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Mafia II
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Test Mafia II

Mafia II : Cars & Clothes

Mafia II
28 929 vues
Profil de Rivaol,  Jeuxvideo.com
Rivaol - Journaliste jeuxvideo.com

Parmi les jeux qui ont suscité une attente considérable cette année, Mafia II figure clairement dans le peloton de tête. Plusieurs années de développement et une communication intense autour du moteur physique du jeu ont contribué à faire monter la sauce. Certains s'attendent au jeu de l'année, d'autres s'y intéressent simplement après avoir apprécié le premier volet. Une partie des joueurs voit également en ce titre un GTA-like en puissance mais ceux-ci se fourvoient...

Mafia II

GTA, Mafia, Mafia, GTA. Le rapprochement se fait régulièrement, au point que certains d'entre nous ont oublié que Mafia premier du nom n'était déjà pas un GTA-like à proprement parler. Difficile pourtant de reprocher au joueur lambda de faire le raccourci tant la vitrine de cette suite semble abriter les mêmes éléments qui ont fait le succès du cousin germain : une ville ouverte, une succession de missions, un scénario travaillé, des dialogues soignés, une ribambelle de personnages dont les traits et le caractère auraient leur place dans n'importe quel bon polar... Les ingrédients, s'ils n'aident pas à mijoter la même recette sont donc grosso modo les mêmes. Pourtant, après les 10 heures de jeu qui nous ont été nécessaires pour voir le bout de l'histoire de Mafia II, nous n'avons guère l'impression d'avoir été libre comme peut l'être un Niko Bellic dans le dernier GTA. Le titre de 2K Czech raconte simplement l'histoire de Vito Scaletta, apprenti mafieux devenu soldat au service de la liberté durant la Seconde Guerre mondiale puis de retour à Empire Bay, la ville de toutes les Familles. D'ailleurs, la narration est l'un des points forts de Mafia II puisque c'est Vito lui-même qui nous conte son périple qu'il veut éminemment différent de celui de son paternel, habitué à tuer pour vivre... Mais travailler pour un Don ou un patron trempé dans des trafics en tout genre consiste rarement à cueillir des fraises...

Mafia II
Empire Bay, la nuit.
Le profil de Mafia II, à mi-chemin entre le jeu d'action linéaire et le GTA-like le classe dans une catégorie d'hybrides quasi inclassables. Le joueur est en effet libre de se déplacer où bon lui semble sur la map d'Empire Bay qui s'étend sur quelques 16km². Pourtant, l'entre-deux missions n'existant pas dans Mafia II, l'exploration n'a pas vraiment d'intérêt. Inutile de chercher des petits boulots ou quelque activité annexe puisque le jeu n'en compte pas. C'est l'un des points qui permet de distinguer Mafia et GTA. La mécanique des missions n'est pas non plus identique. L'aventure se découpe en 15 chapitres d'une durée à peu près exponentielle et dont les coups d'envoi sont donnés par un coup de téléphone ou quelqu'un qui sonne à votre porte. Bien qu'il est amené à se mouvoir aux quatre coins de la ville, le joueur ne se déplace jamais vraiment de son propre chef. Il répond simplement présent aux sollicitations dont il est l'objet et en ce sens, l'aventure se vit intensément car dépourvue de temps morts. A vrai dire, en dehors de la nourriture qu'il consomme pour régénérer son énergie et des vêtements qu'il s'offre dans des boutiques de luxe, Vito ne s'autorise aucun écart en particulier. D'ailleurs, l'argent que vous gagnez ne sert qu'à payer des dettes ou à rembourser certains prêts, pas à vous payer des apparts de luxe ou des voitures de sport. Vous pouvez aussi le dépenser en munitions ou pour faire le plein de votre caisse mais braquer ces commerces permet de repartir chargé comme une mule pour pas un sou...

Mafia II
Le système de combat a du bon mais se répète un peu trop.
Bref, vous l'avez compris, l'intérêt du jeu ne réside pas dans ces à-côtés qui ne sont de toute façon pas mis en avant, a contrario de l'histoire et du background. L'immersion est totale, que ce soit par la qualité de l'écriture ou celle de la réalisation. On ne peut que saluer le travail titanesque qui a été abattu pour conférer à Empire Bay cette personnalité dont on tombe rapidement amoureux. L'hommage aux villes américaines des années 40-50 est total et ce, dans les moindres détails. D'ailleurs, bien que la taille de la carte n'ait rien d'exceptionnel, la finesse des décors étonne. L'époque est magistralement retranscrite, dans les couleurs, les costumes, l'architecture globale mais surtout au niveau des véhicules. Ils sont d'ailleurs les modèles qui bénéficient en priorité de l'incroyable moteur physique du jeu. Chaque élément d'une voiture est indépendant des autres et contact après contact, accident après accident, on remarque le pare-chocs, le pot d'échappement, le coffre ou les enjoliveurs s'animer chacun dans leur coin, pendre, se détacher et ce avec un réalisme jamais atteint dans un jeu similaire. La remarque vaut également pour les décors destructibles ou même les modèles humains, extrêmement crédibles dans leur façon d'évoluer et de réagir physiquement lorsqu'ils prennent une bastos. Que dire encore des jeux de lumières qui embellissent Empire Bay, qu'ils soient intérieurs ou extérieurs, apportant là aussi une réelle crédibilité à l'ensemble, sans jamais qu'on note la moindre incohérence !

