A la croisée des chemins d'un Evil Dead 3 : L'Armée des Ténèbres et de Dynasty Warriors, Undead Knights délaisse le héros propre sur lui pour nous balancer trois guerriers ayant soif de vengeance. Un parti-pris sympathique trouvant écho dans la possibilité de diriger une troupe de morts-vivants. Cependant, sous ses dehors décomplexés, Undead Knights tient-il la distance ?
Toutes les histoires se déroulant au Moyen-Age ne débutent pas par "Il était une fois" et ne se terminent pas forcément bien. C'est le cas de celle d'Undead Knights nous contant les déboires de Romulus Blood injustement assassiné par le roi Kirk Gradis après que le preux chevalier eut averti ledit roi de se méfier de son épouse Fatima. Résultat, Romulus mange désormais les pissenlits par la racine aux côtés de son frère Remus et de sa femme Sylvia eux aussi passés de vie à trépas pour l'occasion. Tout aurait pu s'arrêter là sauf qu'une vile créature démoniaque apparaît pour sceller un pacte avec les trois pauvres hères. Ces derniers n'hésitent pas une seule seconde afin de mener leur quête vengeresse et peuvent dès lors commander une armée de morts-vivants pour punir ceux qui ont commandité leurs meurtres. Comme vous pouvez le voir, le point de départ d'Undead Knights est fort réjouissant d'autant qu'il va nous permettre d'incarner des sortes d'antihéros utilisant des moyens peu recommandables pour arriver à leurs fins. Et le moins qu'on puisse dire est que de l'un ou l'autre côté de la barrière, le périple risque vite de se transformer en véritable enfer.
Si à la base, Undead Knights n'est qu'un Dynasty Warriors-like de plus, l'idée la plus réjouissante lui permettant de sortir du lot est de diriger toute une troupe de zombies. Mine de rien, cet élément de gameplay, simple et efficace, remplit très bien son office même si au fur et à mesure des missions, on regrettera que les développeurs n'aient pas poussé plus loin le concept. Quoi qu'il en soit, commençons par le commencement car comme vous le savez, les morts-vivants ne tombent pas des arbres. Non, cette fois, vous devrez au préalable trouver un adversaire avant de le transformer manu militari en soldat docile. Pour ce faire, rien de plus simple. Vous aurez simplement à attraper un ennemi puis à attendre quelques secondes que la transformation s'opère. Si vous êtes pressé par le temps, vous pourrez toujours frapper l'adversaire afin de l'affaiblir, ceci ayant également pour conséquence une métamorphose plus rapide en mort-vivant. Enfin, la méthode la plus rapide pour produire des troupes ne dépassant jamais 10 soldats consistera à utiliser la Colère Infernale. Kezako ? Rien de moins qu'une attaque surpuissante, liée à une jauge, atteignant tous vos ennemis et permettant de transformer automatiquement en zombies les pauvres bougres tombés sous vos coups. Une fois quelques adeptes zombifiés, les joyeusetés pourront alors commencer.
En somme, lorsque vous aurez 10 goules sous vos ordres, vous pourrez vous en servir de plusieurs façons. La première vous permettra de les choper pour vous en servir de bouclier. Pratique contre les archers. Si vous n'avez que faire de subir des dégâts, libre à vous de les balancer pour affaiblir vos adversaires. Ceci vous servira d'ailleurs contre des ennemis plus puissants (boss, lieutenants...) car avant de leur porter des coups, vous devrez les immobiliser en leur jetant trois ou quatre zombies. Ensuite, vous n'aurez plus qu'à les lacérer pour en venir à bout. On regrettera tout de même la rigidité de la méthode vu que pour se défaire de certains ennemis, la Colère Infernale ne vous sera par exemple d'aucun secours. Peu logique même si cet état de fait est surtout pensé afin d'amener un certain équilibre entre les éléments de gameplay. Quoi qu'il en soit, on reprochera également à Undead Knights des rixes tournant très rapidement en rond et basées sur des objectifs peu nombreux et limités. Détruire une porte, éliminer des tours d'archers, venir à bout de tous les ennemis présents, construire un pont humain avec vos zombies pour pouvoir avancer, tels seront vos passes-temps. Bien entendu, le bestiaire s'étoffant au gré de votre progression, les simples fantassins de départ laisseront leur place à des cavaliers, des chiens de l'enfer, de riches seigneurs voire des éléphants de guerre. Une façon comme une autre d'injecter un peu de piment à l'aventure. De même, la possibilité de donner des ordres sommaires (attaquez, détruirez cet obstacle) à vos hommes améliorera l'expérience en la rendant des plus jouissives.
