Sorti en 1981, Le Choc des Titans aura acquis au fil du temps une renommée plus ou moins justifiée. 2010, le Français Louis Leterrier nous gratifie d'un remake auquel on lui adjoindra l'inévitable adaptation vidéoludique. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Nous vous proposons de répondre à cette douloureuse question.
Par définition, un remake cinématographique est légitimé par le fait qu'il permet à une nouvelle génération de spectateurs, souvent réfractaires aux classiques, de découvrir des films essentiels ou non. Le cas du Choc des Titans, version 2010, nous prouve également qu'un remake n'est pas nécessairement supérieur à son modèle. Ainsi, avec ses acteurs à l'ouest, ses CGI foireuses (ah Méduse !), son rythme laborieux et son design calamiteux (mention spéciale aux dieux ressemblant à des SDF ayant déniché des armures qui brillent), le long-métrage tient plus du calvaire que du film épique, du moins jusqu'à l'apparition finale du Kraken. De fait, à partir d'un tel matériau de base, peut-on simplement attendre quelque chose du jeu vidéo qui en découle ? On serait tenté de dire non d'autant qu'on retrouve à la barre le studio Game Republic qui nous avait déjà gratifiés d'un déplorable Genji : Days of the Blade sur PS3.
Tout commence pourtant sous les pires auspices... Ah zut. En effet, outre l'aspect graphique résolument déplorable, il ne nous faut pas plus de 5 minutes pour comprendre que les ambitions des développeurs se sont résumées à piquer des idées à droite à gauche tout en proposant un système de quêtes censé apporter un petit aspect « aventure » à l'ensemble. Mais qu'on ne s'y trompe pas, tout ceci est de la simple poudre aux yeux. De fait, bien qu'on retrouve quelques éléments de Devil May Cry (les combats en arène fermée, la feature anecdotique et totalement inutile de la course progressive du personnage...), Le Choc des Titans ne supporte pas une seule seconde la comparaison avec ses illustres modèles dont God of War avec qui il entretient une mythologie similaire. Bref, le jeu ici présent s'appuie sur une série de missions ennuyeuses à mourir où vous devrez la plupart du temps éliminer des ennemis pendant de longues minutes afin de récolter de quoi upgrader vos 80 armes secondaires réparties en plusieurs catégories comme les masses, les épées, les arcs, etc. Sachant qu'en fonction des ennemis, certaines armes seront plus utiles que d'autres, vous devrez vous équiper en fonction de la situation afin d'avoir rapidement accès à quatre d'entre elles via un menu d'actions rapides. Enfin, outre un système de finish-moves requérant un timing précis et sur lequel les combats reposent presque entièrement, ce Choc des Titans s'englue dans une redite gênante.
Le plus embêtant vient du fait que les développeurs n'ont à aucun moment cherché à injecter une once d'originalité. Si en soit, le classicisme n'est pas toujours une mauvaise chose (God of War III en est un bon exemple), il faut néanmoins que la progression soit parfaitement calibrée. Ce n'est ici nullement le cas puisque si on nous permet de visiter une quinzaine d'environnements, ceux-ci seront le théâtre d'une succession d'objectifs foireux nous faisant parcourir plusieurs fois les mêmes décors composant chaque chapitre afin de ramener un poisson, de contenir une foule ou d'éliminer une fois, puis deux, des gardes mécontents. Pire, on devra même se taper des missions basées sur le scoring guère adaptées à l'univers du jeu. Ensuite, entre des monstres inédits issus d'une lointaine beuverie de devs, une histoire se complaisant dans une lenteur désobligeante et des rixes inintéressantes n'assumant pas vraiment le peu de combos à disposition, il ne reste que le petit prix de vente pour sauver le titre. On aurait également pu vous vanter les mérites du mode coopératif mais vu que celui-ci est tributaire de quêtes bien précises, on voit mal comment mettre en avant cet élément qui plus est peu enclin à rallonger une durée de vie toute relative. Next comme on dit...
- Graphismes8/20
Les décors taillés à la serpe communient dans un grand n'importe quoi avec une modélisation minimaliste et quelques effets spéciaux rudimentaires lors de coups plus puissants. Un résultat qui fait peine à voir d'autant que le monster-design se permet parfois quelques digressions pitoyables sources de crapauds géants sautillant dans tous les sens ou d'une sorte de dragon très éloigné de la mythologie grecque.
- Jouabilité11/20
Disposant d'une petite dimension RPG synonyme de quêtes à remplir ou d'évolution d'armes, Le Choc des Titans fera illusion le temps qu'on comprenne que tout ceci ne sert finalement qu'à amorcer le véritable moteur du jeu : des combats longs, répétitifs et terriblement ennuyeux. De plus, entre une caméra manuelle qu'il faudra souvent manipuler, des loadings omniprésents et un système de jeu nous obligeant à appréhender tout le temps les affrontements de la même façon, le plaisir d'upgrader ses items s'estompera au fur et à mesure de la progression.
- Durée de vie10/20
Bien que le titre compte 80 quêtes, 98% d'entre elles vous demanderont de vous balader dans des décors abominables en défouraillant des quantités d'adversaires. Une fois assimilé le gameplay, vous ne devriez pas avoir trop de mal à avancer dans l'histoire. Notons enfin que le mode Deux joueurs sera tributaire de certaines quêtes où un ami pourra incarner un compagnon d'armes. Dans tous les cas, le fun ne sera pas plus présent que dans le mode « solo », ce qui nous incitera prestement à passer à autre chose.
- Bande son12/20
Le doublage anglais n'est pas bien impliqué mais quelques musiques adaptées à l'ambiance générale permettent de faire passer la pilule.
- Scénario9/20
Suivant de près le scénario du remake, les scénaristes ont dû trouver un subterfuge pour rallonger la sauce via une grosse quantité de missions. Dommage qu'elles ne mènent à rien si ce n'est à des objectifs lénifiants venant s'intercaler entre deux cinématiques loupées, mal cadrées et terriblement figées.
Bien que Game Republic ne soit pas le studio japonais le plus brillant qui soit, on sent malgré tout que les développeurs n'ont pas eu les moyens nécessaires pour proposer quelque chose de plus ambitieux. Ainsi, en usant de mécanismes rongés jusqu'à l'os par une pléthore de beat'em all, Le Choc des Titans s'oppose directement à des titres comme Devil May Cry 4 ou God of War III, ceci ne tournant clairement pas à son avantage. Alignant des carences techniques, une progression laborieuse et un gameplay poussiéreux, le soft ne peut au final même pas compter sur son petit prix de vente sachant que les concurrents évoqués plus haut se trouvent désormais à des prix similaires via le marché du neuf ou de l'occasion. Et oui, à défaut d'un véritable Choc des Titans, Game Republic ne gagnera même pas au petit jeu du choc des prix... Triste fin pour Persée.