Ah lala... Les mauvaises imitations... Il y en a tellement dans le jeu vidéo que l'on pourrait en faire un bouquin, voire une encyclopédie. Combien de développeurs ont essayé de copier un titre à succès pour finalement nous larguer un bon gros bouson bien odorant ? Vous voulez un exemple tout frais ? Tournament of Legends.
Imaginons la scène. Vous vous baladez dans votre magasin de jeux vidéo préféré en quête de chair fraîche à vous mettre sous la dent. N'ayant pas eu la bonne idée de vous renseigner à l'avance, c'est à la lecture des jaquettes que vous comptez vous faire votre opinion, ce qui dans le milieu s'appelle une tentative de suicide. Comme chaque boîte vous promet monts et merveilles, vous finissez par opter par la plus dithyrambique. Tiens, justement, celle de Tournament of Legends vous promet des arènes mythiques, des créatures légendaires et comble de la nouveauté en 2010, des combats tout en 3D ! Naïf comme l'enfant qui vient de naître, vous filez 30 euros au vendeur qui a du mal à cacher son sourire moqueur, et vous rentrez chez vous pour placer la galette dans votre pauvre Wii.
Petit récapitulatif du bestiau avant de lancer la première partie. Tournament of Legends se veut être un jeu de combat en 3D hyper dynamique aux relents de Soul Calibur. Une ambiance inspirée de différentes mythologies, des enchaînements impressionnants, des coups spéciaux à en faire pleurer Chuck Norris, des arènes vivantes... Attention hein, on est toujours sur le papier là. Rentrons dans le vif du sujet en commençant par le choix du combattant. C'est en général à ce moment-là que le joueur lambda prend un bon gros coup de massue, premier d'une longue série de gifles titanesques. Vous n'avez le choix qu'entre huit personnages différents... Mazette ! Autant que dans Street Fighter II. C'est bien de s'inspirer des plus grands, encore faut-il choisir la bonne époque... Mine de rien, malgré le petit nombre proposé, vous aurez bien du mal à vous lancer, la faute à un character design définitivement laid. On peut tenter de retourner le problème dans tous les sens, ils ont tous comme point commun de ressembler à des seconds couteaux de films d'action des années 80. Même Narcia, la Méduse, ressemble à un ninja d'un navet signé Cannon Films. Du gladiateur au minotaure, en passant par Jupiter en personne, on oscille entre le risible et le honteux.
Peu importe si le gameplay suit nous direz-vous. Certes, filons donc dans l'arène ! Premier choc, les petits gars de chez High Voltage ont opté pour une caméra assez perturbante. Elle se situe derrière l'épaule d'un des deux joueurs, l'autre protagoniste se situant donc dans la profondeur de champ pour un résultat à la fois audacieux et complètement foiré. L'un des principes de l'effet de profondeur, c'est qu'il est quelque peu difficile d'évaluer les distances. Transcrivez ça dans un jeu de combat, et vous devinez le résultat. On fout la moitié de nos coups dans le vide parce qu'on est trop court, et on se prend des gnons de façon régulière, parce que finalement, on est aussi trop proche. Ne sachant pas vraiment où vous placer, vous finissez par bourriner comme un malade par simple instinct de survie, ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise tactique tant le nombre d'attaques différentes est pauvre. Deux coups latéraux, un coup vertical, quatre ou cinq enchaînements aussi impressionnants qu'une contre-attaque de l'équipe de France, c'est ce qu'on appelle faire un bond de dix ans en arrière, et sans DeLorean s'il vous plaît ! S'ajoutent tout de même à cela quatre coups spéciaux par personnage, soit complètement inutiles, soit carrément dévastateurs, attestant de l'incroyable soin porté à l'équilibre entre les combattants. Concernant les arènes, chacune propose un monstre différent qui peut de temps en temps perturber le combat, généralement en filant une rouste aux deux guignols qui s'opposent, quelquefois évitable via une QTE, et encore, si vous avez du bol...
Bien que n'importe quel être humain aurait éteint sa console et éparpillé le jeu façon puzzle avant d'aller brûler le magasin qui lui a vendu cette daube infecte, acceptons que vous faites partie de ces gens dénués de toute notion de haine. Vous vous lancez donc dans les différents modes de jeu des fois que Tournament of Legends ait beaucoup à offrir à ce niveau. Commençons par le mode Histoire. Un titre s'inspirant autant des dieux et légendes doit offrir un scénario digne de ce nom n'est-ce pas ? Et bien non, absolument pas, ce n'est visiblement pas nécessaire puisqu'après une intro basique, vous enchaînerez juste tous les combattants du jeu pour assister à une conclusion bâclée. Le seul intérêt de ce mode est de gagner de nouvelles armes pour les persos ainsi que quelques pouvoirs pratiquement inutiles. Ah et le must du must, vous pouvez aussi débloquer deux branquignols supplémentaires pour un nombre final absolument incroyable de dix personnages jouables ! Ensuite, on n'a plus qu'à pleurer comme des malheureux devant ce qui nous reste, c'est-à-dire un mode VS et un mode Entraînement, pour faire genre. Vous l'aurez compris, Tournament of Legends n'est qu'un mauvais ersatz de Soul Calibur, le type de jeu que l'on cache quand des amis viennent à la maison et dont on reparle avec honte des années plus tard. Le titre de High Voltage est pathétique à en devenir glauque et il ne fait aucun doute que vous pouvez trouver mieux pour dépenser vos deniers durement acquis.
- Graphismes11/20
Tournament of Legends est loin d'être laid, du moins d'un point de vue technique. Les effets sont même plutôt réussis. Par contre, dès que ça touche à l'artistique, on se gausse royalement. Les personnages jouables ont tous un charisme d'huître, en plus d'un manque total de goûts vestimentaires, mélangeant les couleurs sans aucune logique. D'un autre côté, ça va bien avec les décors...
- Jouabilité5/20
Ah ah ah, un désastre. Mais pourquoi un choix de caméra aussi foireux ? Dès que l'on passe au second plan, nos contrôles s'inversent et on se fait tataner bêtement. Le nombre de coups est tellement faible qu'on en regretterait presque ce bon vieux Yie Ar Kung Fu. C'est d'un navrant...
- Durée de vie5/20
Le mode Histoire n'est qu'un pauvre mode Arcade très mal déguisé, et il ne vous faudra pas longtemps avant d'y débloquer les deux personnages supplémentaires. Le mode VS n'a d'intérêt qu'à deux joueurs, mais il nous semble impossible de trouver autant de personnes appréciant ce jeu dans un rayon de 500 km².
- Bande son7/20
Bien que les musiques passent encore, les voix repoussent les limites de la caricature et du ridicule. Les personnages répètent toujours les mêmes phrases et on a vraiment envie de leur taper sur la tronche, ce qui tombe bien dans un jeu de combat. La voix off surjoue tellement qu'on se croirait dans Plus Belle la Vie.
- Scénario/
Si Mutella est une imitation bas de gamme d'une célèbre marque de pâte à tartiner, alors Tournament of Legends aurait dû s'appeler Soul Calembour. Un choix de caméra aberrant, une jouabilité nulle, un contenu pauvre, tout pour devenir la risée des jeux de combat. On prenait plus de plaisir à jouer avec deux spaghettis dans son assiette quand on était môme. Non franchement, même pour rire, ne l'achetez pas.