En 2006, N3 : Ninety-Nine Nights s'inspirait de la série Dynasty Warriors pour nous permettre de massacrer des centaines d'ennemis avec une poignée de personnages surpuissants. Quatre ans plus tard, le studio Q Entertainment remet le couvert en nous proposant des batailles encore plus sanglantes. Cette surenchère d'hémoglobine sera-t-elle payante ?
Marchant une nouvelle fois sans complexe sur les plates-bandes de l'éditeur Koei, N3 II : Ninety-Nine Nights s'appuie sur le concept aussi étriqué que vieillissant des différents "Warriors". Il s'agit donc pour le joueur de parcourir d'immenses champs de bataille avec un héros totalement surhumain afin d'accomplir diverses missions en taillant en pièces des milliers d'ennemis. Néanmoins, alors que les nombreux épisodes des sagas Koei disposent d'un background très fouillé et d'un gigantesque casting de personnages charismatiques, N3 II, lui, ne peut hélas compter que sur un scénario archi-convenu (l'invasion d'un gentil royaume par les armées du Mal) et seulement cinq combattants insipides et mal doublés (guerrier, elfe, barbare...).
Côté gameplay, il ne faut pas s'attendre à des miracles non plus. Certes, couper en deux des hordes d'ennemis aussi intelligents que des concombres de mer dans d'immenses gerbes de sang peut défouler une heure ou deux mais sur la longueur, c'est l'ennui absolu. En effet, les cinq personnages se battent à peu près tous de la même façon, les combos ne nécessitent guère que de matraquer deux boutons comme des brutes et les missions que l'on nous confie se limitent généralement à ouvrir une porte ou à abattre un boss. Les ennemis manquent singulièrement de variété, notre jauge de rage augmente avec une lenteur effarante et lorsque l'on déclenche notre super-attaque, tout ce que l'on a à faire, c'est de titiller le stick le plus vite possible pour infliger un max de dégâts. On peut attribuer quatre coups spéciaux et des armes à nos cinq personnages qui disposent en outre d'une capacité particulière activable en appuyant sur B. L'elfe peut par exemple dissiper des sceaux magiques tandis que le barbare déplacera des objets lourds. En dépit de ses contrôles simples voire simplistes, le soft est cependant loin d'être aussi facile qu'on pourrait le penser.
Dans N3 II, les champs de bataille sont souvent immenses, les potions de soin sont rares et le nombre d'ennemis qui nous tombent dessus est absolument insensé. Or, les points de sauvegarde automatiques se comptent à peine sur les doigts d'une main. Le joueur maladroit qui aura la mauvaise idée de succomber en fin de mission (contre des boss bien trop puissants entre autres...) devra donc refaire des sections de jeu entières, perdant beaucoup de temps et mettant ses nerfs à rude épreuve. Comme si ça ne suffisait pas, il arrive fréquemment que l'on meure d'une façon tout à fait injuste suite à une succession de coups étourdissants. En effet, pour peu que notre personnage soit projeté au sol en étant encerclé, ce dernier ne pourra parfois tout simplement pas se relever en raison de l'acharnement de ses ennemis à le frapper en continu. A peine sera-t-il sur pied, qu'un coup imparable l'enverra immédiatement au tapis, et ce jusqu'à son dernier souffle. Vexant...
En plus de son mode solo constitué des histoires respectives des cinq combattants du soft, N3 II propose une expérience en ligne basée sur la coopération avec un autre joueur. Néanmoins aucun des scénarios proposés ne parviendra à faire oublier à qui que ce soit la vacuité insondable du gameplay. Reste la possibilité de personnaliser nos héros en leur attribuant divers objets trouvés au cours de nos pérégrinations. L'expérience acquise sert aussi bien à faire évoluer nos personnages qu'à améliorer leur équipement. L'idée est bonne mais vu la difficulté du soft, il faudra passer pas mal de temps à récupérer de l'expérience dans des niveaux que l'on connaît déjà par coeur avant de s'attaquer à de plus gros défis. Par moments plus agréable à l'oeil que certains beat'em all de Koei, N3 II n'en atteint à aucun moment la complexité ni le charme. Seuls les fans du genre en mal d'hémoglobine pourront se laisser tenter. Ou les joueurs fauchés, vu que le soft n'est vendu qu'aux alentours de 30 euros...
- Graphismes13/20
Les ennemis se ressemblent tous mais les décors sont globalement assez agréables à regarder. Les effets visuels sont corrects ; il y a beaucoup de monde (et de sang !) à l'écran. De plus, certaines cinématiques sont vraiment classe.
- Jouabilité9/20
Les cinq héros disponibles sont faciles à prendre en main mais le gameplay vole au ras des pâquerettes. Les batailles sans âme à la difficulté mal dosée lasseront rapidement les joueurs les plus patients. Les points de sauvegarde sont trop rares. Le manque de variété dans les rangs de nos adversaires est consternant. Seule la customisation assez bien faite de nos personnages retiendra éventuellement l'attention.
- Durée de vie12/20
Comme en 2006, chaque personnage dispose de sa propre histoire mais au final, les missions sont ennuyeuses et les combats s'avèrent toujours aussi répétitifs. La coopération en ligne n'apporte rien en soi.
- Bande son13/20
Le doublage des voix frise parfois le ridicule. Heureusement, les musiques collent bien à l'ambiance.
- Scénario8/20
Rabâchée un nombre incalculable de fois dans la littérature, le cinéma ou les jeux vidéo, cette histoire de vilain seigneur des ténèbres qui menace le royaume des gentils elfes est d'un ennui mortel. Les différents protagonistes de l'aventure manquent également d'épaisseur.
Commercialisé aux environs de 30 euros, N3 II : Ninety-Nine Nights conviendra peut-être aux fans de beat'em all qui souhaitent se défouler sans se ruiner sur Xbox 360. Toutefois, les joueurs un peu plus exigeants ou ceux qui ne jurent que par les productions Koei peuvent passer leur chemin sans crainte. Simpliste, brouillonne et souvent frustrante, l'expérience qui nous est proposée ici ne restera pas dans les mémoires.