Un petit peu plus d'un an après la sortie de l'excellent Dawn of War II, le studio Relic vient raviver notre envie d'en découdre par le biais d'une extension à la gloire des sombres dieux du Chaos. Stand-alone de grande classe, le bien nommé Chaos Rising nous invite ainsi à découvrir une nouvelle campagne qui sans revenir sur le gameplay du jeu de base, offre un nouveau souffle à la recette Dawn of War en permettant au joueur de décider du sort des Blood Ravens. Et quand en plus, l'extension introduit un nouveau camp en multijoueur, de nouveaux héros, de nouvelles unités vraiment réussies pour chaque faction et 7 cartes multi, on se dit que Relic ne s'est pas moqué de nous.
Une année seulement après avoir sauvé leur coin de galaxie d'une invasion tyranide, les Blood Ravens et leurs alliés vont être confrontés à une nouvelle menace, plus terrible encore. A la lisière du système encore meurtri par les âpres combats qui s'y sont produits tout récemment, de multiples perturbations du Warp donnent lieu à un étrange phénomène : une planète disparue des radars de l'Impérium il y a plus d'un millénaire ressurgit des profondeurs insondables de l'espace. Monde glacé autrefois prospère, Aurelia a malheureusement été corrompu par les forces du Chaos. C'est en tout cas ce que vont découvrir Avitus, Cyrus, Thaddeus, Tarkus et Davian Thule (dont l'esprit contrôle maintenant un terrifiant Dreadnought). Les fiers Space Marines vont effectivement être attirés à la surface d'Aurelia par un étrange appel de détresse utilisant les codes propres aux Blood Ravens. Voilà en tout cas le point de départ d'une superbe campagne qu'il sera bien évidemment possible de traverser à deux, en coopération. Notez d'ailleurs que si vous le souhaitez, rien ne vous empêche d'importer les personnages développés dans le jeu de base. En revanche, ces derniers ne profiteront pas de leurs meilleurs équipements, à l'instar des armures Terminator, rendues indisponibles jusqu'à un certain point de la nouvelle campagne. Cette campagne constitue en outre l'occasion d'accueillir un nouveau venu : l'archiviste Orion, un jeteur de sorts capables de faire des ravages dans les rangs ennemis tout en soignant vos propres troufions.
Fondamentalement, le gameplay de Dawn of War II n'a pas changé d'un iota. Il s'agit donc toujours de mener une poignée d'escouades spécialisées au combat, en tirant partie des couvertures, des capacités et des armes spéciales de chacune. A l'issue de chaque affrontement, on passera toujours un temps non négligeable à examiner le matos récupéré sur le terrain, avant de distribuer des points de compétence avec une parcimonie toute "jeu de rôlesque". Mais la grande nouveauté de l'extension, c'est qu'en plus des fameux points d'expérience, nos combattants pourront désormais engranger des points de Corruption. Exposés à la terrible puissance du Chaos, les Space Marines vont effectivement devoir opérer bon nombre de choix au cours de leurs missions, des choix qui détermineront non seulement la nature du matos et des pouvoirs auxquels ils auront accès par la suite, mais aussi la tournure que prendra le scénario. Chaos Rising propose en effet deux fins distinctes qu'on ne découvrira qu'en jouant différemment. Se détourner de la lumière de l'Empereur en ne secourant pas vos frères d'armes, en utilisant des armes souillées par le Mal et en vous exposant volontairement aux puissances obscures vous ouvrira ainsi l'accès à de nouveaux pouvoirs. Chaque escouade dispose ainsi de six niveaux d'amélioration nés de la corruption. A vous de voir si vous vendrez l'âme de vos hommes pour obtenir les sinistres dons des dieux du Chaos.
