Blur sera-t-il une oasis de simplicité et de fun dans le monde hyper compétitif des jeux de courses ? Son éditeur Activision et son studio de développement Bizarre Creations nous ont permis de nous (re)faire une idée en nous (ré)invitant à brûler un peu de gomme et à froisser de la tôle heureusement virtuelle. Et pour poursuivre dans la référence à des groupes pop britanniques, il fallait que cela se passe à Liverpool, patrie des Beatles...
Voir une Ford GT40 nouvelle génération se manger un rail de sécurité et finir en sculpture abstraite, cela peut vous tirer quelques larmes pour peu que vous soyez un passionné d'automobile. Mais si vous êtes un gamer et que ce sacrilège vous fait sourire, c'est certainement parce que vous jouez à Blur et que c'est vous qui avez envoyé cette superbe voiture pilotée par un adversaire dans le décor. Le postulat de base du nouveau projet de Bizarre Creations, le studio de développement auquel on doit les différents Project Gotham Racing, fonctionne sur un paradoxe intéressant. D'un côté, il y a des voitures plutôt haut de gamme dans l'ensemble et fidèlement modélisées, à tel point que n'importe quel connaisseur sera capable de vous donner leurs petits noms au premier coup d'oeil. De l'autre, il y a les conditions dans lesquelles vont se dérouler les courses où ces bolides seront engagés. Et croyez-nous, sur ce point-là, on nage en pleine science-fiction de manière totalement assumée de la part des créateurs du jeu. En effet, les pistes où se déroulent les courses sont jonchées de "power-up", des attaques spéciales représentées par des icônes lumineuses sur lesquelles il suffit de rouler pour, entre autres, bénéficier d'un bouclier, pouvoir donner un petit coup de nitro afin de refaire son retard ou de creuser l'écart avec ses poursuivants voire des mines qu'on pourra larguer en traître dans un virage sans visibilité. C'est clair, malgré le soin apporté à la modélisation des voitures dans le jeu qui pourrait laisser croire à une simulation, Blur est définitivement un jeu à tendance arcade immédiatement maîtrisable par tout le monde. Mais attention, cela ne veut pas dire qu'un rien d'astuce ne sera pas indispensable pour tirer son épingle du jeu.
En effet, comme les power-up peuvent s'accumuler jusqu'au nombre de trois, qu'on peut passer de l'un à l'autre et qu'il est même possible d'en jeter sans les utiliser histoire de faire de la place à ceux qui pourraient être plus utiles, Blur cache sous son apparente simplicité un aspect tactique surprenant. Exemple-type : tirer un missile sur la voiture qui vous précède, c'est bien. Mais tirer un missile sur la voiture qui vous précède puis enclencher un bonus nitro pour lui ravir sa place pendant qu'il se lance dans une série de saltos, c'est bien mieux. Ajoutez à cela que les voitures subissent des dégâts quand elles tapent un autre concurrent ou une balustrade et que la destruction totale se traduit par une absence de quelques secondes du circuit, donc potentiellement plusieurs places de perdues et vous comprendrez que le qualificatif qui définit le mieux les courses dans Blur soit "frénétique". Et c'est certainement là que réside la grande force de ce jeu : même si on fait rapidement le tour de l'offre et si les grandes lignes du principe ne cassent pas les proverbiales trois pattes du canard, on veut constamment y retourner pour se faire encore et encore cette fameuse "dernière partie, après j'arrête" qui se traduit le plus souvent pour beaucoup d'entre nous par des heures passées devant l'écran voire quelques nuits blanches.
C'est en tout cas ce que nous avons pu constater lors de notre nouvel essai de ce titre. Bien que nous n'ayons pu courir seulement sur quatre circuits (Dock de Los Angeles, Désert, Barcelone et Tokyo) et que les bonus sont toujours disposés à la même place sur chacun des parcours, les épreuves organisées pour être courues à vingt joueurs nous ont toujours réservé leur lot de surprises. Il faut dire que les voitures répondent à des critères de tenue de route, de résistance et de vitesse qui les différencient bien les unes des autres. Et concrètement, un petit coupé très agile qui sera le roi de l'asphalte dans une ville aura toutes les peines du monde à s'en sortir sur un circuit tracé dans la campagne, là où la moindre sortie de route se traduira par un fort ralentissement une fois ses roues dans l'herbe et le sable. Pour ce genre d'exercice, on pourra préférer un 4x4 certes moins rapide mais passant partout pratiquement à la même vitesse.
Vous l'aurez sans doute compris, Blur nous a indéniablement fait l'effet d'un jeu conçu avant tout pour le multijoueur. En ce qui concerne les modes de jeu, sachez qu'on trouvera le Skirmish Racing dans lequel 2 à 10 pilotes s'affronteront en mettant en avant leur talent. Mais, à côté des modes qui reprendront à quelques variantes près le principe de base du jeu, on notera la présence du "Hardcore Driving" qui fera disparaître les power-up des circuits et le "Motor Dash", une forme de combat automobile qui ne sera pas sans rappeler le légendaire Destruction Derby. Le vainqueur sera celui qui sortira de l'arène après avoir envoyé tous ses adversaires à la casse.
Pour en finir avec le pan "hors-piste" de Blur, sachez que les conditions de courses seront entièrement paramétrables, à commencer par la présence ou l'absence de tel ou tel power-up. De leur côté, les voitures pourront être configurées en matière d'agressivité, de résistance ou d'équilibre entre ces deux extrêmes. Certains de ces préréglages déverrouillés durant la partie auront des répercussions stratégiquement très intéressantes comme la capacité de gagner un peu de santé quand on touchera un adversaire. L'un des aspects les plus importants de Blur, c'est son côté communautaire. Au-delà de sa vocation multijoueur, ce côté passera par l'envoi via Twitter de messages annonçant la teneur de vos derniers exploits. Mais, dans le même registre, nous avons plus particulièrement apprécié la possibilité d'envoyer à un ami les conditions d'une victoire que vous aurez remportée afin de le défier. En résumé, si le principe de Blur devrait rapidement montrer tout ce qu'il a à offrir, le contenu s'annonce comme très conséquent.