« Non, Donatello n’est pas qu’une tortue mutante ! C’est aussi le nom d’un sculpteur italien de la Renaissance. » Voilà ce qu’essayaient d’expliquer les professeurs à une génération d’écoliers incrédules depuis l'invasion des Tortues Ninja à la télé et en jeu vidéo à la fin des années 80. Après tout, on comprend facilement la confusion, surtout que la tortue en question partage un autre lien avec l’Italie : un goût immodéré pour la pizza !
Depuis 89 et l'arrivée du dessin animé des Tortues Ninja en France, le succès ne s'est jamais démenti. Dès le lancement de la série, toute une gamme de produits dérivés et donc de jouets sont apparus en boutiques. Du coup, quand la Gameboy débarque en Europe en 1990, Teenage Mutant Ninja Turtles : Fall of the Foot Clan fait partie des premiers titres à sortir sur la petite portable de Nintendo. Le contexte du jeu est minimaliste, mais ne dénote pas avec le quotidien des tortues. Voyez par vous-même : la journaliste April O'Neil a été kidnappée par Shredder pour une quelconque raison. Les tortues doivent alors partir à sa poursuite depuis les égouts de New York jusqu'au technodrome en traversant cinq niveaux. Au début de chacun d'entre eux, le joueur peut choisir entre Leonardo, Raphael, Michelangelo et Donatello, mais les différences sont minimes entre les quatre héros. Déjà, avec l'écran monochrome de la Gameboy, l'un des principaux moyens de les distinguer disparaît. Impossible en effet de montrer les différences de couleurs de masques. Le jeu affiche la même gamme de sprites pour toutes les tortues, et finalement seules les armes changent. Là encore, cela ne modifiera pas grand-chose. La portée des différentes armes varie peu, alors que le katana et le bô devraient pourtant avoir beaucoup plus d'allonge que le saï et le nunchaku. Qu'à cela ne tienne, chacun aura au moins le plaisir de contrôler la tortue qu'il préfère.
Chaque tortue embarque donc son arme de prédilection mais peut aussi envoyer des shurikens sur ses ennemis. Ainsi équipé, il est temps de se lancer à l'assaut de New York. Les fidèles de la série ne seront pas dépaysés : les décors comme les ennemis sont bien familiers. Tout au long du jeu, les ninjas robots du Foot Clan les harcèlent continuellement. Les boss sont eux aussi bien connus puisqu'au fil de la progression, il faudra botter les fesses de Rocksteady, Bebop, Baxter Stockman, Shredder et Krang. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, cela n'a rien de compliqué. Le jeu est en effet dénué de toute difficulté. Les ennemis sont certes nombreux, mais s'évitent ou s'éliminent facilement. Au pire, de nombreuses pizzas permettront de redonner de l'énergie. Chaque tortue correspond à une vie. Le joueur dispose donc de 4 vies pour terminer le jeu.
Les cinq niveaux (égouts, usine, autoroute, rivière et technodrome) sont tous très courts. Arriver devant le boss du niveau se fait donc sans encombre. Du début jusqu'à la fin, il ne faut pas compter plus d'une demi-heure de jeu. Oui, une demi-heure. Et dans le cas absolument improbable où un joueur serait bloqué quelque part, on peut choisir en début de partie à quel niveau commencer. Vaincre Krang peut donc se faire en quelques minutes. La fin complète n'est toutefois disponible que si l'on a débuté le jeu au premier niveau, mais même ainsi le challenge reste ridiculement facile. Et contrairement à d'autres jeux courts, ce n'est pas la recherche du high-score qui motivera le joueur. Il y a bien quelques jeux bonus cachés dans le premier niveau, mais ils sont eux aussi d'une facilité risible.
Reste le plaisir simple de détruire des adversaires à tour de bras. Le jeu n'est au moins pas avare en action, et une petite partie permet de bien se défouler en retrouvant tous les codes de la série animée. Après tout, le Foot Clan n'a jamais représenté une menace insurmontable pour les tortues, et l'on se met aisément dans la peau, euh… la carapace de ces dernières. Au final, il est bon de se souvenir de deux choses. La première est que Fall of the Foot Clan faisait partie des premiers jeux Gameboy, une console peu évoluée, et ayant des titres axés sur des parties courtes. La deuxième est qu'en tant que produit dérivé, le jeu s'adressait directement au public de la série télé, soit les jeunes enfants. On peut dès lors comprendre la volonté de Konami de proposer un titre privilégiant l'accessibilité et la fidélité à la licence plutôt que la durée de vie. L'expression « ne pas avoir le temps de s'ennuyer » est ici parfaitement adaptée !
- Graphismes16/20
On reconnaît sans difficulté les différents personnages issus de la franchise. Les portraits lors des scènes de transitions et des jeux bonus semblent eux tout droit sortis du dessin animé. Tout est parfaitement clair et bien détaillé, et nous avons là un jeu plutôt joli.
- Jouabilité15/20
Toujours très simple, le gameplay de Fall of the Foot Clan ne s’embarrasse pas de mouvements compliqués. Le jeu met en effet plus l’accent sur les réflexes que sur les techniques. Et comme un seul coup permet de vaincre la plupart des ennemis, il suffit donc de veiller à frapper avant d’être touché. Notons que les boutons d’action sont configurables.
- Durée de vie5/20
Alors que la première adaptation des Tortues Ninja sur Nes est restée dans les mémoires pour sa difficulté abusive, celle sur Gameboy surprend par son incroyable facilité. Non seulement le challenge est modéré, mais les niveaux sont peu nombreux et courts. De ce fait, le jeu s’adresse principalement aux plus petits, qui pourront se targuer d’être pour la première fois arrivés au bout d’un jeu vidéo.
- Bande son14/20
Le thème de la série télé est évidemment à l’honneur, il est d’ailleurs utilisé de façon intensive. Les autres musiques sont tout aussi dynamiques, et les bruitages de bonne facture.
- Scénario/
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Pourtant sympathique, Teenage Mutant Ninja Turtles : Fall of the Foot Clan demeure handicapé par sa durée de vie minimale. Le jeu peut néanmoins convenir aux fans des Tortues Ninja. Ils y trouveront une introduction agréable aux deux opus suivants sur Gameboy.