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Test No More Heroes 2 : Desperate Struggle

No More Heroes 2 : Desperate Struggle : Mesdemoiselles sont bien armées

No More Heroes 2 : Desperate Struggle
9 698 vues
Profil de pixelpirate,  Jeuxvideo.com
pixelpirate - Journaliste jeuxvideo.com

Expérience fascinante et jubilatoire, No More Heroes avait consacré une fois pour toutes le talent d'un créateur, Goichi Suda, dont on attend désormais chaque nouveau projet avec impatience. Son (relatif) succès commercial en Occident lui vaut aujourd'hui d'accueillir une suite - une première pour un jeu Grasshopper. Il s'agit pourtant d'un exercice périlleux concernant une oeuvre aussi inventive et décalée. Travis Touchdown en ressort-il indemne ?

No More Heroes 2 : Desperate Struggle

Complexes et peu accessibles, les productions estampillées Suda 51 tiennent en général davantage de l'oeuvre-culte que du chef-d'oeuvre. Sorti il y a deux ans, No More Heroes avait fait exception à la règle. Si cette odyssée meurtrière déjantée, au style visuel unique et à l'inventivité permanente, brassait les thématiques chères au créateur japonais, elle bénéficiait aussi d'un gameplay jouissif qui l'ouvrait à un plus large public. Le système de combat dynamique avait même le mérite d'exploiter de façon concluante la jouabilité de la Wii. Le bilan n'était pourtant pas parfait : les joueurs laissés sur le carreau ont invoqué l'aspect technique perfectible, les problèmes de caméra ou les chutes de rythme imputables aux phases « à la GTA ». Grasshopper Manufacture a donc décidé de revoir sa copie afin de rendre l'expérience procurée par No More Heroes 2 : Desperate Struggle encore plus prenante. Le problème, c'est que cette suite a perdu en charme ce qu'elle a gagné en efficacité.

No More Heroes 2 : Desperate Struggle
No More Heroes 2 propose quelques moments de grâce.
Véritable antihéros dans le premier volet, embarqué malgré lui dans un tourbillon de violence pour satisfaire son entrejambes, Travis Touchdown reprend le contrôle de la situation dans cette suite qui adopte la forme plus convenue d'une histoire de vengeance. Son ami Bishop, le gérant du vidéoclub, a été sauvagement assassiné par des yakuzas à la solde du patron mafieux de la chaîne de Pizza Butt. Et comme ce dernier est aussi classé n°1 à l'United Assassins Association, notre otaku préféré reprend du service. A l'instar de son prédécesseur, No More Heroes 2 propose une succession de combats classés contre des tueurs à gages, ici au nombre de 50 mais réduits à une quinzaine à la faveur de quelques pieds de nez scénaristiques. Ce qui faisait la force du premier opus, c'était la capacité de Grasshopper à conférer, en l'espace d'une petite cinématique s'appuyant sur de savoureux dialogues et une mise en scène inspirée, une véritable personnalité aux assassins rencontrés. Ceux de No More Heroes 2, qui n'échappent parfois pas à la redite, se révèlent nettement moins mémorables. Qui plus est, on perd les petits riens qui entouraient chaque assassinat. Adieu le délicieux rituel qui précédait chaque combat (la découverte de l'identité du tueur suivant à la faveur d'une ombre suggestive, mais aussi le coup de fil à écouter à la Wiimote en arpentant un long couloir, véritable moment de calme avant la tempête). Quant aux fameuses death scenes, elles se révèlent beaucoup plus anecdotiques. C'est d'autant plus dommage que nous bénéficions cette fois d'une version originale non censurée qui fait la part belle aux démembrements, au gerbes de sang et aux mises à mort à la violence particulièrement kitsch.

No More Heroes 2 : Desperate Struggle
Voici le nouveau visage, plus minimaliste, de Santa Destroy.
Autre perte, sans doute moins préjudiciable : celle des virées en moto dans la ville, qui procuraient un aspect GTA-Like à l'épisode précédent, mais noyaient un peu le propos en conférant une pseudo-liberté d'action à Travis. Désormais, Santa Destroy est réduite à une simple map sur laquelle figurent les différents points d'intérêt ; tout déplacement se fait par le biais d'un menu permettant de se rendre automatiquement à l'endroit voulu. Ce changement, aussi radical que « facile », devrait partager les joueurs. Certains se réjouiront d'échapper à ces fastidieux allers-retours qui hachaient le rythme du premier jeu. D'autres argueront qu'il suffisait de les écourter ou de les rendre optionnels : la modélisation de la ville – vide et peu animée – était peut-être inutile, mais le charme de No More Heroes ne résidait-il pas justement dans le superflu ? Cette suite propose bien son lot d'à-côtés (nous y reviendrons), mais ils peuvent être ignorés étant donné que Travis n'est plus contraint de financer ses assassinats. La dérision est moins prononcée dans la mesure où il n'apparaît plus comme le « raté » manipulé du volet précédent. Quoi qu'il en soit, ce revirement permet à l'équipe de Grasshopper de dynamiser le rythme de Desperate Struggle. Les combats classés se succèdent à une cadence bien plus prononcée (certains n'incluent même pas de lutte préalable contre les hommes de main de l'assassin) et ne sont plus entrecoupés que de rapides cut-scenes qui trahissent une narration sous forme de flash-back. No More Heroes 2 donne presque l'impression d'avoir été sabré au montage pour renforcer la prépondérance de l'action, à l'image d'un 13ème Guerrier passé à la moulinette de Touchstone Pictures.

