Après avoir découvert les grandes lignes du mode multi chez Bizarre Creations à Liverpool il y a quelques semaines, c’est dans les bureaux français d’Activision que nous avons pu mettre la main les premiers sur le solo de Blur. Attachez votre ceinture, ça va secouer...
La course automobile, c'est sympa. Mais, à force de vouloir battre des records en tirant ses trajectoires au cordeau, on peut craindre de voir l'ennui s'installer. Le zen qui accompagne cette quête de la ligne absolue manque parfois un peu de piment et c'est fort logique. Allez, avouez-le. L'oeil torve, écrasé dans le canapé du salon à lutter contre le sommeil alors qu'à la télé on entame la deuxième heure du Grand Prix de Formule 1 dominical, il vous est apparu comme une vérité incontournable que ce serait quand même bien plus marrant si on autorisait le port d'armes. Bon, arrêtons de rêver... En attendant que la FIA étudie sérieusement cette proposition, sachez qu'Activision et le studio de développement Bizarre Creations vont vous permettre d'assouvir ce fantasme sous une forme plutôt ludique avec leur dernier-né : Blur.
Avant tout, sachez qu'il y a une forme de paradoxe dans ce jeu. D'un côté, on prend le volant de magnifiques voitures parfaitement modélisées à partir de bolides existants et immédiatement identifiables. Dans le même ordre d'idées, la gestion de la physique en ce qui concerne la course tient la route, c'est le cas de le dire. Sur l'asphalte, les petites voitures rapides foncent comme sur un billard mais elles sont handicapées si jamais, un peu optimiste dans un virage, on les fait rouler sur les accotements en terre. De leur côté, les gros 4X4 plus lents peuvent rouler dans la terre sans voir leur moyenne de vitesse plonger. Et déjà là, on se dit que Blur fait partie de ces jeux de courses dans lesquels il faut connaître les circuits parfaitement pour savoir quel type de voiture s'y adapte le mieux en fonction de sa manière de conduire. C'est d'autant plus vrai que les pistes regorgent de tracés secondaires. Voilà à peu près tout ce qui concerne la partie réaliste de ce jeu. A partir de maintenant, on rentre dans l'amusement pur et simple et le paradoxe que nous vous signalions plus haut vient de voir ces deux philosophies se côtoyer avec un certain bonheur.
Le fun s'invite dans Blur par la présence de bonus disséminés sur la piste qu'on attrape en roulant dessus, qui viennent s'aligner en bas de l'écran dans un trio d'emplacements et qu'on peut déclencher au moment où on le décide. Il est également possible de faire son choix parmi les trois bonus alignés en les parcourant ou d'en larguer autant qu'on le souhaite pour faire de la place en fonction de sa stratégie de course. Oui, "stratégie", le mot n'est pas galvaudé. Si la conduite seule ne suffira pas à vous sortir d'affaire, il sera également essentiel d'utiliser le bonus le plus approprié au moment idéal. Réparation, missiles, nitro, ondes de choc qui écartent un troupeau de voitures, zones de ralentissement créées en tête de peloton pour freiner les premiers, le catalogue n'est pas particulièrement original mais il y a tout ce qu'il faut pour vous sortir d'embarras et passer de la seconde à la première place en une fraction de seconde. A cela s'ajoute le fait qu'on puisse utiliser ces bonus vers l'avant et l'arrière de la voiture ou encore qu'il est important de garder un oeil dans le rétro pour éviter ce que les adversaires pourraient vous lancer et vous comprendrez que la stratégie, si elle existe, doit devenir une seconde nature qui ne ralentira ni votre conduite, ni vos prises de décision permanentes et intensives. On a d'autant moins le temps de s'ennuyer que, comme nous avons pu le constater, les adversaires du mode solo sont aussi agressifs que capables. Les courses sont vraiment très disputées.
