Après nous avoir offert une palanquée indécente de chefs-d'oeuvre sur les ordinateurs 16 bits, quelques anciens des Bitmap Brothers s'attaquaient au jeu d'action sévèrement burné en 2003. Sorte d'hommage au cinéma de John Woo, Dead to Rights fut une agréable surprise, peu originale mais suffisamment solide pour contenter l'amateur. La suite de la série fut moins glorieuse entre un deuxième épisode catastrophique et un opus PSP mou du genou. De fait, retrouver la franchise en 2010 a de quoi étonner. Pourtant, Jack Slate est de retour, tout comme son toutounet aux dents longues, Shadow.
Toi qui te passes en boucle Hard Boiled et Piège de Cristal, arrête-toi quelques instants. Nous allons en effet te parler de Dead to Rights Retribution. Défouloir vidéoludique devant autant aux films d'action des années 80 qu'à l'ultra violence popularisée par le cinéma de genre depuis quelques années, le titre de Volatile entend bien remettre au goût du jour une série quelque peu passée de mode. En tout premier lieu, sachez que cet épisode se situe avant les événements des deux précédents segments, ce qui est toujours classe même si on n'a pas vraiment grand-chose à raconter. C'est un fait, Dead to Rights Retribution accumule les pires clichés du cinéma d'action et se situe plutôt au niveau d'un Lou Diamond Phillips que d'un John McTiernan en termes de scénario et de mise en scène. Pas grave me direz-vous car tant qu'on a l'ivresse peu importe le flacon. Ca tombe plutôt bien même si le flacon de Dead to Rights Retribution n'est pas vraiment à son avantage.
Dans l'absolu, on ne peut pas dire que le jeu soit moche. Malheureusement, on ne peut pas vraiment dire qu'il soit également attirant. Alternant constamment animations d'un autre âge et décors des plus réussis grâce à une belle gestion de la lumière, cette cuvée 2010 de Dead to Rights se montre assez limitée artistiquement parlant. Le plus embêtant vient également des fameuses mises à mort disponibles depuis le tout premier opus. Une fois encore, Jack pourra désarmer ses adversaires pour leur loger une balle dans la tête ou bien se fritter au corps-à-corps avec eux afin de les affaiblir pour les achever en beauté. Le hic est que la mise en scène de ces "finish moves" est désagréable à cause d'un flou prononcé et d'une caméra généralement mal centrée. De plus, s'il est toujours permis d'utiliser une sorte de bullet time pour aligner plus facilement les ennemis, on trouvera étrange de ne pas pouvoir effectuer de plongeons à l'image de ce que proposaient ses aïeuls ou l'esthétisant Stranglehold. A ce sujet, après avoir parcouru 5 des 10 chapitres de l'aventure, autant dire que le bébé de Volatile a bien du mal à tenir la comparaison avec le soft de Tiger Hill Games ou, dans un genre un peu différent, le fort sympathique Mémoire dans la Peau.
Pourtant, en soi, tout n'est pas à jeter, les développeurs ayant même développé le concept de Shadow, el toutouneto qu'on pourra cette fois incarner lors de passages bien précis. On trouvera d'ailleurs amusant que les programmeurs se soient quelque peu inspirés de Batman Arkham Asylum pour ces séquences. En effet, en optant pour l'approche et a fortiori l'attaque furtive, le cabot pourra visualiser le degré de méfiance des bad-guys et les apercevoir à travers les murs. M'est avis que certains ne bouffent pas que du Pedigree Pal aux carottes. Nonobstant, ces séquences apportent un peu de sang neuf à un jeu qui en manque cruellement. Problématique car en ne pouvant pleinement s'appuyer sur le fond et la forme, Volatile s'est entêté à parsemer son jeu de gunfights à rallonge à même de faire criser un membre du GIGN en mode Normal. En effet, la difficulté, synonyme de checkpoints épars, le plus souvent situés au début d'une séquence de tirs, s'avère mal dosée. Il ne sera alors pas rare d'affronter des dizaines de snipers, de gros bras et autres sbires tout en devant faire attention à Shadow qui pourra néanmoins revenir à la vie via deux ou trois caresses bien placées... Bon, là, c'est sûr, le clébard ne se fournit pas qu'au supermarché du coin.
Pour l'heure, on se gardera d'émettre un jugement définitif. Les points faibles sont bel et bien présents mais en contrepartie, on notera tout de même plusieurs aspects positifs à commencer par une bonne panoplie d'armes allant de l'Uzi à la mitraillette en passant par le fusil à pompe ou de snipe, le lance-missiles, etc. En sus, on pourra opter pour un des 17 enchaînements disponibles ou donner quelques ordres succincts à Shadow afin qu'il attaque un adversaire ou qu'il nous ramène des munitions. On pourra même profiter d'un système de couverture inspiré de celui de Gears of War auquel il emprunte le style graphique des pictogrammes associés aux actions contextuelles. Rien de neuf sous le soleil, c'est sûr, mais pour peu que le prix de vente s'ajuste sur le degré qualitatif et peu innovant de l'oeuvre, on pourrait bien se laisser tenter d'autant que plusieurs bonus vous en apprendront un peu plus sur la conception du jeu. Est-ce que ce sera suffisant pour faire de Dead to Rights Retribution le jeu d'action de ce début d'année ? Clairement pas mais espérons au moins avoir droit à un titre arrivant à tenir un rythme élevé sur toute la longueur.
Réminiscence d'une franchise qu'on croyait enfouie sous des couches de naphtaline, Dead to Rights Retribution reprend ce qui faisait la force de ses aïeuls. Dommage qu'il conserve également ses défauts synonymes de progression un brin ennuyeuse principalement basée sur une difficulté mal gérée et une absence totale d'IA. Cependant, avec ses quelques idées bien marrantes et une plus grande place laissée à Shadow, il se pourrait que le titre arrive à tirer son épingle du jeu, surtout si le prix de vente n'a pas la folie des grandeurs.