Édité en Europe par Burda:ic via le portail Alaplaya, Avalon Heroes nous arrive directement de Corée du Sud. Connu là-bas sous le nom d'Aval Online, il est régulièrement au centre de tournois sous licence ESL (Electronic Sports League). C'est quelque chose qui ne laisse pas de nous étonner car à notre humble avis, il ne s'agit pourtant pas d'un titre taillé pour la compétition : sur ce plan, il aurait du mal à soutenir la comparaison avec ses concurrents, surtout depuis la sortie de Heroes of Newerth. Les qualités d'Avalon Heroes se situent plutôt dans sa capacité à offrir une large palette d'expériences regroupées sous son étiquette de MOBA ou de MMORTS : son savant mélange de hack'n slash, de DotA et d'univers persistant lui confère une véritable personnalité.

Au commencement, vous devez créer votre profil, ici appelé « Kin ». C'est sous cette bannière que combattront les nombreux héros que vous aurez l'occasion de débloquer au fil de votre progression. Car à l'instar de ce que propose League of Legends, Avalon Heroes vous permet de faire évoluer votre Kin grâce aux points gagnés à l'issue des parties : vous pouvez augmenter les dommages des héros que vous incarnerez, leurs chances de coup critique, etc. Ces bonus seront appliqués dans tous les modes de jeu auxquels vous prendrez part, ce qui fait qu'un joueur avec un Kin de haut niveau bénéficiera d'un léger avantage sur ses comparses de bas niveau. Ajoutez à cela la possibilité de faire évoluer, durablement et individuellement, chacun des héros que vous utilisez dans vos parties : les skill points obtenus leur permettront de gagner des pouvoirs supplémentaires, ou bien encore des emplacements destinés à accueillir des gemmes magiques augmentant de façon permanente leurs attributs. Cette touche d'univers persistant, on la retrouve aussi dans la présence d'un coffre de compte, où sont stockés les objets spéciaux droppés lors des parties ou achetés dans l'un des deux items shops du jeu. Parmi ces deux boutiques, l'une permet de payer avec l'argent gagné in-game mais l'autre est réservée aux micro-paiements typiques des free to play. Et si la plupart des 100 héros disponibles peuvent être débloqués dans les différents modes de jeu, certains nécessitent de sortir la Carte Bleue. Pour compléter votre collection, vous disposez d'un accès à la « Plaza », un lieu où les joueurs peuvent ouvrir leur échoppe personnelle et acheter/vendre/s'échanger des items ou des héros. Avalon Heroes intègre donc des mécaniques de jeu caractéristiques des univers persistants qui, sans générer d'insurmontables déséquilibres, ne permettent pas de garantir l'équité des parties.

On trouve pourtant au centre du jeu un Battle mode qui reprend le principe de DotA. Deux factions adverses, les Oriens et les Aeonia, s'y livrent une lutte acharnée. On vous demande de choisir votre camp avant même l'entrée dans le lobby, sachant qu'il est possible de switcher vers l'autre quand vous le voulez, mais que vous évoluerez alors beaucoup moins vite, la progression dans chaque faction étant indépendante. Vous disposez ensuite de deux possibilités : choisir vous-même votre partie ou bien vous replier sur la sélection automatique, auquel cas vous bénéficiez d'un bonus sur votre gain d'or à l'issue du match. Vous avez également droit à de l'or supplémentaire en optant pour un héros aléatoire (sans compter la chance d'incarner un personnage exclusif par ce seul biais). Si le système de matchmaking se charge en théorie de vous trouver des adversaires de votre rang, la communauté n'est pas encore assez importante pour équilibrer au mieux les parties. Vous disposez pourtant de deux Channels différents, dont l'un (Rookie) est réservé aux joueurs avec un Battle level inférieur à 10. Mais ça ne suffit pas toujours. Qui plus est, une fois la partie lancée, vous réalisez très vite qu'Avalon Heroes n'échappe pas au fléau de tout DotA-like : les leavers, ces indésirables qui quittent les parties en cours. Les pénalités destinées à régler le problème, les fameux points de « leave », se révèlent impuissantes à double titre : d'une part, il n'est pas possible de configurer de parties « anti-leavers » ; d'autre part, tout joueur se lave automatiquement de ses crimes au fil des heures passées sur le jeu ou à la faveur d'un détour par l'item shop. Résultat : les 3/4 des parties que nous avons effectuées se sont soldées par une ou plusieurs défections au plus fort de l'action. AH permet heureusement d'abandonner « gratuitement » la partie à la première désertion afin de ne pas flinguer ses stats. C'est un moindre mal.

