Tous les amateurs de jeux de réflexion ayant eu une Super NES se sont probablement jetés corps et âme sur le mètre étalon du genre, à savoir Lemmings. Ils connaissent peut-être moins King Arthur's World qui, comme nous allons le voir, n'est pourtant pas dénué d'intérêt.
Au Moyen Age, la vie n'était pas facile. Si vous vouliez gagner beaucoup d'argent, qui comme chacun le sait poussait alors dans de larges coffres en bois, il fallait non pas courir en short après un ballon comme actuellement, mais occire des ennemis à coups d'épée ou de flèches, construire des ponts, défoncer de lourdes portes à coups de bélier ou d'explosifs, maîtriser le maniement de la catapulte et, bien entendu, exceller en sorcellerie. Bref, tout un métier ! Le célèbre roi Arthur savait faire tout cela, du moins son armée. King Arthur's World nous propose justement de guider le monarque et toute son équipe à travers moult châteaux forts, grottes et autres lieux insolites infestés de vilains et de pièges afin d'y récupérer les trésors qui y sont cachés et éventuellement renverser des monarques rivaux. Pour ce faire, l'armée de messire Arthur est composée de plusieurs types de spécialistes qu'il faudra utiliser au bon endroit et au bon moment, un peu comme un Lemmings-like.
King Arthur's World s'articule effectivement comme un jeu d'action/réflexion « à la Lemmings ». A chaque obstacle ou opposant rencontré, vous devrez répondre en envoyant depuis votre campement un groupe d'unités spécifique. A ceci près que contrairement aux Lemmings qui avançaient sans cesse et sur lesquels vous n'aviez qu'une influence limitée, vous aurez ici un contrôle total sur toute une troupe d'individus. Il faudra même souvent jongler entre plusieurs formations en même temps. Ne pouvant sortir de votre tente que trois équipes simultanément (sans compter Arthur), il faudra au fur et à mesure renvoyer certains groupes devenus inutiles dans leurs quartiers avant de pouvoir faire appel à de nouvelles recrues. Le nombre total d'individus de chaque spécialité à votre disposition est également limité et déterminé dès le début d'un niveau, il faudra donc faire attention à ne pas se faire tuer tous ses chevaliers par exemple, ce qui risquerait d'être handicapant, voire complètement bloquant pour terminer le tableau. Les tableaux justement sont généralement longs, voire très longs en dernière partie de jeu. Or, il n'est pas possible de sauvegarder sa partie, un code vous est simplement donné à la fin de chaque niveau afin de pouvoir reprendre à cet endroit en reproduisant le mot de passe. Le système est un peu archaïque et manque de souplesse il faut bien l'avouer. Les tableaux étant très longs, vous devrez vous assurer d'avoir du temps devant vous avant de commencer à jouer ! A noter que les neuf premiers niveaux sont seulement un entraînement, une sorte de tutoriel obligatoire qui vous plongera dans le jeu progressivement. Voyons maintenant quels spécialistes sont à votre disposition.
Le groupe d'archers tout d'abord, comme vous pouvez vous en douter, tire des salves de flèches à l'aide d'un arc. Il est possible de déterminer l'angle de leur tir, et ainsi de vous débarrasser à distance d'ennemis perchés sur des tours par exemple. Les chevaliers quant à eux, sont spécialisés dans le combat au corps-à-corps et se lanceront dans la bataille armés de leur fidèle épée. Les « barrel men » sont de véritables bombes ambulantes, ils avancent sur le champ de bataille avec un baril de poudre sur le dos et le déposent là où vous avez quelque chose à faire exploser, porte ou piège bien souvent. Attention toutefois, si votre porteur de baril se fait toucher par un projectile, il explose littéralement et tout ce qui se trouve autour de lui brûlera comme de la paille séchée au soleil. Ne laissez donc pas d'autres unités à proximité, sait-on jamais ! Les porteurs de bouclier, comme leur nom l'indique, portent… un bouclier. Ils font donc office de défenseurs et retiennent les adversaires. Ils sont surtout efficaces lorsqu'ils sont envoyés conjointement à un groupe de chevaliers ou d'archers. Les magiciens blancs sont spécialistes des sorts de soutien, ils peuvent redonner à vos unités des points de vie perdus, ou leur octroyer un bonus de force ou de défense. Les sorciers noirs pour leur part maîtrisent les sorts destructeurs comme la pluie de boules de feu ou l'orage meurtrier par exemple. Et pour terminer, les ingénieurs peuvent construire une puissante catapulte, ou un pont au-dessus d'une rivière ou d'un fossé, un échafaudage pour grimper une falaise, un bélier pour forcer une porte, ou encore une tente qui servira de nouveau campement sur certains checkpoints signalés par un drapeau. Il s'agit donc d'une unité polyvalente et extrêmement importante dans votre aventure. Vous pouvez également prendre le contrôle du roi Arthur en personne. Ce dernier peut se battre tel un chevalier et s'avère puissant et résistant, mais sachez que tout comme aux échecs, si votre souverain tombe sur le champ de bataille c'est le game over et vous devrez recommencer le niveau du début, à moins d'avoir amassé assez d'or pour acheter votre liberté. Cependant, Arthur est le seul qui puisse récupérer les précieuses clés qui vous permettent de progresser, et vous terminerez un niveau uniquement lorsque vous l'aurez guidé jusqu'au coffre au trésor ou au roi rival qui se trouve logiquement en fin de parcours.
