Si je vous dis Sega vous me répondrez très certainement Sonic ! Vous aurez bien sûr raison mais le hérisson bleu ne fut pas toujours la mascotte de l'ex-constructeur. Avant lui, la vedette revenait à Alex Kidd, un personnage que nous allons redécouvrir via sa troisième aventure.
Soyons clairs, ce n'est pas avec son scénario que ce nouvel épisode d'Alex Kidd brille. Ici le pitch est très bateau : un grand salon du jeu vidéo a lieu dans votre ville et, en bon geek que vous êtes, vous devez absolument vous y rendre. C'est tout ? Et bien oui. Un peu léger, certes... Dans l'absolu, on se demandera alors pourquoi bon nombre de ninjas vous barrent la route. Peut-être des soldats d'un salon concurrent pour limiter le nombre d'entrées... Enfin bon, le jeu étant sorti en 1989 sur Master System, on comprendra que les limites techniques de l'époque empêchaient les développeurs d'inclure des scénarios dignes de la génération de consoles suivante.
En ce qui concerne le level design, là non plus il ne faut pas chercher dans l'excellence. En effet, le jeu se décompose en quatre niveaux dont deux quasiment identiques et un tout simplement minuscule, le stage le plus sympathique restant le premier qui se déroule dans le château du prince. Une fois sorti de sa demeure, notre ami traversera une forêt pleine des fameux ninjas qui en ont après vous avant d'arriver dans un village tout à fait inutile pour revenir ensuite dans une autre forêt. Manque d'originalité ? Probablement. Autre déception pour les fans, le célèbre jeu du « pierre, feuille, papier, ciseau » a disparu. Quant aux ennemis, il faut désormais les attaquer en leur lançant un mystérieux projectile de couleur jaune dont l'origine et la nature ne nous sont pas expliquées. Exit donc les fameux coups de poings ! Parlons maintenant de la difficulté. Celle-ci, sans être excessive, est tout de même un poil corsée. Un bon point à mettre au crédit du jeu est la relative diversité des décors. Dans le premier niveau, qui est basé sur la recherche, vous devez retrouver les huit fragments d'une carte censée vous conduire au salon des jeux vidéo. Ces fragments sont répartis dans différentes cachettes au sein de votre château. Vous devrez également chercher divers items qui vous seront nécessaires durant l'aventure comme, par exemple, le deltaplane qui n'est malheureusement pas jouable. Ce niveau vous demandera pas mal de réflexion tant les morceaux de la carte sont parfois très bien cachés. Les deuxième et quatrième levels sont dans la plus pure tradition des jeux de plates-formes de l'époque. Vous devez avancer jusqu'à la fin tout en évitant les obstacles et en abattant les ennemis. Dans tous les cas, il vous faudra connaître les pièges par coeur avant d'en venir à bout.
Enfin, le troisième stage peut ressembler à une blague. En effet, nous n'y trouvons aucun ennemi, l'objectif étant ici de trouver un passe pour ensuite le donner au garde posté à la fin du village. Cependant, derrière l'aspect simpliste de ce chapitre, se trouve en réalité une difficulté improbable. Pour obtenir ce fameux sésame, vous devez aller prier les dieux pour qu'ils vous ouvrent la voie vers le salon évoqué plus avant. Pour autant, on se retrouvera alors face à une grosse blague des développeurs nous demandant de prier pas moins de cent fois pour que le dieu en question apparaisse et vous donne ce passe. Comment le deviner hormis avec l'aide d'une soluce ? Sincèrement, je ne peux pas répondre à cette question. Pour finir, intéressons-nous à la qualité des graphismes. Pour cela, remettons ce troisième opus d'Alex Kidd dans son contexte. Nous sommes à la fin des années 1980, les consoles 8 Bits dominent le marché et la 2D n'est pas encore à son apogée. En clair, le jeu est plutôt beau pour de la Master System mais pas autant qu'un Shinobi sorti un an avant sur le même support. Mention spéciale cependant lorsque le personnage monte ou descend les escaliers. Le jeu se révèle même être moins coloré que le précédent opus : The Lost Stars. Au final, que peut-on conclure de cet Alex Kidd ? Le tout reste encore aujourd'hui très bon et ce malgré sa complexité à l'ancienne. Cependant, si vous désirez retrouvez les sensations d'un bon trip old school, vous n'aurez aucun mal à trouver un jeu plus complet que cet opus dédié au jeune prince.
- Graphismes12/20
Le jeu est beau, sans plus. Les animations du personnage sont réussies mais le jeu pèche par un manque de variété. Du coup, le joueur a l'impression de parcourir encore et toujours les mêmes tableaux.
- Jouabilité14/20
Aucun problème de ce côté-là. La prise en main est immédiate et le gameplay est simple mais efficace. D'un autre côté, Sega connaissait déjà bien son sujet à l'époque.
- Durée de vie8/20
Quatre niveaux seulement dont deux identiques et un des plus ridicules. Au final, le jeu se termine en trois heures maximum. Très en dessous de ce à quoi nous avait habitué maître Sega !
- Bande son10/20
Les trois mélodies ne resteront pas dans les mémoires à l'inverse de son concurrent direct, j'ai nommé Super Mario Bros.
- Scénario4/20
Alex Kidd doit absolument se rendre au grand salon du jeu vidéo. Voilà c'est tout. On est d'accord que l'époque n'offrait pas forcément les moyens d'inclure des histoires passionnantes mais un petit effort aurait été le bienvenu.
Cet Alex Kidd laisse perplexe. Autant le premier épisode (inclus directement dans la console) peut se vanter d'être devenu un mythe de la plate-forme 8 Bits, autant là, on sent que les développeurs ne se sont pas foulés pour nous sortir ce jeu. Pourtant, malgré tout ces défauts, le plaisir de jouer est là. Peut-être est-ce dû au fait de retrouver de vraies difficultés à l'ancienne. Mais après tout, si on s'intéresse aux oldies, c'est aussi pour ça non ?