Prologue aux trois précédents épisodes, Dead to Rights Retribution se présente comme une sorte de résurgence sortie d'un passé lointain. Bien qu'auréolé d'une atmosphère couillue synonyme de gunfights musclés et de dialogues bien sentis, il n'en reste pas moins que nous n'attendions pas nécessairement un nouvel épisode de la saga sur consoles HD. Toutefois, les développeurs de Volatile se sont pliés en quatre pour ressusciter cette franchise en maximisant à outrance sur l'aspect rentre-dedans. Pari gagné ? Les lignes ci-dessous vous offrent un début de réponse.
Jack Slate n'est pas du type à réfléchir avant d'ouvrir le feu, ce serait même plutôt le contraire. Pourtant, c'est comme ça qu'on l'aime. Alors forcément, lorsqu'il se retrouve confronté à un drame familial, le bonhomme voit rouge et fonce dans le tas. Mine de rien, en l'espace de quelque lignes, je viens de vous décrire le pitch de départ de Dead to Rights Retribution. Vous l'aurez deviné, le titre de Namco Bandai n'entend pas nous offrir l'Apocalypse Now du jeu d'action, ce qui en soit n'est pas si étonnant vu que ses aïeuls ne brillaient pas vraiment non plus de ce point de vue-là. Mais finalement, on s'en fout pas mal car le plus honnêtement du monde, ce qui nous intéresse dans un Dead to Rights tient aux balles qui fusent et aux cabrioles du héros. Ca tombe bien car vu sous cet angle, Retribution s'avère être le meilleur segment de la saga.
Ainsi, donc, en partant du postulat que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes, les amateurs seront heureux de retrouver le tandem gagnant : Jack et son Lassie aux dents longues, Shadow. Ainsi, durant une poignée de niveaux, les deux compères vont mener une vendetta personnelle en défouraillant un régiment entier de badguys allant du punk décérébré au militaire de carrière muni d'une combinaison high-tech. Mais qu'a cela ne tienne car sous sa frêle apparence de chien chien à son papa, Shadow, et accessoirement son maître, pourront encaisser plus d'une bastosse avant de rendre l'âme. Et si vous n'êtes pas du genre à penser qu'il faut souffrir pour progresser, vous pourrez toujours profiter d'un système de couverture hérité de Gears of War. Ce dernier vous permettra de vous planquer derrière plusieurs éléments du décor ou d'enjamber le tout pour enchaîner dans la foulée avec un coup de pied dans la tronche d'un ennemi. Bien entendu, si vous voulez vous la jouer plus expéditif, vous aurez l'embarras du choix.
D'ailleurs, sur la question des armes à feu, ce Dead to Rights fait très fort puisque le nombre de guns disponibles est simplement pharaonique. Bien qu'on commence avec des classiques du genre (flingues, fusil à pompe, fusil de snipe....), on trouvera par la suite des armes plus exotiques comme des fusils à énergie, plusieurs types de grenades, etc, etc. Un moyen comme un autre de varier les plaisirs d'autant qu'on pourra coupler le tout avec plus d'une quinzaine de combos. De fait, en mélangeant séquence de shoot et combat à main nue, le soft parvient à retenir l'attention à mesure que l'histoire progresse. Mieux, en maîtrisant davantage les rouages du gameplay, on éprouve de plus en plus de sympathie pour ce Dead to Rights. Il faut dire qu'à l'instar des opus précédents, il est toujours possible d'utiliser un ralenti pour ajuster ses tirs, de désarmer un adversaire, de s'en servir comme d'un bouclier ou de l'achever via une mise à mort esthétisante. Pour autant, il est regrettable que ces finish moves soient souvent mal cadrés, la caméra ayant tendance à être trop près de Jack, ceci ne permettant pas d'apprécier l'action dans son ensemble. A contrario, on appréciera le rôle plus important de Shadow dans ce segment. Cantonné à un gentil toutou dans les autres épisodes, le cabot aura cette fois droit à ses propres séquences d'infiltration.