Sur le plan technique, King Arthur's World est assez inégal. Sans être extraordinaires, les graphismes sont clairs et plutôt réussis. On pourra juste reprocher aux environnements d'être trop peu nombreux et de ne pas se renouveler assez souvent. Les musiques pour leur part, sont, sans vouloir exagérer, juste fabuleuses ! Ne vous fiez pas aux premières musiques rencontrées dans le jeu, qui elles sont plutôt anodines, allez donc d'entrée faire un tour dans le sound test écouter les magnifiques compositions que le titre vous propose si généreusement. Vous aurez droit à une étonnante version de la célèbre Chevauchée des Walkyries à la sauce Super NES. Le morceau « Cavern Deep » quant à lui reprend au bout de quelques minutes le célèbre thème de la série Mission Impossible ! Et si vous êtes en manque de rythmes funk, allez donc écouter le morceau intitulé « Funky Goblin », lui aussi incroyable. Tous ces thèmes se retrouveront bien sûr plus tard in-game. En ce qui concerne la prise en main, celle-ci n'est pas forcément aisée à la manette. Toutes les touches sont affectées à une action ou un menu et quelqu'un qui n'est pas habitué au jeu peut aisément confondre les différents boutons. Heureusement, le titre est compatible avec la souris Super NES, chose assez rare pour être soulignée ! Et il faut bien admettre que ce formidable périphérique facilite grandement les choses. Il rend l'ensemble bien plus intuitif et bien plus agréable à jouer : un clic gauche pour valider une action ou un déplacement, un clic droit pour faire défiler l'écran ou entrer dans le menu de sélection des unités, difficile de faire plus simple !
King Arthur's World est donc un soft plutôt sympathique qui s'adresse surtout aux amateurs de jeux d'action/réflexion. Il est d'ailleurs impossible de ne pas le comparer à Lemmings tant ces deux titres ont de choses en commun concernant leur principe et leur déroulement. Lemmings garde pourtant une bonne longueur d'avance sur son challenger moyenâgeux. Le Roi Arthur possède en effet moins de charisme que les fameuses bestioles bleues et vertes. De plus, le titre de Jaleco a misé sur des tableaux souvent très longs à terminer, ce qui au final rend la progression du joueur plus éprouvante. Il s'agit tout de même d'un bon jeu que les connaisseurs apprécieront.
- Graphismes13/20
Le soft possède des graphismes tout à fait lisibles et agréables. Les environnements sont globalement réussis également même si l'on aurait apprécié qu'ils se renouvellent plus fréquemment. Trois décors différents seulement tout au long du jeu, c'est en effet trop peu...
- Jouabilité12/20
La prise en main peut s'avérer délicate, les commandes à la manette étant peu intuitives. Le système de code à recopier pour reprendre sa partie plus tard est très peu pratique. Un système de sauvegarde sur pile aurait été le bienvenu, surtout étant donné la longueur des niveaux. Par conséquent, le titre nécessite de longues sessions de jeu. Toutefois, vous pouvez allègrement rajouter deux points de plus à cette note de jouabilité si vous utilisez la souris Super NES, avec laquelle le jeu est compatible.
- Durée de vie14/20
King Arthur's World ne contient pas énormément de niveaux, à peine une quinzaine sans compter le tutoriel, beaucoup moins qu'un Lemmings donc, mais la plupart sont extrêmement longs à boucler, certains pouvant même nécessiter près de deux heures de votre temps, voire plus. La difficulté pour sa part est bien équilibrée, allant crescendo au fil des tableaux.
- Bande son18/20
Les musiques sont très belles, certaines sont même de qualité surprenante pour une Super NES ! On se trouve quasiment au niveau des mythiques thèmes d'un Final Fantasy VI ou d'un Tales of Phantasia, pourtant dans un tout autre style il est vrai. Les bruitages sont moins impressionnants, quoique plutôt amusants pour la plupart.
- Scénario/
Le titre ne propose pas de scénario à proprement parler, seul un texte à l'écran vous expose brièvement où vous vous trouvez et ce que vous devez faire.
Ce King Arthur's World, pour un jeu peu connu, s'avère plutôt plaisant. Et pour cause : il s'inspire assez largement et néanmoins librement du hit interplanétaire qu'est Lemmings. Il reste malgré tout moins charismatique que ce dernier, possède moins de contenu, et la progression dans le jeu est plus fastidieuse, la faute à des tableaux beaucoup plus longs et à l'absence de sauvegarde en cours de jeu. Un titre qui s'adresse donc à un moins large public que son illustre inspirateur mais qui ravira tout de même les mordus d'action/réflexion.