La collaboration entre Disney et Warren Spector semblait improbable il y a encore quelques années. Elle donne pourtant naissance à l'un des jeux Wii les plus excitants du salon E3 2010. Le papa de Deus Ex revient en effet là où on ne l'attendait pas avec Disney's Epic Mickey, un jeu que l'on attend, pour le coup, comme des petits fous !
Nous avions déjà aperçu Epic Mickey à l'annonce du projet par Warren Spector lui-même en novembre de l'année dernière. Nous avons eu la chance de pouvoir revoir le titre, mais aussi de pouvoir enfin y jouer pour la toute première fois. Rappelons le pitch de départ. Mickey se retrouve dans le Wasteland, un univers rassemblant les personnages Disney qui ne sont plus utilisés par la firme soit parce qu'ils sont trop vieux et oubliés, soit parce qu'ils ne connaissent plus le succès. Dans ce monde qu'il devra sauver, Mickey est muni d'un pinceau et il peut peindre ou effacer à volonté tout ce qui l'entoure, ou presque. Dans les faits, les décors sont constitués de deux matières : le cartoon et l'inerte. Seules les parties cartoon, représentées par des couleurs vives, réagissent au pinceau de la souris et ce ne sont donc que celles-là que le joueur pourra faire apparaître ou disparaître. Bien sûr, effacer un pan de mur peut servir à dévoiler des items cachés, mais Epic Mickey va plus loin que cela. Beaucoup plus loin, même.
Warren Spector a toujours aimé offrir des choix au joueur. Son jeu Deux Ex en était le parfait exemple, lui qui offrait de multiples solutions à chaque situation donnée. Dans Epic Mickey, la question de choix revient aussi et se traduit là encore par une certaine liberté accordée au joueur. Mickey peut ainsi se servir de son pinceau pour modeler son environnement jusqu'à effacer des personnages entiers ! Rien ne l'en empêche puisque par définition, ces derniers sont bien des cartoons. Les autres habitants de Wasteland réagiront alors différemment au héros suivant ce qu'il décidera de faire, qui il choisira de garder ou qui sera simplement "dissout". Une question de morale entre bien en jeu et chaque joueur pourra mener son aventure comme il l'entend. Concrètement, nous ne savons pas encore jusqu'où les choix se répercuteront, ni même s'il y aura plusieurs fins pour le jeu. L'équipe n'a tout simplement pas souhaité s'exprimer à ce sujet. Ce qui est sûr, c'est que nous avons déjà pu constater quelques exemples de répercussions à court terme.
Durant la session de jeu, un certain Tiki Sam demande à Mickey de lui rapporter 3 masques en échange d'un peu d'aide. Mickey accepte, et lui rapporte un premier masque que Sam s'empresse de ranger dans sa remise. Le joueur peut alors décider de partir à la recherche d'un second masque ou simplement de sortir, faire le tour du bâtiment, effacer le mur extérieur de la remise, entrer, voler le premier masque, et le rapporter à Sam comme si de rien n'était. Dans les deux cas, Tiki Sam ouvrira un magasin pour vendre quelques objets utiles. Mais si le joueur décide ensuite de lui rapporter un "quatrième" masque, Tiki Sam mettra à jour la supercherie et augmentera subitement ses prix pour vous punir. En gros, le jeu garde chacune de vos actions en mémoire et s'adapte à votre façon de jouer. Si vous êtes un pro de la peinture, alors il vous permettra d'en transporter plus à la fois et vice versa si le dissolvant est plutôt votre truc.
Dans notre démonstration, Mickey se retrouvait au centre d'un village où l'attendait Mouche. Le second du Capitaine Crochet était en pleurs depuis qu'une machine transformait tous les pirates en robots. Il nous implorait de l'aider. Au passage, le dialogue laissait apparaître le style graphique des cinématiques repris directement sur celui des storyboards Disney. Il s'agit d'écrans fixes que l'on croirait réalisés aux pastels secs pour un résultat absolument sublime. Après avoir consenti à aider le pirate, Mickey doit alors se rendre sur l'île de la machine. Dans Epic Mickey, les trajets d'un lieu à l'autre sont l'occasion de découvrir une quarantaine de séquences de pures plates-formes en vue de profil. Chaque voyage s'inspire alors d'un dessin animé Mickey. Celui que nous avons vu était par exemple un hommage au tout premier d'entre eux : Steamboat Willy. Les développeurs nous ont précisé que les allers retours entre les zones seront plutôt rares et qu'on ne devrait donc pas avoir à recommencer maintes fois chaque séquence de plates-formes.
Une fois sur l'île, Mickey devait encore se frayer un chemin jusqu'à la fameuse machine. Là encore, de nombreux choix lui étaient accordés. La souris pouvait utiliser son pinceau pour peindre les ennemis et les rallier à sa cause, ou au contraire en effacer d'autres. Il pouvait aussi utiliser des croquis récoltés à l'avance pour par exemple faire apparaître un écran de télévision. Les ennemis étaient alors automatiquement attirés par le programme diffusé et ne s'occupaient plus de nous. Enfin, après plusieurs combats, la machine était à portée de mains et nous pouvions alors décider de la remplir de peinture ou de dissolvant, avec des effets différents selon le cas. Et dire que tout ces choix ne représentent qu'une toute petite partie du jeu...
En confiant Mickey entre les mains expertes de Warren Spector, Disney prouve toute l'ambition que la compagnie place dans son grand jeu de Noël 2010. Pour un premier contact manettes en mains, le résultat est on ne peut plus convaincant. Le mélange plate-forme/aventure d'Epic Mickey fonctionne parfaitement et se voit de plus servi par une réalisation maîtrisée faisant honneur au personnage et à l'univers Disney en général. L'abondance de petits choix entrevus lors de cette séquence de jeu finalement assez courte laisse déjà présager d'un titre vraiment complet où le joueur devrait se sentir libre de jouer comme il le souhaite.