No More Heroes 2 : Desperate Struggle
L'équipe de Grasshopper s'est offert de bons gros délires.
Il serait pourtant criminel de faire l'impasse sur les activités annexes de No More Heroes 2, qui assaisonnent l'épopée meurtrière de Travis d'une bonne dose de second degré. Véritable fashion victim, notre assassin peut aller s'approvisionner dans sa boutique de vêtements favorite (la célèbre Area 51). Il a aussi la possibilité de se rendre à la salle de musculation pour s'entraîner auprès d'un sensei ambigu qui n'a rien à envier à Edo, le directeur de l'hôtel de Flower, Sun and Rain. Enfin, une petite visite au labo de Naomi, plus en formes que jamais, est l'occasion d'améliorer son beam katana. Pour financer tout ça, Travis doit effectuer des petits boulots dont personne ne veut : exterminer des insectes, cuire des steaks pour des clients exigeants, récupérer les ordures mises en orbite autour de la terre qui menacent de tomber... Voilà autant de mini-jeux auxquels il est possible de s'adonner, réalisés dans un style 8-bits en parfaite harmonie avec l'esprit rétro de la franchise et son penchant pour le pixel art. Un regret tout de même : la nécessité de passer pas mal de temps sur ces épreuves, qui comprennent parfois 3 ou 4 niveaux, pour gagner suffisamment d'argent. A noter que la réussite d'un job ne permet plus de débloquer des missions de massacre, puisque ces dernières ont disparu. Elles ont été remplacées par des missions de vengeance tout aussi répétitives, qui se déverrouillent automatiquement. Sachez que Travis peut également pratiquer certaines activités depuis sa chambre de motel (toujours aussi décorée) : un danmaku à l'effigie de magical girls dénudées lui permet de se divertir quand il n'est pas en train de s'efforcer de faire maigrir sa chatte Jeane, qui s'est sacrément empâtée en l'espace de 3 ans !

No More Heroes 2 : Desperate Struggle
Cette-fois-ci, les effusions de sang sont bien au rendez-vous.
Comme c'était déjà le cas dans l'opus précédent, Travis apprendra tout au long du jeu de nouvelles prises de catch en mettant la main sur des magazines dédiés, disséminés dans les niveaux. No More Heroes 2 profite d'une évolution du système de combat. On retrouve une base identique offrant lock de cibles, attaques hautes et basses, esquive et finish moves à effectuer en balançant la Wiimote dans la direction indiquée (signalons au passage que les chocs d'armes sont devenus étrangement plus confus). Mais les salves de coups de sabre laser peuvent désormais être complétées par un enchaînement efficace de frappes au corps-à-corps, au détriment du coup de pied assommant préalablement associé au bouton B. On gagne aussi la possibilité de déclencher une attaque fulgurante en secouant la Wiimote tandis que Travis se rue sur un ennemi, ou encore de tabasser un adversaire au sol. On regrette toutefois qu'à présent, il achève automatiquement ses ennemis après une prise de catch. Bien entendu, les séquences de power-up sont toujours de la partie : la métamorphose de notre héros en un tigre enragé semant la panique chez l'ennemi est d'ailleurs un grand moment. Afin de rendre les combats encore plus dynamiques, il est désormais possible de déclencher à la demande le mode Darkside quand la jauge d'extase de Travis est à son maximum. Les améliorations sont donc convaincantes, d'autant que les Yakuzas, plus variés (certains sont armés d'une tronçonneuse) permettent de se faire plaisir. Autre avancée : l'apparition d'interactions possibles avec le décor : les vitres peuvent être brisées, certains obstacles détruits et les environnements de jeu se transforment en pièges vicieux lors de l'affrontement contre certains boss.

