Cela faisait pratiquement deux ans que la série Ultimate Ninja Heroes n'avait plus fait parler d'elle sur PSP. Paru en juillet 2008, le dernier opus n'introduisait aucune nouveauté en termes de gameplay et son fameux mode Aventure manquait de finition. En dépit des efforts des développeurs et d'un fan service soigné, le soft n'avait donc pas franchement convaincu la critique. Malheureusement, l'histoire semble vouloir se répéter aujourd'hui avec cet Ultimate Ninja Heroes 3 aussi généreux au niveau de son contenu que décevant du côté de sa jouabilité.

La première impression lorsque l'on commence une partie d' Ultimate Ninja Heroes 3 est bonne, voire très bonne. Les menus sont engageants, les graphismes sont fidèles à la série, l'environnement sonore nous met instantanément dans le bain. On peut au choix lancer un combat personnalisé en mode Libre ou s'entraîner pour se faire la main avant de s'attaquer au scénario. Une douzaine de personnages est disponible dès le départ et les combats semblent très dynamiques. Chaque combattant dispose d'une palette de coups en apparence honnête et les techniques spéciales donnent une fois de plus lieu à de véritables débauches d'effets visuels. Les arènes interactives dans lesquelles les combats se déroulent comportent parfois un arrière-plan vers lequel se déplacer, des crevasses ou encore des plates-formes. Bonne surprise : il est possible d'organiser des affrontements à quatre, que cela soit contre des adversaires dirigés par l'I.A. ou contre de vrais joueurs en réseau local (ad hoc).

Une fois que l'on aura fait le tour du propriétaire, c'est tout naturellement que l'on se dirigera vers le mode Voie du maître pour y découvrir l'aventure exceptionnellement longue que l'on nous propose cette année. Shippuden oblige, elle débute par le retour de Naruto au village caché des Feuilles et se poursuit par l'enlèvement de Gaara, la traque de l'Akatsuki, etc. Découpé en de nombreux chapitres, le scénario se déroule sur de grandes cartes tactiques constituées de cases dont on débloque l'accès au fur et à mesure de notre progression. Certaines d'entre elles comportent des éléments narratifs agréablement mis en scène tandis que d'autres nous opposent à un ou plusieurs adversaires. Des cases particulières nous permettent encore d'acheter des tactiques et des jutsu utilisables au combat ou bien des goodies (artworks, musiques...) à consulter dans une galerie. Enfin, une dernière catégorie de cases nous invite à participer à des séquences de plates-formes inédites consistant par exemple à arriver le plus vite possible d'un point A à un point B ou à terrasser un certain nombre d'ennemis. Se déroulant dans des environnements en 2D défilant horizontalement, ces missions se révèlent cependant très vite plus lassantes qu'autre chose. D'une part, elles sont trop basiques pour constituer un véritable défi et d'autre part, elles se ressemblent toutes sur le fond quand bien même le décor varie.

Néanmoins, le vrai problème ne se situe pas tant au niveau de ces séquences de plates-formes qu'au niveau des combats proprement dits. En fait, qu'il s'agisse de combats libres ou de combats scénarisés, de duels ou de combats à quatre, les limites du gameplay simplifié à l'extrême deviennent évidentes au bout d'une heure ou deux de pratique. Tous les enchaînements dépendent par exemple du seul bouton Rond. Quel que soit le personnage, quel que soit l'ennemi, tout ce que l'on a à faire, c'est donc de le matraquer jusqu'à s'en faire rougir le pouce. Inutile de maîtriser la parade, les contres, etc, ce bouton suffit pour sortir vainqueur de 90% des combats. Les coups spéciaux et autres jutsu ne sont guère plus compliqués à sortir puisqu'en disposant du Chakra nécessaire, une simple pression sur Triangle déclenche les assauts les plus enragés. Et ce n'est pas la pauvre QTE qui sert à modifier les dommages durant la cinématique qui risque de passionner les foules. Comme d'habitude, on peut aussi utiliser des armes de jet ou récupérer des bonus dans les décors mais à quoi bon se fatiguer quand l'intelligence artificielle n'est pas même capable de parer un combo sur deux ? On a beau régler le handicap en notre défaveur ou augmenter le niveau de difficulté, le challenge n'est que trop rarement au rendez-vous. Si cela conviendra sans doute aux débutants et aux joueurs occasionnels, il est clair que les amateurs de vrais jeux de combats (Tekken 6, Soulcalibur) resteront largement sur leur faim.

C'est dommage parce qu'en plus d'un scénario s'étendant sur une bonne quinzaine d'heures, Ultimate Ninja Heroes 3 comporte de nombreux bonus (fonds d'écrans, etc.) et un total de 51 personnages disposant chacun de leurs propres techniques. Rarement une version portable de Naruto n'avait mis en scène autant de combattants avec toutes leurs attaques. Le soin apporté aux doublages (en anglais ou en japonais) comme à l'apparence de tout ce beau monde force par ailleurs le respect. Quand on est fan de Naruto, on ne peut qu'admirer le travail des développeurs qui se sont appliqués à restituer le plus fidèlement possible l'univers du manga. Alors de deux choses l'une : soit on ferme les yeux sur la superficialité des combats et on s'enthousiasme pour le contenu généreux de cet épisode soit on ne supporte pas la légèreté du gameplay et on se rabat sur un jeu de baston plus conséquent.

Note : les images illustrant le test sont des screenshots éditeur.