Eh oui, histoire de se donner un genre, ce Dead to Rights cède lui aussi aux sirènes des passages à pas de loup. Cependant, ces sections se révèlent, contre toute attente, bien tripantes. Il faut dire qu'avec un chien ayant quelques-uns des attributs de Batman, il y a de quoi faire. En effet, outre la possibilité d'éliminer en silence ses adversaires, d'aboyer pour ameuter les gardes et de traîner les corps, Shadow pourra visualiser ses adversaires à travers les murs et voir leur degré d'anxiété symbolisé par un coeur battant plus ou moins vite. En somme, en alternant les chapitres avec Shadow et Jack, qui tient malgré tout une plus grande place dans le jeu, la construction profite d'une fluidité bien agréable. Si dans l'absolu les objectifs de mission restent peu originaux, c'est bel et bien la complémentarité entre l'homme et l'animal qui remporte le plus de suffrages et offre au titre un véritable cachet. D'autant plus vrai que Jack pourra également donner des ordres succincts à son cerbère, via la croix de direction, afin que celui-ci le défende, attaque un adversaire ou aille récupérer des munitions. En définitive, sous certains aspects et personnages stéréotypés, cette préquelle au premier Dead to Rights fait montre de suffisamment de qualités pour que vous retroussiez vos manches et tiriez quelques balles placées. On serait presque enclin à dire que pour une fois qu'un jeu ne manque pas de chien, il serait de bon ton de se faire les crocs sur ce qui reste à l'heure actuelle le meilleur représentant de la franchise.
- Graphismes15/20
Bien que les animations des personnages soient relativement moyennes, l'ensemble des décors profite d'une belle touche artistique. Eclectique et évoquant par moments Sin City et Gotham, la ville de Dead to Rights Retribution semble plus que jamais issue d'un univers devant autant au comics books et aux blockbusters hollywoodiens qu'à certains films noirs.
- Jouabilité14/20
Souple et accessible, la jouabilité propose un panel de mouvements suffisant pour se sortir de la plupart des situations. Si on grommellera par moments contre la lourdeur de déplacement de Jack, celui-ci pourra compter sur l'aide de Shadow et celle d'une gigantesque panoplie d'armes pour faire des dégâts dans les rangs adverses. En outre, les monstrueux gunfights trouvent un écho dans les séquences d'infiltration très simples dans leur approche mais étonnamment jouissives.
- Durée de vie13/20
Optez dès le départ pour le mode Normal et vous comprendrez que la série Dead to Rights n'est définitivement pas une série prenant les joueurs pour des buses. Si dans l'absolu, il vous faudra une bonne dizaine d'heures pour en faire le tour, vous devrez avoir beaucoup de patience pour en venir à bout dans le plus haut mode de difficulté.
- Bande son14/20
Si les doublages américains sont quelque peu caricaturaux, les voix correspondent bien aux personnages qui sont eux aussi stéréotypés. En sus, les musiques remplissent parfaitement leur office en optant pour des thèmes emphatiques, appuyés comme il se doit par une bonne gamme de bruitages.
- Scénario8/20
Bien que ce ne soit pas le plus important dans un jeu d'action, disons que le scénario de Dead to Rights Retribution aligne tous les poncifs possibles et inimaginables du film d'action des années 80. La mort d'un proche, une vengeance aveugle, une histoire de traîtrise, des politiciens véreux, un héros bodybulidé accumulant les punch-lines "testostéronées", tout, absolument tout y passe. Du coup, on se marre bien en suivant le fil de l'intrigue même si ce n'est pas vraiment intentionnel.
Pour son retour sur consoles HD, Dead to Rights s'en sort avec les honneurs. Sans chercher à faire évoluer le genre "action" et a fortiori la série, les développeurs de Volatile se sont évertués à proposer un Dead to Rights Retribution sévèrement burné, dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Ainsi, en ayant offert un plus grand rôle à Shadow via de sympathiques phases d'infiltration tout en conservant l'aspect hard-boiled du jeu original, cette suite se présente comme l'un des meilleurs segments de la saga. Loin d'être parfaite à tous les niveaux, elle n'en reste pas moins un excellent défouloir sur lequel on reviendra avec plaisir. Une bonne surprise donc...