No More Heroes 2 : Desperate Struggle
Visiblement, la cuisson du steak n'a pas plu à ce client exigeant.
Si No More Heroes 2 propose un système de combat peaufiné, il hérite par contre des problèmes de caméra de son prédécesseur : les niveaux étant moins ouverts et encore plus couloirisés (oui, c'était possible), ils se font même ressentir davantage, ce qui est particulièrement fâcheux. Comme on le sait depuis longtemps, cette suite permet d'incarner momentanément deux anciens personnages en sus de Travis : Henri et Shinobu (qui faisaient partie des combattants les plus appréciés du premier opus et qui étaient accessoirement les seuls survivants !). L'idée était intéressante, mais la mise en pratique est moins concluante : ces deux personnages jouables ont tendance à rendre les affrontements moins techniques, et la possibilité de saut de Shinobu est même le prétexte à des phases de plates-formes aussi maladroites qu'hors de propos, que la gestion de la caméra rend vraiment irritantes. On pointera aussi le manque de challenge qui ressort des duels contre les boss : les instants kills du premier volet, qui procuraient énormément de tension, ont quasiment disparu. Mais ne tombons pas dans une sévérité excessive : cette suite reste profondément jouissive, d'autant qu'elle profite d'une réalisation améliorée. Les décors sont plus détaillés, les personnages plus fins et mieux animés, les ombres plus travaillées. Bref, l'ensemble est plus propre, et sans doute trop, puisqu'on a du mal à y retrouver le style visuel inimitable qui jaillissait du minimalisme assumé du premier volet. La bande-son est, en revanche, incomparablement supérieure : plus variés dans leurs motifs et dans les genres visités, les thèmes musicaux renforcent considérablement l'impact artistique du jeu.

Les notes
  • Graphismes15/20

    Très inégaux dans l’épisode précédent, l’aspect technique et l’aspect artistique se voient rééquilibrés dans cette suite : le premier a gagné ce que l’autre a perdu dans l’intervalle. Malgré la présence de mini-jeux au style 8-bits qui renforcent l’identité old-shool du rendu visuel, ce dernier est plus « commun », d’autant que les gerbes de sang ont repris leurs droits sur les explosions de pixels et que les écrans de transition entre les zones sont moins travaillés.

  • Jouabilité15/20

    Améliorés, dynamisés, les combats sont encore plus jouissifs et tirent toujours parti à merveille des possibilités offertes par les contrôles de la Wii. L’expérience reste hélas entachée d'une caméra plus capricieuse que jamais, que la touche de recentrage ne suffit pas toujours à dompter. Mentionnons enfin un tutorial mal fichu par rapport à celui du premier No More Heroes.

  • Durée de vie11/20

    Desperate Struggle offre une durée de vie moins importante que celle du premier volet, soit une douzaine d’heures en profitant de quelques entraînements, en achetant quelques upgrades et en effectuant les petits boulots destinés à les financer. Ceux qui profiteront à fond de tous les à-côtés auront quelques heures de plus à se mettre sous la dent.

  • Bande son17/20

    La bande-son, constituée d’une variété encore plus importante de morceaux d’inspiration pop, rock, disco et électro, est un véritable régal pour les oreilles, qui accentue le plaisir de jeu. Les bruitages en combat et les hurlements des yakusas démembrés ou décapités ajoutent à l’hystérie ambiante. Les voix en anglais (sous-titrées en français) sont toujours aussi convaincantes.

  • Scénario13/20

    Tout aussi déjantée mais moins inspirée et moins inventive, l’intrigue de No More Heroes 2 tente d’échapper à la redite en adoptant une narration différente et mieux rythmée. Hélas, le jeu y perd en charisme, d’autant que les nouveaux assassins manquent singulièrement de personnalité. On apprécie toutefois la présence des boss optionnels qui cassent un peu la linéarité de la progression.

Toujours aussi jouissif, toujours aussi barré, traversé de ces fulgurances artistiques qui portent la griffe de son créateur, No More Heroes 2 : Desperate Struggle n’échappe pourtant pas au syndrome de la suite : c’est un bon jeu dont on aurait très bien pu se passer tant il souffre de la comparaison avec son prédécesseur. Suda 51 a visiblement lâché suffisamment de lest sur la plan créatif pour permettre à l’équipe de Grasshopper de renforcer les qualités ludiques de son oeuvre, au détriment de ces petits riens qui lui conféraient son statut d’expérience à part. Plus efficace, le gameplay ne laisse plus autant de place à la dérision, en dépit de ce que laissait présager le renforcement de l’aspect old-school. No More Heroes 2 reste toutefois un achat indispensable à tous les possesseurs de Wii qui, comme Travis, ne craignent pas de se tacher les mains et le pantalon.

Note de la rédaction

15
15.5

L'avis des lecteurs (82)

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