Mafia II
Pendant quelques instants, pour introduire l'histoire de Vito, vous êtes parachuté en pleine seconde Guerre.
Visuellement bluffant et doté d'une bande-son de qualité que ce soit au niveau des doublages ou des musiques choisies pour accompagner la progression du joueur, Mafia II n'a pourtant rien du jeu parfait. En tête des griefs, la gestion relativement calamiteuse de la caméra. Si celle-ci suit fidèlement les déplacements de Vito et peut être replacée manuellement, elle s'avère beaucoup trop rapprochée du joueur pour qu'il conserve une lisibilité parfaite de l'action. L'adaptation est compliquée et en intérieur, on loupe rapidement de nombreux éléments simplement parce que les angles zooment sur le visage de Vito plutôt que de rester à une distance raisonnable. Ainsi, si vous assommez un ennemi puis décidez de cacher son corps, vous ne verrez même pas Vito le traîner par les bras tant il est compliqué d'avoir une vue sur ce qui se passe en dessous de la ceinture. Le problème a un tout autre impact lorsqu'il s'agit de se repérer dans un intérieur à plusieurs étages. Sans le savoir, le joueur passe à côté de certaines issues et tourne en rond plusieurs fois avant de trouver la sortie. Impardonnable. Autre élément qui pourrit quelque peu la progression, l'emplacement des checkpoints. Trop rares, ils imposent parfois au joueur de recommencer le début d'un long gunfight et d'abattre une seconde fois toute une armée avant de retrouver sa position initiale. Là encore, la pilule passe relativement mal.

Mafia II
On fait un barbeuk ?
Sous ses airs de TPS, Mafia II propose toutefois un gameplay plaisant, que ce soit à pied ou en voiture. Grâce à un système de couverture assez classique mais relativement efficace, les gunfights se veulent plutôt dynamiques même si l'on aurait aimé voir Vito se coller et se décoller plus rapidement de ses cachettes. Le fait de pouvoir faire le tour d'un modèle tout en restant à couvert apporte un plus indiscutable qui permet de contourner l'IA, une IA d'un niveau et d'une attitude assez quelconques, sans tare ou comportement vraiment choquant. Mais encore une fois, le tableau n'est pas parfait. On se demande par exemple pourquoi il est possible à certains moments de courir avec une arme et pas à d'autres... Comme on se demande comment les développeurs ont pu oser faire l'impasse sur certaines animations, comme les ouvertures de portes qui se font comme par enchantement en appuyant sur une touche. Autant dire que si vous en ouvrez et fermez une plusieurs fois de suite, la situation tourne rapidement au ridicule. Ajoutez à cela une visée précise mais parfois bugguée (malgré un bon angle, si le jeu décide que de là où vous êtes, vous n'atteindrez pas l'ennemi, il vous faudra vous découvrir et trouver une position plus risquée...), et cela finit par faire beaucoup, d'autant que les missions ont une fâcheuse tendance à se ressembler ou tout du moins à ne proposer rien d'original en dehors de gunfights et de filatures.

Mafia II
La modélisation des voitures est vraiment impressionnante.
Toutefois, il serait malhonnête de ne pas parler des phases d'infiltration qui elles, ont pour le coup beaucoup d'intérêt (et auraient même pu en avoir davantage...). Malheureusement, si certaines situations (disposition des ennemis, configuration des lieux) se prêteraient parfaitement à une progression lente et discrète, si le script ne le prévoit pas, il vous faudra foncer bêtement dans le tas. Dommage car en s'approchant à petits pas d'un garde, Vito peut l'assommer, le jeter d'un immeuble de 15 étages ou lui briser le cou. Mais encore une fois, la linéarité reprend le dessus et ces actions n'ont pas grand-chose d'instinctif, dictées qu'elles sont par ces fameux scripts. Il faut être alors suffisamment fort pour se rappeler qu'on nous conte une histoire et que sans aller jusqu'à parler d'un syndrome Heavy Rain, notre relative passivité est finalement justifiée. C'est là le mal qui ronge le gameplay quasiment à tous les étages : il est bon mais le joueur subit plus qu'il n'agit, d'autant qu'une certaine répétitivité finit par s'installer au fur et à mesure. Le système de combat à mains nues est lui aussi une bonne idée mais pas suffisamment poussée. Trois touches composent la palette de Vito : une d'esquive, une de frappe et une de frappe puissante. Si, de prime abord, ces affrontements en jettent de par la violence des coups, le fait que tous les combats se ressemblent finit là aussi par lasser.