Malheureusement, si l'idée de tenir le rôle du méchant est bonne, on devra se contenter d'une réalisation médiocre et d'une jouabilité peu consistante. Certes, en récupérant des âmes on pourra acheter de nouveaux coups ou booster notre puissance mais ceci n'aura finalement que peu d'intérêt pour la suite. Cependant, le fait de pouvoir changer de personnage entre chaque chapitre sera synonyme de trois héros aux styles radicalement différents. Une bonne chose même si les missions en elles-mêmes resteront strictement identiques. Bref, la rejouabilité étant réduite à l'image de l'aventure solo, on se tournera alors vers les trois modes multi pour 4 joueurs. Le hic est qu'en marge d'une relative complémentarité, on aura vite fait d'éteindre sa console pour passer à autre chose. En effet, entre un Undead Battle, un King Battle et un Survival Race, on éprouvera peu de sensations, le combat restant le moteur desdits modes quelle que soit l'idée directrice. Ceci étant dit, Undead Knights conserve malgré tout un bon capital sympathie. Fun, sans prise de tête mais s'enfermant dans une redite somme toute gênante, le jeu de Tecmo n'en demeure pas moins un bon substitut à Dynasty Warriors plus posé et centré sur une période historique bien déterminée.
- Graphismes10/20
Bien en deçà d'un Dynasty Warriors Strike Force, Undead Knights affiche des graphismes épurés ne faisant clairement pas honneur à la PSP. En parallèle, les animations de nos zombies ou les effets visuels liés à nos attaques spéciales ne dépassent jamais le cadre du "passable". Non pas qu'on en attendait énormément mais malgré tout, le titre de Tecmo pèche clairement par son manque d'ambition graphique.
- Jouabilité13/20
La possibilité d'être à la tête d'une troupe de zombies fait son petit effet d'autant que plusieurs idées rigolotes pimentent nos missions. Néanmoins, si on peut donner quelques ordres basiques à nos morceaux de barbaque, s'en servir de passerelles ou d'armes de jet, les possibilités autour du gameplay stagnent rapidement. On notera également une visibilité parfois réduite et un système de lock un brin capricieux par moments.
- Durée de vie12/20
L'aventure solo est relativement courte mais vous pourrez choisir entre trois modes de difficulté afin d'obtenir un challenge plus ou moins corsé. En sus, le multijoueur, pour 4 petits guerriers en herbe, dispose de trois modes (Survival Race, King Battle et Undead Battle) moyennement passionnants mais à même de rallonger quelque peu la durée de vie du soft.
- Bande son11/20
La bande-son nous assénant des cuivres puissants devient au fur et à mesure de plus en plus usante même si elle se veut adaptée à l'atmosphère guerrière du jeu. De plus, les râles de zombies finissent eux aussi par agacer après quelques heures de jeu d'autant que la gamme de bruitages est des plus limitées.
- Scénario/
On ne peut pas à proprement parler de scénario même si l'histoire servant de pitch à Undead Knights se perd dans les méandres d'une histoire de trahison. Un roi, une famille assassinée, un pacte démoniaque, une vengeance et zou, on obtient un synopsis servant de point de départ à un déballage de tripailles.
Sans renouveler le genre du beat'em all de masse, Undead Knights y injecte suffisamment de sang neuf pour qu'on s'y attarde le temps de quelques parties. Proposant diverses idées sympathiques, le jeu s'en sort grâce à un bon capital sympathie s'étiolant malheureusement à mesure que les heures s'égrènent. En effet, on lui reprochera, outre un mode solo un peu court, ses mécanismes redondants, son graphisme indigne d'une PSP et quelques soucis de visibilité. Toutefois, si vous vous pourléchez les babines rien qu'à l'évocation de Dynasty Warriors, vous pourrez aisément vous laisser tenter par ce jeu atypique nous permettant d'incarner trois êtres revanchards revenus des profondeurs des limbes pour assouvir leur vengeance.