Treasure, la société à l'origine de nombreux jeux d'action et de shoot'em up de qualité tels que Radiant Silvergun, Bangai-O ou plus récemment Sin and Punishment : Successor of the Skies a fait une entrée fracassante dans le monde du jeu vidéo en 1992 avec la sortie de Gunstar Heroes, un jeu d'action dégoulinant d'adrénaline et de sensations fortes. Alors si vous êtes en quête de carnage au lance-flammes, à la mitrailleuse ou même à mains nues, il est temps d'aller consulter un spécialiste. Et pour ceux qui sont intéressés par tout ça, mais virtuellement, il ne vous reste plus qu'à suivre le guide !
Gunstar Heroes compte l'histoire d'un monde qui, il y a longtemps, fut menacé par un puissant androïde du nom de Golden Silver. La créature fut vaincue et les quatre pierres qui lui conféraient sa force furent cachées au quatre coins de la planète. Aujourd'hui, l'Empire, mené par le commandant Grey, cherche à s'emparer des pierres afin de s'accaparer les pouvoirs de Golden Silver et ainsi régner sur le monde. Tandis que les Gunstar Heroes s'élevaient pour mettre fin aux agissements de l'Empire, l'un d'entre eux, Green, est manipulé et s'oppose finalement à sa tâche originelle. Seuls Red et Blue, assistés par la jeune Yellow et le professeur Brown peuvent à présent sauver le monde des sombres desseins de l'Empire !
Derrière ce scénario haut en couleur se cache un prétexte finalement assez travaillé pour vous envoyer d'un bout à l'autre du monde et même dans l'espace à la recherche des gemmes détenues par l'Empire. Comprenez par là que vous allez massacrer beaucoup de beau monde, dans des décors variés et même via une séquence de shoot'em up spatial. Car oui, Treasure a fait très fort dès son premier titre et repousse loin les capacités de la machine de Sega. On se retrouve face à un run and gun pur jus qui vous oppose des hordes incessantes d'ennemis à travers lesquels il faut vous frayer un chemin à l'aide de techniques de combat diverses et variées, du moins, pour le genre. Les environnements abordent des thèmes différents d'un niveau à l'autre en vous plongeant au fond d'une mine, sur une base volante, dans la jungle et même dans un jeu de l'oie grandeur nature ! Les graphismes ne sont peut-être pas les plus fins de la Megadrive, mais la présence de nombreux ennemis, tirs et autres explosions ne peuvent que vous convaincre du travail de génie qui se cache derrière un rendu pareil.
Chaque partie débute par le choix de son protagoniste parmi Red et Blue, la seule chose les différenciant étant la capacité du premier à faire feu en plein déplacement alors que le second est irrémédiablement contraint à rester à l'arrêt pour tirer. Si la première approche est certainement plus pratique lorsqu'il s'agit de traverser des environnements où de faibles adversaires ne cessent de vous tomber dessus par dizaines, elle l'est nettement moins lors des nombreux affrontements face aux boss, ou de manière plus générale, lorsque l'action se déroule sur un plan fixe. Votre principale arme peut être choisie parmi quatre : la mitrailleuse, le lance-flammes, le tir à tête chercheuse et le laser. Chacune possède ses propres avantages et inconvénients, en fonction de la situation. Mais ce n'est pas tout, le jeu se fait original en permettant de ramasser d'autres armes pour en posséder 2 simultanément, interchangeables et combinables ! A titre d'exemple, la fusion du lance-flammes et des tirs à tête chercheuse résulte en un jet de flammes à la trajectoire à diriger à la manette. Au total, 14 armes différentes peuvent ainsi être utilisées. À cela viennent s'ajouter les différents mouvements de combats au corps à corps, tels que les coups de pied aériens, les glissades ou la possibilité de projeter un ennemi sur un tas de ses compères.
Chacun des sept niveaux est accompagné d'une progression scénaristique ou d'un briefing très succincts et sobrement mis en scène. Ce n'est pas vraiment important, mais quelques pseudo-rebondissements ne pouvaient qu'être un plus à un titre déjà assez complet. Le level design est original et chaque niveau bannit définitivement tout sentiment de lassitude en apportant une composante de gameplay qui lui est propre, comme par exemple la course-poursuite en chariot dans les mines, le jeu de l'oie de Mr Black ou le niveau entièrement dédié à une phase de shoot'em up. Mais même les passages de tirs apparemment plus classiques deviennent originaux lorsqu'ils ont lieu en pleine glissade sur le flan d'une pyramide ou dans un village aux décors destructibles. En outre, de nombreux boss parsèment votre chemin et il n'est pas rare d'en affronter trois ou quatre par niveau.
