La série des Yakuza tient une place à part dans le catalogue de Sega : offrant un étrange compromis entre le gameplay d'un GTA et celui d'un Shenmue, la licence a permis à de nombreux joueurs de s'immerger dans l'ambiance de la pègre japonaise. Les deux premiers épisodes PS2 étaient pour l'instant les seuls à avoir fait le voyage jusqu'en Occident. Le spin-off sorti sur PS3 qui nous plongeait dans l'époque féodale n'a en effet pas quitté les côtes du Japon. Ce Yakuza 3 est donc le premier opus à débarquer chez nous sur une console HD. Sega s'est décidé à éditer le jeu dans nos contrées un an après sa sortie au Japon mais la firme s'est contentée du strict minimum en terme de localisation. On se souvient en effet que le premier épisode était proposé en français mais que le second n'était disponible que dans la langue de Shakespeare. Il faudra de nouveau sortir vos dictionnaires d'anglais pour profiter de ce troisième opus : non seulement le niveau de langue requis pourra handicaper de nombreux joueurs, mais cette version occidentale s'est aussi vue amputée d'une partie de son contenu pour alléger le travail de traduction...

Avant de revenir sur les choses qui fâchent il convient tout de même de présenter l'intrigue de ce nouvel épisode. On retrouve une nouvelle fois Kazuma Kiryu, l'ancien chef du Clan Tojo. Après les mésaventures des deux premiers volets, celui-ci n'aspire plus qu'à une chose : décrocher de l'univers des yakuzas et vivre paisiblement. Ceux qui ne connaissent pas encore la série pourront avoir un aperçu des tourments par lesquels celui-ci est passé grâce à un résumé particulièrement complet des deux premiers opus. Kazuma ne fait pas les choses à moitié lorsqu'il s'agit de se reconvertir : il quitte Tokyo en compagnie de la jeune Haruka et part fonder un orphelinat sur l'île d'Okinawa. Les choses semblent bien parties pour notre ami repenti malheureusement pour lui on ne quitte jamais vraiment la grande famille des yakuzas. C'est ainsi qu'il devra jouer des coudes pour ne pas se faire exproprier de son petit havre de paix. Ce qui aurait pu être un simple différent immobilier s'avère finalement avoir des implications un peu plus sérieuses : des politiciens véreux ont eu recours à la mafia pour faire place nette afin qu'une base militaire et un complexe touristique puissent tranquillement s'installer. Kazuma pouvait compter sur un allié de poids : Daigo Dojima, l'actuel chef du Clan Tojo, s'opposait de toutes ses forces à ce projet. Malheureusement, ce dernier se fait tirer dessus dans son propre bureau par un mystérieux individu.

Ces événements forceront Kazuma à rentrer à Tokyo histoire de comprendre qui tire les ficelles de cette sombre affaire. Le scénario vous réserve bien entendu son lot de rebondissements, de règlements de comptes virils et de fantômes arrachés au passé, mais il vous faudra tout de même vous montrer patient avant que l'histoire ne se lance réellement. En effet vous êtes coincé sur Okinawa pendant tout le début du jeu et vos principales activités consisteront alors à arranger les affaires de cœur ou les tourments des petits pensionnaires de votre orphelinat. L'un d'entre eux s'est fait voler son argent de poche ? Il vous faudra retrouver le coupable et faire en sorte qu'il ne perde pas la face devant les autres enfants. Un autre se fait chahuter à l'école ? Il ne vous reste plus qu'à vous expliquer avec son enseignant... Autant dire que durant les premières heures de jeu vous aurez davantage l'impression d'être dans la peau d'une baby-sitter que d'un membre de la pègre. Les choses deviendront heureusement un peu plus intéressantes lorsque vous retrouverez les ruelles malfamées de Kamurocho, ce quartier fictif de Tokyo qui s'inspire très clairement de Kabukicho.

Que ce soit à Okinawa ou à Tokyo, les quartiers que l'on peut visiter sont de taille modeste et bordés de murs invisibles particulièrement agaçants, mais cela n'empêche pas au dépaysement d'opérer. En effet le point fort de la série des Yakuza est de nous plonger réellement dans une ambiance japonaise : de nombreux bars, restaurants ou boutiques en tout genre vous ouvrent leurs portes et un nombre incroyable de mini-jeux ou de quêtes annexes vous attendent. On retrouve le même système de progression que dans les précédents volets : vos objectifs principaux vous sont indiqués sur la carte mais vous êtes à peu près certain que des malfrats vous attendent au moindre coin de rue. Il vous faudra alors les combattre en utilisant si possible des éléments du décor pour leur apprendre les bonnes manières. Encore une fois le système de combat n'a quasiment pas évolué : on retrouve la jauge de santé et celle de fièvre, cette dernière permettant de lancer des attaques spéciales un peu plus spectaculaires. A l'issue de votre affrontement vous recevrez quelques yens ou des objets, mais aussi et surtout de précieux points d'expérience qui vous permettront d'apprendre de nouvelles techniques. Notez enfin qu'il existe désormais une nouvelle façon d'acquérir des coups spéciaux : vous pouvez photographier des situations insolites et les poster sur votre blog pour avoir droit à des révélations qui vous indiqueront comment exploser vos ennemis de façon efficace et originale.

Vous l'aurez compris, ce nouvel épisode des Yakuza vaut avant tout pour son ambiance, mais cela ne l'empêche pas d'accumuler les défauts. Ceux qui découvrent la série auront ainsi sans doute un peu de mal avec le système de combat ou l'animation des personnages qui, vu leur rigidité, peuvent sembler aujourd'hui datés. De la même façon les graphismes ne sont pas réellement dignes des capacités de la PS3 et semblent presque issus des versions PS2. Enfin les fans auront du mal à accepter que cette version occidentale soit amputée d'une partie de son contenu : s'il reste près de 16 mini-jeux à se mettre sous la dent tels que le bowling, le golf, les UFO catcher, la pêche ou même le karaoke, on doit malheureusement faire l'impasse sur le mahjong, le shogi ou un jeu de questions/réponses sur l'histoire du Japon. La fonctionnalité supprimée qui a fait le plus de bruit est naturellement celle qui concernait les bars à hôtesses : les petits coquins qui pensaient draguer à tout va et coacher les belles hôtesses devront se contenter d'aller se rincer l'œil devant les danseuses des bikinis bars. Au final ces quelques coupes n'empêchent pas Yakuza 3 de proposer un contenu très conséquent et de vous plonger une fois de plus dans l'ambiance si particulière de Kabukicho tout en gardant un ton décalé et empreint d'humour. En conclusion le titre reste donc réservé aux fans de la série ou aux nouveaux venus en mal de dépaysement qui seront prêts à fermer les yeux sur la faiblesse technique et sur le manque d'innovation de cet épisode.