Le pays de Dotnia vit des heures tragiques et c'est la faute au progrès en matière de rendu graphique. Le souverain de cette riante contrée en 2D souhaitait ramener les touristes qui avaient depuis longtemps déserté les forêts et les plaines de son pays. Pour y parvenir, il a donc décidé de passer en 3D. Cela s'est fait sans encombre à un détail près : cette métamorphose a permis au Dark King de s'échapper de sa prison. Dès lors, un héros va devoir rassembler les six globes magiques qui permettront de le renvoyer dans son cachot une bonne fois pour toutes.

Les tout premiers mots qui fusent de la bouche d'une personne chargée de vous présenter 3D Dot Game Heroes et qui cherche à le définir sont "Zelda like". Et c'est vrai que ce jeu lorgne délibérément du côté des aventures de Link dans son déroulement. On parcourt la campagne, on croise des monstres qu'on occira d'un ou plusieurs coups d'épée, on fouille partout à la recherche d'objets utiles ou de bonus capables par exemple de faire remonter notre barre de vie, etc. Les développeurs de Southpeak Interactive sont même allés jusqu'à permettre de couper les herbes hautes pour y découvrir quelques trésors cachés. Avouez que la similitude est poussée à son maximum. Reste qu'on peut largement choisir pire que Zelda en matière de modèle...

Concrètement,3D Dot Game Heroes enverra le joueur visiter six donjons bien lugubres aux fonds desquels l'attendront six boss tous différents comme un serpent géant qu'il faudra éliminer en commençant par la queue et en progressant jusqu'à la tête. Le héros disposera d'armes comme une épée, un bouclier et un boomerang qui pourront être améliorés. Par exemple, après un petit passage chez le forgeron, l'épée deviendra plus large et plus longue ou encore on pourra installer des lasers sur son bouclier. A l'issue de chaque combat remporté face à un boss, en plus de récupérer un des globes, on obtiendra un sort magique. Citons Parralax qui offrira à son utilisateur la possibilité de dévoiler des passages et des objets invisibles. En tout, les développeurs annoncent une vingtaine d'heures pour terminer la quête principale. Et une fois que le Dark King aura mordu la poussière, les plus acharnés pourront reprendre l'aventure à son début selon deux modes très différents l'un de l'autre. Dans un cas, on ne disposera que d'un coeur au niveau de la barre de vie ce qui s'avèrera cruellement peu. Dans l'autre, le nombre des ennemis doublera et ils seront beaucoup plus difficiles à battre.

Si 3D Dot Game Heroes s'avère très traditionnel dans son contenu et dans son principe, c'est clairement son traitement graphique qui constituera sa principale caractéristique. Imaginez un amoncellement ordonné de pixels représentés en 3D isométrique afin de former les différents décors mais aussi les personnages et des animations réduites à leur plus simple expression. Et là, normalement, vous dites "C'est bien gentil mais je ne me suis pas offert une PS3 pour y faire tourner un jeu qui nous ramène en 1990". C'est légitime mais ce n'est pas tout à fait juste. Car en fait, si on voit effectivement les pixels -et pour cause !- ils sont innombrables et le résultat est suffisamment fin pour qu'on reconnaisse parfaitement les différentes créatures que l'on croise. C'est juste un style graphique assumé par les créateurs. De plus, quelques effets assez pointus viennent effacer tout soupçon de dilettantisme. On pense notamment au flou subtil dans lequel baignent les arrière-plans et qui fait place à une précision irréprochable dès qu'on s'approche. Précisons également que l'ensemble des sources de lumière sera géré afin de générer des ombres portées parfaitement crédibles. Ce jeu paraît donc simple et il l'est mais il n'est pas simpliste.

Qui plus est, cette simplicité permettra aux joueurs de profiter à plein de l'éditeur avec lequel ils pourront créer leurs propres personnages. Cette opération se déroulera dans un cube de 16 pixels maximum de côté. Cela peut paraître peu, mais comme nous l'avons constaté, cela suffit amplement. Avant d'aller plus loin, il faut également savoir qu'on apportera des modifications à l'apparence de base pour constituer, en vrac, la marche, l'attitude de combat, celle que prendra votre personnage au moment où il trouvera un trésor ou quand il sera heureux, etc. Cela peut aller très loin. Par exemple, l'une des créations qui nous a été présentée était un requin. En mode normal, on ne voit que son aileron fendant le sol avec un petit entourage d'eau. Oui, c'est surréaliste quand on est en forêt mais c'est drôle. Quand il attaque, ce personnage semble émerger de l'eau et on voit alors le museau en pointe et toutes les dents de la bestiole. D'accord, ce sont toujours des coups d'épée que distribue le héros, quel que soit son apparence. Toujours d'accord, quand il en est équipé, le personnage laisse voir son bouclier même quand il ne s'agit que d'un aileron de requin. C'est un peu désarçonnant mais l'ensemble reste sympa. D'ailleurs, les plus inventifs pourront trouver des idées qui fonctionnent à fond. En évoquant cela, nous pensons à un loup-garou qui, quand il se déplace, a une apparence humaine et qui, quand il attaque, devient un gros poilu aux vêtements déchirés. Avant d'en finir, précisons qu'il sera possible d'échanger les fichiers de personnages créés avec l'éditeur entre possesseurs du jeu.