créateurs et leurs relations avec Andrew Ryan. De plus, on profite encore une fois de nombreux journaux audio venant renforcer la cohérence du synopsis au sein de l'univers de Bioshock. Enfin, cerise sur le gâteau, la fin se veut plutôt originale et terriblement mélancolique.
Si certains pourront n'y voir qu'une redite destinée à surfer sur le succès de Bioshock 2, L'Antre de Minerve est avant toute chose un magnifique cadeau de 2K à l'attention des fans. Proposant une aventure à la durée de vie conséquente, une atmosphère fabuleuse, un scénario travaillé et un rythme millimétré, ce DLC se savoure comme un bon vin et se présente comme ce que devrait être tout contenu téléchargeable digne de ce nom : un complément au jeu de base sachant suffisamment s'émanciper de son proche parent. Respect.