A l'inverse, en servant fidèlement l'Empereur et le Chapitre des Blood Ravens, vous obtiendrez des points de Rédemption en complétant des objectifs spécifiques ou en portant des Sceaux de pureté dans votre équipement. Vous pourrez alors porter des objets bénis et profiter d'une seule et unique capacité spéciale, afin de pourfendre les rejetons de la nuit avec d'autant plus de facilité. De fait, les missions de la campagne présentent de nombreux objectifs secondaires qui s'excluent les uns les autres et qui détermineront l'alignement de vos ouailles. Mais il faut également considérer le fait que choisir tel ou tel chef d'escouade pour un type de missions particulier pourra faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Outre les considérations tactiques habituelles, Chaos Rising introduit donc une toute nouvelle dimension à Dawn of War II. Et quand en plus, on s'aperçoit que la plupart des missions sont mieux ficelées que dans le jeu de base, on obtient une extension solo absolument délectable, car dotée d'un fort potentiel de rejouabilité. Remarquez, il fallait peut-être ça, la campagne étant tout de même bien courte, puisqu'une huitaine d'heures suffira sans doute pour en voir le bout. Reste qu'affronter les Légions Noires en plus des traditionnels Orks, Tyranides et autres Eldars sans avoir à se retaper la même carte plusieurs fois dans la même partie constitue indiscutablement une belle amélioration. Dommage que ce joli tableau soit entaché par le retour des vieilles maps du jeu de base lors des missions secondaires.
Cela dit, sachez qu'en plus de cette belle campagne, Dawn of War II : Chaos Rising ouvre de nouvelles perspectives en matière de multijoueur même si le stand-alone n'intègre que la faction du Chaos. En effet, il vous sera nécessaire, si ce n'est déjà fait, d'acquérir le jeu de base pour jouer avec les autres races. Néanmoins, contrôler la nouvelle faction constitue déjà un véritable plaisir. Sous les ordres d'un Seigneur du Chaos spécialiste du corps-à-corps, d'un Champion de Nurgle protecteur ou d'un Sorcier adepte des sorts destructeurs, on emmènera ainsi nos Space Marines du Chaos au combat tout en les soutenant avec des hordes de démons. En dehors de quelques petites subtilités, les Spaces Marines des Légions Noires et leurs véhicules fonctionnent sur le même modèle que leurs congénères de l'Impérium. Mais vous pourrez cependant choisir de les spécialiser en les affiliant à un dieu du Chaos spécifique. Nurgle, déité de la pourriture par exemple, vous octroiera un bonus de santé et un malus de vitesse tandis que Tzeentch augmentera votre cadence de tir. On appréciera également les avantages conférés par les Hérétiques, des troupes légères capables de se mettre en transe pour améliorer l'efficacité des soldats alentour ou encore de construire des temples du Chaos dont les capacités varieront en fonction de votre Commandant.
Il faut également évoquer les démons, créatures immondes indissociables des Légions Noires. On pense notamment au Grand Impur, spécialiste du combat rapproché capable de vomir de la bile sur ses ennemis et de projeter une aura empoisonnée. Les Sanguinaires se feront quant à eux une joie de se téléporter un peu partout pour frapper là où ça fait mal. Enfin, le puissant Broyeur gagnera de l'énergie en goûtant le sang de l'ennemi. Bref, en associant tout cela à une tripotée de nouvelles capacités, comme la touche de Nurgle qui fera exploser vos troupes lors de leur trépas, on se retrouve avec une excellente nouvelle faction, parfaitement en accord avec ce que les fans du jeu de plateau étaient en droit d'attendre. Mais ce n'est pas tout, Dawn of War II : Chaos Rising ajoute de nouvelles unités aux autres factions, unités qui sont d'ailleurs déjà utilisables par les possesseurs du seul jeu de base, et ce gratuitement, ce qui n'est plus si courant aujourd'hui. Les Spaces Marines récupèrent ainsi l'Archiviste, que nous évoquions plus haut, tandis que les Orks profitent du soutien longue distance des Bizarboyz. Du côté des Eldars, on accueille le Garde Fantôme, une unité lourde spécialisée dans les attaques à courte portée et qui profite de surcroît d'un regain de vitesse en présence d'un Archonte. Enfin, les Tyranides sont incontestablement les mieux lotis avec deux nouveaux ajouts : les Genestealers et le Garde Tyranide.