Les plus simples d'entre eux peuvent être vaincus sans grande difficulté mais d'autres demanderont une plus grande attention, l'étude de leurs mouvements et même l'utilisation d'armes plutôt que d'autres afin de vous faciliter la tâche. Ces affrontements sont également le témoignage du travail de design, aussi bien graphique qu'au niveau des mouvements des boss. Leur apparence est en parfaite corrélation avec leurs capacités et les placements nécessaires à vos esquives et attaques sont étudiés de façon à ne laisser aucun temps mort. Votre santé se présente sous la forme d'un nombre dans un coin de l'écran et, bien que votre protagoniste soit capable d'endurer de nombreuses attaques de simples ennemis, certains boss pourront vous éliminer en une poignée d'assauts fructueux. La perte d'une vie entraîne la reprise de la partie au dernier checkpoint rencontré. La perte de toutes vos vies demande, par contre, de recommencer le niveau depuis le début, mais heureusement, cette dernière action n'est pas limitée en nombre d'utilisations.
Précisons tout de même qu'il est possible de choisir l'ordre de déroulement des 4 premiers niveaux, permettant d'éviter la redondance des parties. Mais surtout, le jeu est entièrement jouable à deux ! Alors n'hésitez pas à inviter un ami pour vous lancer dans des parties où le carnage le plus total est inévitable. Déjà seul, des explosions en tout genre recouvrent l'écran, alors, assisté d'un ami, certaines situations deviennent, certes, confuses, mais toujours aussi défoulantes. De plus, des détails comme la possibilité de projeter son partenaire sur ses adversaires comme une bombe humaine donne lieu à des situations hilarantes où un joueur rigole à la vue de l'autre se débattant dans les ennuis dans lesquels il vient d'être littéralement plongé. Au final, Gunstar Heroes est un concentré d'action et de fun qui (contrairement à de nombreuses autres productions de Treasure) ne demande pas des capacités de hardcore gamer pour être apprécié à sa juste valeur.
- Graphismes17/20
Réussis dans leur ensemble, les graphismes ne sont pourtant pas ce que l'on a vu de mieux sur la machine de Sega. Le titre convainc principalement par la fluidité d'une action omniprésente à l'écran, véritable allégorie des capacités arcades de la Megadrive. Les adversaires sortent de partout en même temps et les explosions recouvrent régulièrement l'écran. Cependant, les passages les plus ardus restent suffisamment limpides pour ne pas avoir à pester contre une esquive échouée à cause d'un problème de lisibilité.
- Jouabilité18/20
À première vue très simple, il ne faut pas plus d'une partie pour s'adapter à la jouabilité du titre et s'amuser en répandant le chaos dans les rangs adverses. Pourtant, le soft propose plus que simplement tirer à tout va et le système de collecte d'armes permet de renouveler l'intérêt des parties en appréhendant les niveaux de différentes façons. Finalement, jongler avec les différents aspects du gameplay peut demander un peu plus de temps, mais le jeu en vaut la chandelle et les parties n'en deviennent que plus intéressantes.
- Durée de vie14/20
Sept niveaux de longue durée et remplis d'obstacles et de boss en tout genre, voilà ce que vous propose Gunstar Heroes. Le fun est le principal argument du jeu lorsqu'il s'agit de maintenir le joueur à sa manette. Les parties sont rapides, défoulantes et c'est avec plaisir que vous y reviendrez incessamment, tout particulièrement si vous avez un ami sous la main pour vous aider dans votre tâche. La difficulté du titre le rend abordable pour n'importe qui ne voulant pas se prendre la tête mais simplement s'amuser. Cependant, il est aussi possible de la diminuer à travers le menu d'option ou, pour les joueurs les plus courageux, de l'augmenter d'un ou deux crans.
- Bande son13/20
Sans doute le point faible du jeu, sa bande-son ne s'élève pas au niveau d'excellence de ses autres attributs. Les musiques ne passent pas vraiment inaperçues et certains thèmes peuvent même proposer un cachet plutôt plaisant, mais de manière plus générale, vos oreilles risquent d'être agacées par l'agressivité des sons produits par la machine. Les bruitages sont quant à eux de bonne facture et reflètent bien l'action à l'écran.
- Scénario/
Le background dans lequel se déroule votre aventure, s'il n'est pas inintéressant, n'est pas suffisamment mis en valeur au cours des parties pour mériter le nom de véritable scénario. On se contente de quelques rebondissements par-ci par-là, en demander plus n'aurait finalement que nuit au rythme du jeu.
Très apprécié des joueurs et de la presse spécialisée lors de sa sortie originelle sur Megadrive, le titre de Treasure s'est imposé en tant que référence du jeu d'action à l'époque. L'originalité de l'architecture des niveaux et les nombreuses modifications de gameplay qui ont lieu en cours de partie le rendent toujours aussi accrocheur qu'en son temps. Tout le monde peut y trouver son compte ; simple joueur en quête d'adrénaline ou gamer à la recherche de défis, le jeu s'adapte à tout le monde grâce à ses modes de difficulté savamment dosés. Pour peu que vous sachiez apprécier un bon jeu d'action, vous pouvez y aller les yeux fermés : ce titre a tout les atouts pour vous ravir. Il n'a pas fallu attendre que Treasure se fasse la main avant de sortir des hits incontournables, Gunstar Heroes est là pour le prouver.