Mafia II
La caméra est souvent trop rapprochée de Vito pour qu'on puisse apprécier l'action.
S'il est bien un point sur lequel il est difficile d'émettre des critiques, c'est la conduite. Inspirée de celle de GTA, elle est en réalité plus souple et très agréable, malgré la lourdeur des modèles d'époque, à quelques exceptions près. Le joueur a alors le choix d'opter pour un gameplay "normal" ou "simulation" en fonction de ses talents de chauffeur. La différence entre les deux modes se situe principalement au niveau du freinage et de la direction, légèrement assistés en "normal", beaucoup moins en "simulation". Les courses-poursuites avec la police peuvent alors se compliquer si vous optez pour la seconde configuration. Cela dit, le comportement des forces de l'ordre permet beaucoup d'écarts. Comme dans le premier Mafia, vous êtes tenu de respecter les limitations à proximité d'une voiture de police, soit en zieutant le compteur, soit en activant le limiteur (ok, c'est pas très réaliste mais cela rend des services !). Si vous vous faites choper, ceux-ci vous poursuivront et deux solutions s'offriront à vous : vous garer et vous acquitter des 50$ réclamés pour l'infraction ou fuir en espérant les semer, chose qui se fait aisément, sans doute un peu trop. En réalité, le comportement des flics est très étrange et même en tant que "wanted", vous pourrez passer à proximité d'une voiture de patrouille sans risquer d'être pris en chasse. L'indicateur s'excitera un chouïa puis tout redeviendra à la normale... Dans le cas où vous arrivez tout de même à vous faire arrêter, un pot de vin de 100$ suffira pour garder votre liberté. Tout s'achète dans Mafia...

Les notes
  • Graphismes16/20

    Empire Bay est crédible dans ses moindres recoins et le souci du détail a permis à 2K Czech de dessiner un univers d'une rare finesse. Les jeux de lumière n'ont d'ailleurs pas d'égal et contribuent à rendre les décors intérieurs et extérieurs vivants et variables selon le moment de la journée. Dommage que cette version console ne soit pas au niveau de ce que l'on nous propose sur PC (notamment au niveau du clipping et de l'aliasing), en dépit d'une physique de grande qualité.

  • Jouabilité14/20

    Le gameplay est un peu trop classique voire carrément banal. Pourtant, en insistant par moments sur des phases d'infiltration ou en imaginant un nouveau système de combat à mains nues, les développeurs avaient tout fait pour qu'il soit varié. La mission n'est qu'à moitié accomplie car le tout demeure finalement trop scripté, peu instinctif. Si la prise en main est immédiate, la progression souffre de quelques situations un peu tirées par les cheveux. Au final, on prend du plaisir à incarner Vito mais on ressort un peu frustré par les limites qu'a imposées 2K Czech à son propre gameplay.

  • Durée de vie13/20

    Comptez 10 heures tout rond pour voir le bout de l'aventure. Pour un titre de cette ampleur, on s'attendait à une bonne quinzaine d'heures de jeu. Du coup, l'aventure ne compte pas de temps morts mais le joueur a l'impression d'être pressé et n'apprécie pas le background a sa juste valeur. Vous pouvez toujours vous amuser à chercher tous les Playboys ou les avis de recherche de la ville mais on vous prévient : cela n'a strictement aucun intérêt.

  • Bande son17/20

    Malgré quelques petits accrocs sur le doublage parfois décalé avec l'image, l'ambiance sonore vaut son pesant de cacahuètes. Les morceaux que l'on peut écouter à la radio et ceux qui ont été choisis pour les dernières missions du jeu sont un pur régal. Si vous aimez la musique des années 40/50, Mafia II vaut mieux qu'un disque d'époque !

  • Scénario15/20

    Sans être bâclé, le scénario souffre de la brièveté du jeu. On aurait aimé en voir et en savoir davantage, d'autant que l'issue de l'histoire laisse le joueur sur sa faim. Est-ce pour nous faire comprendre qu'il y aura une suite directe à Mafia II ou pour nous préparer à un contenu téléchargeable pour débloquer une fin en bonne et due forme ?

Mafia II parvient sans mal à nous immerger dans les années 40 et 50 grâce à une totale maîtrise de l'époque. Beau, fin, soigné, celui qui se rapproche en réalité plus du jeu d'action que du GTA-like réussit techniquement quelque chose d'impressionnant malgré une performance inférieure à la version PC. Malheureusement, il n'est pas l'expérience inoubliable que nous attendions tous, la faute à une histoire un peu expédiée et à un gameplay convenu. Des 10 heures de jeu, on retiendra cependant cette volonté de 2K Czech de tout miser sur l'ambiance et sur la narration que l'on ne peut que saluer.

Note de la rédaction

14
15.7

L'avis des lecteurs (693)

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