Comme la Nes en son temps, la Playstation se devait d'avoir son propre pistolet pour accueillir des jeux de tir. L'arrivée en 1998 de Point Blank sur la console de Sony marque ainsi l'entrée du fameux accessoire GunCon. Mais les sensations sont encore tièdes et il faudra attendre la sortie de Time Crisis la même année pour enfin se croire dans une salle d'arcade et libérer toute la puissance du pistolet en plastique !
Le principe de Time Crisis est très simple. Comme tout rail shooter qui se respecte, il vous propose de nettoyer des zones en tirant à tout va, écran par écran. Vous n'avez pas à choisir votre itinéraire, le jeu le fait pour vous. Tout ce que vous avez à faire, c'est viser et tirer sur tout ce qui bouge. Contrairement à d'autres jeux du genre, Time Crisis ne vous prend pas en traître en faisant apparaître des otages ou autres personnes à ne surtout pas blesser. Ici l'objectif est clair : on tire dans le tas. Une fois un écran de tir terminé, votre personnage se dirige automatiquement vers une autre position et vous devrez recommencer. La progression du joueur est donc scriptée et ce dernier n'a à se soucier que de ses ennemis. Il devra alors souvent se mettre à couvert afin d'éviter les tirs d'une part, mais aussi pour recharger son arme.
Esquiver les tirs ennemis est évidemment vital. Selon le mode de difficulté, vous ne disposez que de 3 ou 5 tirs encaissables, après quoi vous mourrez et vous devrez recommencer depuis le début de la zone. Si certains soldats tirent terriblement mal, et donc ne vous blessent pratiquement jamais, d'autres au contraire sont absolument mortels, ce qui est le cas pour les fameux soldats rouges, dont un tir sur deux environ vous touchera. Vos ennemis ne vous attaquent pas qu'aux pistolets. En effet, leur arsenal est varié : grenades, lance-roquettes, couteaux… Il est donc nécessaire au joueur d'éliminer prioritairement les ennemis dangereux. A noter également que descendre certains ennemis vous fera gagner quelques secondes supplémentaires, ce qui s'avère bien utile par moments. Effectivement, votre partie est chronométrée, il vous faudra franchir les zones le plus vite possible afin de ne pas vous faire avoir par le temps (après tout, le jeu s'appelle bien Time Crisis non ?). Chaque zone vidée remontera votre chronomètre de quelques secondes. Un élément de plus qui fera grimper la pression chez le joueur.
Pour mener votre mission à bien et rester en vie aussi longtemps que possible, les contrôles du jeu sont très maniables. Que l'on joue au Gun ou à la manette, la jouabilité est correcte. Bien qu'avec le pad le joueur ne retrouve évidemment pas les mêmes sensations, il n'est pas pour autant handicapé par le curseur qui se montre suffisamment rapide pour viser et tirer. La précision est à ce titre quasiment irréprochable au point que le jeu vous impose parfois d'être ultra précis dans vos tirs, lorsque vous devez par exemple abattre un soldat bien planqué au loin. Viser une dizaine de pixels, c'est peut-être un peu trop demandé dans le feu de l'action. Surtout que rappelons-le, la mission est chronométrée !
Votre mission justement est tout ce qu'il y a de plus classique et de plus stéréotypée. Si bien qu'on a parfois l'impression d'être projeté dans un véritable nanar vidéoludique. Vous incarnez Richard Miller, agent du V.S.S.E, héros muet au charisme d'une moule. Vous devez secourir Rachel MacPherson, fille du président de la fondation Sercia, kidnappée par des terroristes dirigés par un certain Wild Dog, mercenaire de grande classe (le seul personnage charismatique du jeu). Ce dernier est engagé par le terrible Sherudo Garo, un roux monarchiste lanceur de couteaux. Ce semblant de scénario est en fait un prétexte à l'action incessante, nous gratifiant d'un happy end splendidement original… C'est petit, très petit. Mais il ne faut pas oublier que Time Crisis était à l'origine un jeu d'arcade ! Les joueurs fréquentant les salles y venaient pour jouer, pas pour se faire un ciné. Le scénario n'est donc qu'une toile de fond, rien d'autre et les joueurs n'en demandaient pas plus.