Enfin, pour compléter ce généreux menu, Relic a également inclus un mode Chacun Pour Soi, sept cartes multi adaptées de la campagne ainsi que deux nouveaux héros (le Sorcier du Chaos et le Prince Tyranide, redoutable invocateur de sbires insectoïdes) pour le mode Baroud d'Honneur dédié, comme vous la savez, à la survie en coopération. Avec tout cela, on se dit qu'il y a là de quoi s'occuper pendant de nombreuses heures, voire pendant des nuits entières. Certes, la campagne peut apparaître un petit peu trop courte, mais son indéniable qualité et sa rejouabilité potentielle suffisent amplement à compenser cet apparent désagrément. En somme, les petits gars de Relic, après nous avoir infligé un gigantesque coup de massue en février 2009, confirme leur maîtrise et leur talent en nous livrant une extension de toute beauté, qu'on ne peut évidemment que recommander aux fans de Dawn of War II.
- Graphismes18/20
Dawn of War II : Chaos Rising conserve tout le charme du jeu de base et offre un spectacle de grande qualité. Le design des nouvelles unités, et particulièrement celui des fils du Chaos, fait encore une fois preuve d'un grand respect de l'univers créé par Games Workshop. Chaque unité a été modélisée avec beaucoup de soin et peut-être instantanément reconnue sur le terrain. Les nombreux serviteurs corrompus des divinités du Mal seront aux anges !
- Jouabilité18/20
Sans toucher aux fondements du gameplay établi par le jeu de base, le stand-alone de Relic introduit un brillant système de Corruption/Rédemption qui imprègne absolument tous les aspects de la campagne. Le joueur se voit ainsi contraint d'appréhender chaque mission non seulement d'un point de vue tactique, mais aussi en réfléchissant aux conséquences de chaque action sur l'alignement de ses troupes. Le seul pseudo "défaut" du système est qu'il est finalement beaucoup plus attrayant de succomber au Mal, les bénéfices étant plus perceptibles, du moins jusqu'à un certain point. Enfin, les nouvelles unités des autres factions paraissent globalement équilibrées et assurent un bon renouvellement des parties multijoueurs.
- Durée de vie16/20
La campagne de Chaos Rising prendra entre 8 et 10 heures avant de succomber à vos assauts. A première vue, cela semble un tantinet trop court, mais c'est sans compter le gros potentiel de rejouabilité de l'ensemble. En effet, les décisions que vous prendrez au cours de vos pérégrinations martiales influeront non seulement le gameplay, mais aussi l'histoire qui débouchera sur une cinématique différente en fonction de votre alignement. Côté multi, l'extension ajoute juste ce qu'il faut pour redonner du souffle aux parties.
- Bande son18/20
Une fois encore, on profite d'un doublage français de qualité, mais surtout de compositions et de bruitages absolument sublimes. On se retrouve ainsi transporté sur les champs de bataille du 41ème millénaire en un clin d'oeil.
- Scénario18/20
Une histoire mieux ficelée que dans le jeu de base, et que l'on pourra surtout orienter comme on le souhaitera, à l'ombre de Nurgle, Khorne ou Tzeentch, les sombres divinités du Mal. En effet, le jeu propose deux fins différentes qui marqueront forcément deux destins totalement opposés pour le fier chapitre des Blood Ravens. Un régal.
On le voyait venir de loin ce stand-alone ! Et le bougre ne nous aura pas déçus. Particulièrement généreux en termes de contenu, Chaos Rising vaut tout d'abord le détour pour sa campagne à deux facettes, conséquence directe d'un système de Corruption/Rédemption qui imprègne tous les aspects du jeu et en fait quelque chose de particulièrement exaltant. Ensuite, c'est vers le multijoueur qu'on se tournera, pour découvrir une toute nouvelle faction, jouable, riche et qui s'inscrit parfaitement dans l'univers conçu par Games Workshop. Dans ces conditions, les fans de Dawn of War II auront tout intérêt à se laisser séduire par les sinistres appels des dieux du Chaos.