La mise en avant des titres iPhone et iPad étant bien loin de Red Dead Redemption et autres Final Fantasy XIII, le public n'est pas forcément toujours au courant des bijoux du marché Apple. Et pourtant, l'Appstore regorge de petites perles vidéoludiques. La preuve avec 1112 dont le deuxième épisode testé ici a dominé durant plusieurs mois le top des applications téléchargées.
Suite directe du premier épisode, 1112 : Épisode 2 vous place dans la peau de Louis Everett. La vie de Louis, antiquaire originaire du New Jersey, est banale, avant qu'il ne devienne l'acteur et le spectateur d'événements étranges qui le pousseront jusqu'à une forme de folie. Le jeu a la très bonne idée de reprendre les événements de l'épisode précédent pour en faire un court synopsis en guise d'introduction, permettant même à ceux n'ayant pas touché au premier épisode de se laisser tenter. L'aventure commence dans une chambre d'hôtel à New York, et vous lance directement dans l'intrigue. Reprenant les mécanismes de Runaway et de Phoenix Wright dans le genre aventure/point'n click, vous allez devoir rassembler vos effets personnels cachés dans la pièce avant d'entendre un coup de téléphone d'une inconnue qui murmure votre nom… murmure que vous entendrez de temps à autre dans les couloirs de l'hôtel et dans votre chambre, causant à Louis des migraines insupportables. Une fois la pièce quittée, vous voilà lancé dans une intrigue étrange et incroyablement addictive. Dur de s'en séparer à partir de ce moment, d'autant que le jeu ne souffre d'aucune lacune au niveau de la réalisation.
A l'instar du premier épisode, ce second volet est doté d'une qualité visuelle impressionnante. Contrairement aux Phoenix Wright, les décors ne sont pas fixes et il arrive d'apercevoir des voitures ou des trains circuler, ou encore de voir la pluie battante balayer la nuit perpétuelle de cet épisode. De fait, 1112 offre un univers réaliste et incroyablement vivant, et les environnements que le joueur va parcourir sont soignés au possible, avec une foule de détails et un jeu d'ombres et de lumières très réussi. On note d'ailleurs la présence d'une réelle direction photo, faisant la part belle à des techniques très mésestimées dans le jeu vidéo, et tout ça sans aucun ralentissement. Pour rester dans le domaine de la réalisation, sachez que la bande musicale du jeu est parfaitement en adéquation avec le déroulement de la narration. Et si la plupart des morceaux sont des thèmes d'ambiance, ces derniers ont le pouvoir de facilement manipuler les émotions du joueur en le guidant notamment vers la peur. Dès la musique du menu principal écoutée au moins une fois, on sait sur quoi on va tomber, et c'est justement cette peur qui révèle tout l'intérêt scénaristique et de gameplay du jeu.
Autant vous le dire tout de suite, les mécanismes de base du gameplay sont ce qu'il y a de plus classique, ce qui devrait ravir les fans de Runaway, Monkey Island ou encore ceux de la saga des Phoenix Wright. L'écran tactile est tout adapté au jeu puisqu'il suffit de pointer du doigt un élément du décor pour qu'un menu déroulant s'ouvre, vous laissant le choix de ramasser un objet important, parler à une personne, ou simplement observer le lieu ou l'objet dit. Pour accentuer l'humour souvent présent dans le jeu, certaines actions insolites sont même proposées comme s'allonger dans un tas d'ordures ou se moquer d'un clochard, pour ne citer qu'elles. Pour revenir au système de discussion, le jeu intègre un clavier qui permet de parler vous-même aux personnages, par le biais d'une phrase ou d'un message de votre choix. Même si le tout est très limité, on sera surpris de voir que chaque personnage répondra aux insultes les plus salaces possible, et même au titre du jeu : 1112.