Dans sa structure générale, le mode Carrière de Blur vous fera passer d'un territoire dominé par un boss au suivant si vous glanez suffisamment de "feux" pour le déverrouiller. Ces feux s'obtiennent tout d'abord en terminant les courses en tête, ce qui nous ramène à la bonne gestion des bonus. Mais il faut aussi, pour faire carton plein, rassembler autour de ces exploits un certain nombre de fans séduits par votre manière de conduire et de traiter vos adversaires. Enfin, il existe sur tous les circuits que nous avons parcourus un "Slalom de fan". On le déclenche en passant sur l'icône idoine et il faut alors passer par toutes les portes qui apparaissent sur la piste. Inutile de dire que tenter cela tout en essayant d'être premier dans une course où tout le monde veut la peau de tout le monde n'est pas évident. Voilà pourquoi il est clair que les développeurs ont voulu que les joueurs reviennent ultérieurement sur certaines courses où ils n'auraient pas obtenu la note maximale. Autre élément qui plaide en faveur de cette hypothèse : le fait qu'on déverrouille des voitures de plus en plus performantes et, donc, qu'il est plus facile de revenir plus tard avec un engin qui correspond mieux à sa manière de conduire plutôt que de s'entêter avec un véhicule qui n'est pas à la hauteur de la tâche.
En conclusion, la progression au sein de la carrière dans Blur se fait à la fois verticalement et un peu horizontalement. On grimpe vers le haut du classement en alignant les victoires et en éliminant les boss les uns après les autres mais les feux qu'on obtient donnent accès à plusieurs courses à la fois. On peut donc choisir. Précisons d'ailleurs que nous avons vu trois types d'épreuves différentes : la course simple où il faut passer la ligne d'arrivée en premier, le contre-la-montre où il est essentiel de gérer à la fois les bonus de nitro et les chronos qui ajoutent du temps pour atteindre le checkpoint suivant et, enfin, le mode Destruction où on tire sur des véhicules-cibles pour gagner quelques précieuses secondes afin de rester dans la course. Dans son ensemble, le mode Carrière de Blur ne réinvente donc pas l'eau tiède, c'est sûr. Mais sa réalisation que nous n'avons pas prise en défaut durant notre essai, la bonne tenue de l'offre générale et l'intensité des courses auront de quoi vous satisfaire et vous tenir en haleine si vous n'avez rien contre un certain esprit arcade.
A cela s'ajoute tout le pan multijoueur. On pourra jouer à Blur jusqu'à quatre en écran partagé et jusqu'à vingt en ligne. Et ce titre proposera de nombreuses options pour développer une communauté de joueurs sur le net. Cela passe par exemple par des facilités pour publier sur votre page Facebook les images que vous aurez faites en utilisant l'option Photo. Cela passe aussi par la possibilité de transmettre à vos amis qui n'ont qu'un compte Silver sur Xbox la teneur d'un défi qu'ils pourront relever et tenter de battre de leur côté avant de vous provoquer à leur tour. De plus, précisons que Blur permettra de sélectionner les conditions des courses en multi dans leurs moindres détails comme l'autorisation d'un seul modèle de voiture jusqu'à l'absence totale de bonus sur les pistes ou la sélection d'un seul type d'entre eux ou encore le fait de ne rien toucher. Tout sera possible à ce niveau. En fait, ce nouvel essai nous a confortés dans l'idée qui nous était venue lors de notre passage à Liverpool à savoir qu'il ne sera sûrement pas indispensable d'être un joueur passionné de multi pour apprécier Blur. Mais cela aidera certainement, à tel point que ceux qui sont réfractaires à des confrontations contre d'autres vrais joueurs pourraient s'y mettre.
Ce nouvel essai de Blur nous a confortés dans nos premières impressions. L’offre est impressionnante et la réalisation ne nous a pas montré le moindre signe de faiblesse. D’un autre côté, et même si on lui reconnaît une identité caractéristique par son aspect "Mario Kart pour les grands" avec son utilisation de vraies voitures dans un principe très arcade, nous regrettons un certain manque d’originalité. L’ensemble est satisfaisant mais pas surprenant et nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que c’est un peu dommage.