Alors que l'on s'attendait à ce que Remedy glisse ce premier chapitre téléchargeable quelque part au milieu du reste de l'aventure d'Alan Wake, le studio nous prend au dépourvu en proposant une suite directe à cette dernière. Un épisode qui n'enrichit guère l'histoire mais vous propose une sérieuse dose d'action.
Si les combats ne sont pas vraiment ce qui vous attire le plus dans Alan Wake, mieux vaut vous prévenir que vous allez en manger dans The Signal. Étrangement, si le reste du jeu met un fort accent sur l'histoire et la narration, ce septième chapitre s'en lave les mains, se limitant au petit prétexte scénaristique qui lui permet d'asseoir ses idées de gameplay. The Signal démarre en effet exactement là ou le jeu complet prend fin. Alan est donc pris dans l'Antre Noire et ce n'est plus le monde réel que l'on va parcourir, mais les méandres de ses délires d'écrivain salement tourmenté. Et niveau scénar, c'est à peu près tout, ce qui est relativement léger et se ressent dans la progression qui consiste à suivre un "signal" envoyé par Zane pour vous aider à sortir de ce cauchemar. En fait de signal, on suit simplement le marqueur d'objectif et point barre. La conséquence c'est qu'on a un peu trop la sensation d'avancer sans but réel.
Tout l'intérêt de vivre un cauchemar d'Alan Wake est que la réalité n'a plus lieu d'être et que, régulièrement, les décors changent soudainement et se mélangent de façon complètement délirante. Vous étiez dans le Diner de Brights Falls, en ouvrant la porte vous atterrissez en pleine forêt, puis un flash transforme tout ça en un ensemble de hangars. Le seul point commun entre ces différents lieux étant qu'ils sont littéralement infestés de Possédés. The Signal est étonnamment tourné vers l'action et vous oppose à une multitude d'ennemis. Or, on sait que le système de combat du jeu n'est pas vraiment taillé pour ce genre d'affrontements de masse. En d'autres termes : certaines séquences vont vous en faire salement baver et plus d'une fois la seule solution intelligente sera de prendre la fuite au lieu de risquer le combat. On peut dire que par moments, The Signal atteint des sommets de difficulté et que faire face en contrôlant un Alan Wake qui, il faut le rappeler, est tout de même franchement raide comme un balai, peut parfois faire monter la tension du joueur. Remedy gère en tout cas la chose assez bien, mais cette orientation a de quoi surprendre.
Outre le fait de bouleverser l'environnement, évoluer dans l'esprit de Wake apporte une autre touche sympathique. Comme c'est le cas à la fin du jeu, on trouvera dans The Signal des "mots objets" flottant dans l'air et qui se transforment lorsqu'on les éclaire. En fait ils deviennent même omniprésents ici. Mais ne sont pas toujours vos alliés. Ils sont employés de différentes façons. Parfois ils sont des caisses de munitions, un interrupteur ou une lampe torche mais ils peuvent aussi devenir une interaction. Gare à ceux qui veulent éviter le spoil avec les lignes qui suivent. Vous serez par exemple amené à traverser une chaufferie labyrinthique dans laquelle vous trouverez des portes de "fourneaux", à chaque fois que vous en éclairerez une, un jet de flamme en sortira. Ce qui est aussi utile pour éliminer un paquet de Possédés, que dangereux si vous êtes maladroit avec votre lampe torche. Plus tard, vous devrez carrément traverser un champ de "Possédés", de "corbeaux" ou surtout de "boum", des éclats de lumière dont on vous laisse deviner l'effet désastreux dans ce genre de situation. Un véritable champ de mines que l'on traverse en regardant ses pieds et surtout une excellente idée de gameplay.
- Graphismes16/20
On retrouve des environnements déjà connus mais remaniés à la sauce apocalypse, techniquement pas de surprise, c'est Alan Wake mais The Signal est nettement plus "couloirisé" que les autres chapitres, ce qui dégomme un peu la sensation de grandeur que l'on pouvait avoir.
- Jouabilité14/20
Pas de nouveauté côté prise en main, évidemment. En revanche, le gameplay mise tout sur l'action, au détriment de la narration. La profusion de combats pourrait en rebuter certains mais l'exploitation des "mots objets" est très bien vue et fait figure de semi-nouveauté.
- Durée de vie15/20
Il vous faudra un poil moins de deux heures pour terminer ce chapitre, ce qui est assez raisonnable pour un DLC proposé à 560 points MS.
- Bande son18/20
Rien à signaler par rapport au jeu original.
- Scénario9/20
C'est le point vraiment décevant de The Signal. Le scénario n'est guère qu'un prétexte pour justifier l'aspect modulaire des environnements. L'absence de vraie narration est regrettable dans un chapitre d'un jeu tel qu'Alan Wake.
En somme, The Signal peut laisser un goût doux-amer. A la fois rempli de bonnes idées mais sans doute trop tourné vers l'action et laissant l'histoire au placard, il tranche assez nettement avec le reste du jeu sans lui apporter grand-chose. Néanmoins, on retrouve toujours avec plaisir l'ambiance si particulière du titre pendant deux heures, tout ça pour 560 points MS. Une bonne affaire tout de même donc.