Ces écueils sont d'autant plus regrettables que le Battle mode, solidement construit autour des bases communes à tout DotA, introduit quelques idées franchement sympas. Les néophytes doivent d'abord savoir que les parties opposent deux équipes de 5 joueurs dont l'objectif est de détruire le sanctuaire adverse. Chacun ne contrôle qu'un unique héros, mais pour percer les défenses ennemies, constituées de plusieurs tours de garde jalonnant les différentes routes vers la base adverse, les deux équipes peuvent compter sur le soutien de troupes automatiquement envoyées au casse-pipe par vagues successives. La destruction d'une unité adverse procure de l'expérience, et même de l'or si votre héros lui porte le coup fatal. L'expérience acquise vous permet de franchir des niveaux ; c'est alors l'occasion de choisir un nouveau pouvoir (parmi les 4 disponibles) ou d'augmenter le niveau d'un pouvoir déjà acquis, ou encore d'améliorer vos caractéristiques. C'est simple et cela permet de se concentrer sur la dimension tactique propre au genre. Quant à l'or, il vous sert essentiellement à acheter des objets pour booster votre héros, à la faveur d'un système de combinaisons et de recettes là encore directement importé de DotA. Afin de ne pas noyer le débutant sous la complexité des associations d'objets, Avalon Heroes intègre un guide (désactivable) qui vous indique toujours le meilleur choix possible. A côté de ça, le jeu fourmille de bonnes idées : vous pouvez invoquer des créatures spéciales à l'aide de ressources communes obtenues sur les creeps (cela permet d'écourter les matchs trop longs tout en bénéficiant d'un finish spectaculaire), obtenir des objets ultimes en fonction du déroulement de la partie, ou bien encore élire le meilleur joueur de chaque équipe, qui reçoit alors un bonus d'expérience. On restera plus réservé sur la nécessité de détruire les bâtiments adverses dans un ordre précis avant de s'en prendre au sanctuaire.

Même si Avalon Heroes n'inclut qu'un nombre limité de maps Battle (trois en Rookie + trois autres en Free), il propose d'autres modes de jeu pour varier les plaisirs : Mission, Scenario et Adventure. Il est conseillé de s'y adonner pour débloquer l'ensemble du contenu, mais aussi pour progresser plus vite. En effet, chaque partie en mode Battle consomme des BP, qui se régénèrent au fil du temps mais qu'il faut veiller à dépenser avec parcimonie sous peine de souffrir de malus de gains d'or et d'expérience dès qu'ils tombent au dessous d'une certaine limite (une idée modérément opportune). On passera rapidement sur le mode Mission, une sorte de tutorial géant laborieux et mal traduit. Le mode Scenario prend la forme d'une série de missions solo scénarisées accessibles dès que vous avez atteint le niveau de Kin requis (sous peine de devoir toucher à d'autres modes ou de refaire X fois les niveaux ultérieurs). Le mode Adventure regroupe 3 à 8 joueurs amenés à coopérer pour vider un donjon infesté de monstres et venir à bout du boss surpuissant qui le garde ; ses mécanismes évoquent les instances de MMORPG. Ces deux modes de jeu n'ont pas grand-chose à voir avec un DotA (le gameplay y est comparable à un « bête » hack'n slash) mais ils ont le mérite d'être bien fichus et de réserver parfois un sacré challenge ! Avalon Heroes est donc doté d'un contenu solide (deux autres modes de jeu sont même prévus) et c'est ce qui fait sa force, car il faut bien avouer que son seul aspect de DotA-like, moins convaincant que chez ses concurrents, ne suffirait pas à le rendre suffisamment attrayant. Qui plus est, il bénéficie d'une réalisation honnête pour un free to play, même si elle témoigne comme le reste du jeu d'un certain manque de finition (c'est sans doute le prix à payer pour manger à tous les râteliers). Voilà donc une alternative à DotA agréable, suffisamment diversifiée et accessible à tous.