Si on vous dit que Limbo est un jeu rafraîchissant, fatalement, vu l'allure qu'il se paie, ça risque de vous étonner. Pourtant, sa réalisation simple et naïve, son gameplay épuré et son ambiance à tomber par terre sont une bouffée d'air frais, mais avec quelques relents putrides.
Limbo, c'est avant toute chose une atmosphère. Plongé directement dans le jeu, sans s'encombrer de tutorial ou de séquence d'introduction, le joueur prend directement le contrôle du héros, un jeune garçon, alors qu'il s'éveille dans une forêt. Et hop, en avant toute vers la droite. Pas une once de couleur ici, que du noir, du blanc et toutes les nuances possibles de gris. A l'écran l'effet évoque les débuts du cinéma alors qu'une caméra à la mise au point variable fait penser à quelques vieux clichés photographiques sur lesquels on n'aurait pas toujours très bien géré la profondeur de champ. Petite touche finale : un grain venant "enrichir" un peu plus ce rendu esthétique. De prime abord, Limbo adopte un style naïf, mais en vérité, cet aspect minimaliste cache une véritable violence et que personne ne s'y trompe : Limbo est par moments franchement glauque. On ne dira pas en quoi pour éviter tout spoiler, mais certaines choses qui s'y produisent feraient sûrement scandale si on les voyait dans un jeu à la réalisation plus classique. L'ambiance envoûtante du jeu, doit également beaucoup à la bande-son. Elle aussi se réduit à sa plus simple expression : aucune musique, uniquement les effets sonores liés à ce qui se passe à l'écran. Ici de l'eau qui tombe, là un rouage qui se met en branle, et surtout, les différents sons émis par le héros lorsqu'il se fait empaler, écraser, brûler etc.
S'il est dense dans son ambiance, Limbo n'oublie pas pour autant de l'être dans son gameplay. Fondamentalement old-school, il n'utilise que deux boutons en plus du stick pour se déplacer : une touche de saut, une touche d'interaction, pour tirer ou pousser des objets. Simple, oui, simpliste, certainement pas. Pour avoir une bonne idée de ce qui vous attend, prenez Another World et mélangez-le au premier Oddworld. Vous obtenez un jeu de plates-formes dans lequel on progresse par essai-erreur, affrontant fréquemment des pièges particulièrement fourbes qui mettent les réflexes à rude épreuve, des sauts millimétrés et parfois même chronométrés, le tout accompagné par des puzzles qui deviennent rapidement de véritables casse-tête. On meurt souvent dans Limbo, très souvent même, avant de comprendre ce qu'on attend de nous, malgré tout, le jeu place ses checkpoints à la perfection et même les plus râleurs ne se sentent jamais frustrés. Fourbe dans son aspect plates-formes, Limbo est également retors dans ses puzzles. Souvent basés sur la physique, ils se compliquent au fil de l'avancée dans le jeu, impliquant de plus en plus d'éléments. Toujours bien pensés, ils ont surtout le bon goût de ne quasiment jamais se répéter.
On peut le dire : on prend un pied intégral en jouant à Limbo. C'est beau, surprenant, différent et frais même si les inspirations ne datent pas d'hier. Toutefois, deux défauts majeurs l'entachent. Le premier en gênera certains mais pas forcément tout le monde : Limbo n'a pas d'histoire, ni aucune autre forme de narration. Si vous vous posez des questions, tant pis pour vous, vous n'aurez pas de réponse. On peut voir ça comme un choix ou comme une source de frustration, à chacun son avis. L'autre gros problème, c'est la durée de vie de Limbo. Selon votre aptitude à résoudre les puzzles, comptez entre 3 et 4 heures de jeu. Or, Limbo ne fait pas vraiment partie des jeux les moins chers du Xbox Live avec son tarif de 1 200 points. Alors certes, ce sont 3 belles heures, mais tout de même.
- Graphismes18/20
C'est fou ce qu'on peut faire avec un peu de noir et de blanc et un usage savant de la mise au point. Limbo est simplement magnifique et entre dans le club malheureusement trop fermé de ces jeux qui s'offrent une véritable identité visuelle. Une naïveté qui en plus dissimule un univers glauque et violent.
- Jouabilité18/20
Plus simple tu meurs, le stick pour avancer, un bouton pour sauter, un autre pour interagir. Mais avec ça, PLAYDEAD nous a concocté un gameplay d'une redoutable efficacité mêlant plates-formes de précision et réflexion capable de vous mettre le cerveau en feu. Un must pour les amateurs de jeux old-school, style qui n'a finalement jamais été aussi moderne.
- Durée de vie10/20
Le seul point noir du jeu. Limbo se termine en un peu plus de trois heures, pour 1 200 points MS. L'addition est un poil salée.
- Bande son16/20
L'ambiance sonore est réduite à sa plus simple expression : pas de musique, uniquement quelques effets par ailleurs très discrets. C'est diablement efficace.
- Scénario/
Qu'il est bon de voir débouler de telles petites perles. Au milieu de jeux surproduits et multipliant les commandes, Limbo joue la carte de la simplicité graphique et ludique. Du noir, du blanc, du gris, deux boutons et pourtant il est plus riche que bien des titres multicolores exploitant toutes les touches d'un pad. On ne peut lui reprocher que sa durée de vie, mais on n'en a même pas envie. Incontournable.