L'inventaire, quant à lui, regroupe tous les objets collectés durant votre aventure. A noter que, à la manière de Phoenix Wright : Apollo Justice, il vous est possible d'examiner chaque objet en détail, de le voir sous tous les angles avec possibilité de l'examiner, zoomer et dézoomer, ou encore de sélectionner ce même objet pour le présenter à quelqu'un ou l'utiliser sur le décor. L'utilisation des objets est d'ailleurs une étape primordiale dans 1112, pour résoudre les énigmes proposées.
Certains jeux interactifs utilisant l'écran tactile viennent aussi ponctuer et enrichir l'intrigue du jeu. Ceux-ci peuvent être intéressants pour la plupart, comme reconstituer un morceau de papier déchiré, qui donne lieu à un message extrêmement important. D'autres, plus banals, se résument à une utilisation basique de l'écran tactile (dévisser des visp) ou de l'accéléromètre (frapper quelqu'un avec un pied-de-biche). Loin d'être novateur, mais efficace. C'est en tout cas largement suffisant pour pouvoir être scotché jusqu'à un dénouement des plus impressionnants du genre. Petit bémol, qui ne plaira pas à certains : l'utilisation abusive de sudokus obligatoires à terminer pour faire avancer l'intrigue. Il y a en tout 3 grilles à la difficulté progressive à résoudre. On sent à peine l'envie des développeurs de rallonger la durée de vie du jeu. Là, je vous invite à farfouiller sur le net à la recherche de « résolveurs de sudokus » (si si, ça existe) pour pouvoir les boucler en 30 secondes chrono. Mais malgré ce qu'on pourra lui reprocher, 1112 reste une valeur sûre de l'Appstore, un incontournable du point'n click à découvrir sans plus attendre.
- Graphismes19/20
Le joueur évolue dans des décors animés et vivants, impressionnants de réalisme. Le design repose sur de splendides décors entièrement dessinés à la main. On sent bien le souci du détail des développeurs à vouloir immerger le joueur dans cette ambiance glauque au possible.
- Jouabilité18/20
L'interface intuitive et facile à prendre en main permet de pouvoir réagir avec chaque objet et chaque personne en toute tranquillité. L'utilisation de l'écran tactile offre une impressionnante aisance pour zoomer sur les lieux ou prendre part aux différentes énigmes de l'intrigue.
- Durée de vie15/20
La longévité dépendra du niveau de chacun, mais vous pouvez tout de même compter entre 3 à 6h pour finir l'aventure, si on excepte l'épreuve des trois sudokus rajoutés pour rallonger la durée de vie du soft. Ceci dit, au prix du jeu, on pourra difficilement s'en plaindre puisqu'il ne coûte que la modique somme de 3,99 euros.
- Bande son18/20
En plus des musiques très agréables et de bruitages convaincants pour une console portable, 1112 offre des morceaux révélant l'atmosphère morbide autour des événements subis par Louis Everett. La bande-son est exceptionnelle et cohérente avec le reste.
- Scénario18/20
L'antihéros Louis Everett fait face à des situations de plus en plus étranges, qui conduisent le joueur à chercher la moindre issue aux évènements les plus tragiques. C'est donc avec plaisir que l'on se lance dans l'aventure, pleinement happé dans l'univers de 1112. Par ailleurs, les rebondissements sont nombreux et interviennent le plus souvent lorsqu'on s'y attend le moins. De multiples références au cinéma et à la télévision (comme Clint Eastwood ou la série Dexter) enrichissent la qualité du titre.
1112 : Épisode 2 est un de ces titres sur iPhone victime d'un certain manque de visibilité mais réalisé par une équipe de talentueux développeurs. Et c'est finalement cette alchimie entre un gameplay simple à prendre en main, une réalisation sans faille et un scénario des plus captivants qui entraîne le joueur aux côtés de Louis Everett. Au final, 1112 pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses, mais cette méthode, utilisée par les plus grandes séries télé, se montre une nouvelle fois payante. On attend vivement la suite de la part d'Agartha Studios.