L'arcade peut aussi expliquer la durée de vie ridicule du titre, puisque pour venir à bout des 3 étapes, chacune composée de 4 zones (dont la phase du boss), il vous faudra compter une demie heure grand maximum ! Sur les bornes d'arcade, il était évidemment impossible, voire totalement inconcevable de faire tenir un joueur deux heures sur la même partie. Cette durée de vie est par conséquent compréhensible. Du coup, la version Playstation propose en plus du scénario orignal, un second scénario exclusif, dans lequel il vous faudra progresser dans l'hôtel de la belle mais maléfique Kantaris. Ce nouveau mode de jeu garde les mêmes principes du rail shooting, à la différence que cette fois, plusieurs itinéraires sont possibles. Chaque action du joueur aura un rôle sur son itinéraire et aura des conséquences directes sur la fin du scénario, plusieurs dénouements étant ici possibles. Voilà qui avait de quoi normalement contenter les joueurs. Cependant, plusieurs défauts sont notables. Tout d'abord, s'il est possible de visiter plusieurs lieux durant votre mission, vous ne pourrez pas directement choisir votre itinéraire : ce sont vos actions et vos prouesses qui déterminent le chemin que vous emprunterez pour la zone suivante. Trouver les bonnes astuces pour parvenir à la véritable fin du scénario relèverait presque de l'aléatoire. Autre défaut de cette seconde mission : la durée de vie, puisqu'effectivement, il ne vous faudra pas plus de temps pour la terminer que pour l'histoire principale. L'intention d'ajouter un mode de jeu exclusif à la Playstation était donc honorable, mais l'intérêt reste limité.
Vous l'aurez compris, la durée de vie est le gros point noir du titre. Il est cependant compensé par un fun indiscutable. Le joueur est plongé dans l'action du début à la fin, sans aucun temps mort. Time Crisis est court, certes, mais jouissif. Ajoutez à cela des graphismes respectables pour un jeu d'arcade de 1995, bien que l'on aurait pu espérer des améliorations pour le passage à la console. Certains effets comme les impacts de balles font parfois peine à regarder, tandis que les décors sont très variés. Le jeu nous promène dans les méandres d'un château où divers lieux sont implantés : église, laboratoire, entrepôt sous-terrain… La bande son est elle aussi un grand point positif du titre, si ce n'est son meilleur atout. L'ambiance sonore est d'une excellente qualité, et nous plonge dans un univers extrêmement dynamique. Les thèmes musicaux, notamment celui du boss de fin, sont grandioses et nous baladent dans des atmosphères différentes.
Malgré des défauts liés à son support arcade d'origine, Time Crisis est un franc succès. Son dynamisme, son ambiance, son gameplay lui permettent d'entrer facilement dans l'histoire du jeu vidéo et on comprend aussi pourquoi plusieurs suites seront plus tard lancées, pas toujours à la hauteur de ce premier volet, malheureusement. Quoi qu'il en soit, Namco signe ici un de ses meilleurs jeux de tir.
- Graphismes14/20
Même s’il est clair qu’il ne peut tenir la comparaison face à FF VII, sorti la même année (en ce qui concerne le Japon), Time Crisis tient graphiquement la route en dépit de ses explosions de jolis pixels et de ses coups de feu très grossiers. Des améliorations graphiques auraient été les bienvenues depuis la borne arcade, mais les personnages sont relativement bien modélisés et les décors sont assez variés pour faire de ce titre un jeu finalement agréable.
- Jouabilité15/20
La précision du pistolet est très correcte et si vous devez jouer à la manette, la prise en main n’est pas des plus compliquées. Diriger le viseur à l’aide du pad directionnel n’est pas forcément handicapant et n’enlève rien au dynamisme des parties.
- Durée de vie8/20
Le plus gros défaut de Time Crisis, qui restera celui de toute la série. Le mode Histoire composé de 3 chapitres divisés en quatre zones, se termine aisément en moins d’une demi-heure. D’accord, c’est de l’arcade, mais pour le passage à la console on aurait pu espérer plus. Pas de contenu à débloquer, pas de secrets, rien. La version de la Playstation s’est néanmoins dotée d’un second scénario exclusif avec plusieurs fins possibles. Rien de bien grandiose non plus, mais c’est toujours ça de pris.
- Bande son15/20
La bande-son, d’excellente qualité, est très fidèle à l’esprit du jeu et joue un rôle considérable dans son dynamisme ; on apprécie aussi tout particulièrement le thème devenu culte du boss de fin. Les effets sonores sont très corrects pour la Playstation. Les doublages quant à eux, sont en français et manquent parfois cruellement de charisme, exception faite cependant pour Wild Dog qui parvient à se distinguer du lot.
- Scénario10/20
Scénario classique au possible : des méchants ont enlevé la fille du président, un super agent est envoyé et il va tous les descendre ! Les personnages sont caricaturaux, le happy end est à pleurer… Mais bon, nous sommes sur un jeu d‘arcade. Le second scénario exclusif à la Playstation ne relève pas le niveau.
Titre définitivement inscrit dans l’histoire du jeu vidéo, Time Crisis a su s’imposer par son action intense, son gameplay jouissif et son ambiance dynamique. On regrettera, et ce sera le cas pour les épisodes qui suivront, le manque de profondeur de son scénario, ainsi qu’une durée de vie extrêmement limitée. Mais ces défauts mis à part, Time Crisis est un excellent moyen de se calmer les nerfs.